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« Indignez-vous » : 3 sujets brûlants

En 2010, l’ancien résistant Stéphane Hessel publiait un manifeste à succès intitulé « Indignez-vous ». Cinq ans plus tard, le slogan est toujours d’actualité. Et il le restera sans doute Ad vitam æternam. Voici une liste, forcément subjective, de trois sujets brûlants qui méritent toute notre attention. Des thèmes d’ailleurs souvent sous-médiatisés.

Climat : c’est maintenant ou jamais

En novembre 2014, le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a rendu son dernier rapport. Les conclusions sont alarmantes.

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent à leur rythme actuel, l’augmentation des températures moyennes à la surface de la planète atteindra 4,8°C à l’horizon 2100.

D’ici 2100, le niveau des océans pourrait s’élever de 98 cm (presque 1 mètre). Si cette prévision se réalise, des territoires entiers seront rayés de la carte. Les Maldives disparaîtront purement et simplement tandis que le Bangladesh, pays de 150 millions d’habitants, verra passer la moitié de son territoire sous le niveau de la mer.

Enfin, il faudrait une réduction de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050, par rapport à leur niveau de 2010, pour maintenir la hausse moyenne des températures en dessous de 2 °C.

Ces chiffres interpellent et questionnent. Non sans consternation, on peut observer que la plupart des dirigeants politiques scrutent en permanence les chiffres de la croissance, sans jamais questionner les fondements de notre modèle économique. Le réel enjeu se situe pourtant sur ce point précis. Le débat, jamais mis sur la table, interroge nos modes de vie, tant concernant la production que la consommation.

En décembre 2015, une conférence internationale sur le climat  se déroulera à Paris. Il est prévu de signer le premier accord mondial engageant les pays industrialisés et les pays en développement dans une action commune contre le réchauffement climatique. Cette réunion s’annonce presque comme l’occasion de la dernière chance. 2 100, c’est demain. Il est urgent d’agir et de mettre les égoïsmes nationaux de côté.

2014 a été l'année la plus chaude de tous les temps

2014 a été l’année la plus chaude de tous les temps

Le scandale de la « délinquance fiscale »

Ces dernières semaines, les scandales liés à l’évasion fiscale se multiplient. En novembre 2014, le « LuxLeaks » éclate. Basé au Luxembourg, ce système massif d’optimisation fiscale concerne de nombreuses firmes transnationales. Puis, en février 2015, vient le tour du « SwissLeaks ». La banque HSBC est impliquée dans une fraude fiscale massive : plus de 180 milliards d’euros ont transité en secret par des comptes de la filiale suisse de HSBC entre 2006 et 2007.

Ces affaires posent la question de l’ampleur de l’évasion fiscale mondiale. En 2012, James Henry, ancien économiste en chef pour le cabinet McKinsey, publie une étude retentissante sur le sujet. Selon ses travaux, la richesse dissimulée dans les paradis fiscaux s’élèverait à 26 000 milliards d’euros. Une somme colossale qui représente 80 fois la dette publique grecque ! Ce montant, qui constitue un énorme manque à gagner pour les Etats, décrédibilise le  discours économique dominant, notamment en Europe, expliquant que les dépenses publiques ou de protection sociale doivent irrémédiablement être diminuées.

Face à ce fléau, l’Europe est loin d’être exemplaire. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s’est retrouvé dans l’œil du cyclone suite au scandale du « LuxLeaks ». Entre 2002 et 2010, lorsqu’il était Premier ministre du Luxembourg, son pays a passé des accords fiscaux avec 340 multinationales, dont Apple, Amazon, Ikea, Pepsi, Heinz, Verizon et AIG, afin de minimiser leurs impôts, privant les autres Etats européens de milliards d’euros de recettes fiscales.

Quant à la France, elle ne fait guère mieux. En décembre 2013, Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie, avait étonnement décidé de rayer Jersey et les Bermudes de la liste noire des paradis fiscaux. Le Français est aujourd’hui commissaire européen aux affaires économiques. Eteindre un incendie avec des pompiers pyromanes n’est assurément pas chose aisée.

Jean-Claude Juncker : président de la Commission européenne, éclaboussé par le "Luxleaks"

Jean-Claude Juncker : président de la Commission européenne, éclaboussé par le « Luxleaks »

Moraliser la finance : l’éternelle procrastination

Après la crise financière de 2008, la plus grave connue par le monde depuis celle de 1929, la plupart des dirigeants politiques s’accordaient sur la nécessité de moraliser la finance. Rappelons que cette crise a précipité la hausse de l’endettement public des pays européens, aujourd’hui sommés de réduire leurs déficits et de mettre en place des plans d’austérité. Les évènements à l’échelle européenne s’avèrent très intéressant sur ce point.

La Commission européenne souhaitait encadrer plus strictement les activités spéculatives des grandes banques européennes. Cependant, en décembre 2014, le nouveau commissaire européen aux services financiers, Jonathan Hill, annonce le probable abandon du projet de loi devant l’opposition des Etats membres. Initialement, cette proposition de réforme structurelle des banques avait été présentée début 2014 par le Français Michel Barnier. Elle visait à limiter les risques pris par les grandes banques de la zone euro afin de ne pas reproduire les erreurs de la crise financière. Elle prévoyait d’interdire aux 30 premiers établissements financiers de spéculer pour leur propre compte sur certains produits et leurs activités risquées pourraient être cantonnées dans une filiale. L’annonce du projet avait donné lieu à une levée de boucliers des banques et des Etats, notamment l’Allemagne et la France. Surprenant lorsqu’on se souvient du François Hollande de janvier 2012 déclarant au Bourget : « Mon adversaire, c’est le monde de la finance ».

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