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Estrosi : l’ambition du prolongement de la Coulée Verte

Le maire de Nice a décidé de faire face à la difficulté et de prouver à ses opposants et rivaux qu’il était déjà prêt à mener son combat autour des thèmes du logement, de l’aménagement, du développement durable et de la sécurité à Nice, en annonçant ses 15 propositions le 13 février 2014 au sommet de l’hôtel Aston, alors en pleine campagne municipale. Dès lors, l’avant-projet qui avait le plus marqué les esprits, était certainement la prolongation de la promenade du Paillon arrivant jusqu’au quartier Pasteur et ses berges, avec comme objectif de douter la superficie de la Coulée Verte pour atteindre les 2,5 km de long.

Si le désir était de faire de la citée azuréenne la « grande ville verte de la Méditerranée », l’un des projets de l’ex-candidat Estrosi était de faire baisser le taux d’oxyde de carbone de 20% sur les grands  axes de la ville. Finalisant le petit « central park » le 26 octobre 2013, moins de deux ans après son inauguration, Christian Estrosi parlait déjà de son prolongement tout au long du Paillon, de part et d’autres du fleuve, à partir du Palais des Expositions jusqu’à Pont Michel. Martelé comme un symbole de la réduction de la fracture entre centre ville et quartiers, la coulée verte s’est inscrite en plus d’un an comme un lieu de vie à part entière pour les niçois. Au moment où le Premier Ministre Manuel Valls scande son désaveux concernant l’explosion de la fracture sociale, notamment après l’agression dont ont été victimes des agents de police dans le quartier de la Castelane à Marseille, le thème du moment serait justement d’essayer de sortir ces « ghettos » de la misère névrosée dans laquelle certains de nos concitoyens résident.

Mais le facteur économique, symbole clef de la réussite d’une ville sur le plan national, n’est pas à négliger pour le maire, en cette période de disette tant sur le plan touristique que commercial. Également une revalorisation certaine pour les quartiers populaires longeant le Paillon, les autorisations d’urbanisme, les études de marché ainsi que les travaux ont déjà été discutés. Néanmoins, restant à connaitre le « plébiscite citoyen », les riverains de ces quartiers qui bordent le Paillon se devaient d’avoir leur mot à dire.

Pour Jeannine F., mère de famille se promenant régulièrement sur les rives du Paillon, « ce projet pourrait désenclaver les zones populaires de l’est de la ville« , quant aux couts des travaux (ndlr. 300 millions d’euros), elle ajoute « si les collectivités ont décidé d’agir, c’est qu’elles ont de bonnes raisons.  Je trouve qu’Estrosi fait du bon travail pour la ville même si elle est constamment en travaux; le tram c’est bien, la coulée verte aussi, reste plus qu’à aménager la zone« . C’est alors qu’un vieil homme vêtu de blanc se prénommant Charles vint à nous, curieux de voir de jeunes journalistes s’intéresser au quartier dans lequel il a grandit et vécu, lui, le « niçois de souche » comme il dit. « 300 millions d’euros aujourd’hui ! Mais combien demain ? » affirme le grand Charles. Pour lui, « la coulée verte a entrainé moins de circulation dans le centre ville, pourquoi pas chez nous, un quartier avec beaucoup de circulations et de doubles files, où les berges du fleuve sont devenus une décharge publique !« .

Assise sur un banc contemplant le soleil d’hiver, Annie B. voit en Christian Estrosi « un orgueilleux dont le but premier est de faire de l’argent » car selon elle, c’est avant tout « dans une logique commerciale et touristique que la mairie souhaite développer le quartier« . En nuançant sa pensée, la vieille dame ajoute: « ça aiderait des quartiers comme ceux de l’Ariane ou de Pasteur à être plus proche de l’autre monde. Mais 300 millions qu’on pourrait utiliser pour construire des logements sociaux ou en créant des emplois ». 

Pou Florian L., natif de Pau, désormais étudiant à Nice et logeant dans le quartier de Pasteur, chez lui « les rivières on cherche à les protéger, à les mettre en valeur au lieu de bétonner. Ils devraient plutôt penser à rénover la façade des immeubles qui font face au mien, mais s’ils pouvaient limiter le trafic incessant de véhicules, ça serait déjà beaucoup pour les gens ». Observant la scène, Mohamed A. et son ami Michael nous garantissent qu’il est « nécessaire d’aménager la route et les voies principales » car « c’est n’est pas ici que les touristes viendront, même s’ils prolongent la Promenade du Paillon ». Quant à la somme des travaux, « elle devrait être utilisée pour rénover notre lycée ou l’hôpital juste à côté ».

Pas sur que tout le monde soit conquit par le projet Estrosien .. à défaut d’être Haussmannien. Un plébiscite populaire devrait-il être envisagé quant à l’avenir du quartier Pasteur et des zones périphériques? Avec pour horizon la fin de son second mandat, pas sur que le projet aboutisse. Réponse aux alentours de 2020.

 

Propos recueillis par Tanguy Barbancey.

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