4% des femmes et 4,1% des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir déjà eu des rapports sexuels avec un partenaire du même sexe, d’après une étude de l’Inserm et de l’Ined publiée en 2008. Des personnes donc « potentiellement à risques » dans le cadre des dons du sang. Mais la situation pourrait bien changer par la voix d’un député PS de l’Isère, Olivier Véran, chargé de mission « filière du sang » par Jean-Marc Ayrault.
Remis ce mardi à Marisol Touraine, ministre de la Santé, le rapport sur la filière sang d’Olivier Véran, député PS de l’Isère, pourrait bien enfin permettre aux homosexuels de donner leur sang, comme tout un chacun. En tout cas, cela a le mérite de remettre le dossier sur la table de la ministre. Faut-il permettre à cette communauté à risque de transmettre une maladie qui la touche particulièrement, le sida ? Le rapport, qui n’est pourtant pas le premier, préconise de mettre définitivement un terme à cette discrimination. Cette fois, il suggère de remplacer le critère « orientation sexuelle » du donneur par « niveau de risque individuel du donneur » dans le questionnaire remis aux candidats. Une subtilité qui a son importance puisqu’elle devient dès lors bien moins discriminante. Car pour rappel, un hétérosexuel est également susceptible d’être porteur du sida, de le savoir ou pas.
Les préjugés ont la vie dure, et pourtant…
Si le don du sang, qui ne connaît aucun substitut, permet de sauver chaque année un million de malades en France, il reste nécessaire que la population se mobilise, dans son ensemble. A partir du moment où les individus sont en âge et en état de donner. Jusque là donc, les homosexuels ne faisaient pas partie de cette population. Un préjugé qui, plus que blessant pour les intéressés, empêche la machine de tourner à plein régime.
De plus, il faut savoir que des analyses sont réalisées sur les échantillons sanguins : groupe sanguin (ABO et rhésus), recherche d’anticorps irréguliers contre les globules rouges, ou encore maladies sexuellement transmissibles (syphillis, hépatites, VIH). Des anomalies qui ne choisissent pas un type de porteur : homme, femme, jeune, moins jeune, hétérosexuel ou homosexuel. Autant dire que la question aurait dû être réglée depuis un moment.
La peur du sang contaminé
En France, 150 000 personnes sont porteuses du VIH. En 2008, 52% des nouvelles contaminations ont été dépistées chez des hétérosexuels. Et même s’il est évident que le don du sang n’est pas un moyen en soi de se faire dépister, il n’en reste pas moins que des tests sont obligatoirement réalisés sur chacun des échantillons prélevés. Souvenirs de l’affaire du sang contaminé révélée en 1991 par la journaliste Anne-Marie Casteret. Cinq ans plus tôt, des hémophiles s’étaient vus injecter des produits sanguins contaminés par le virus du sida. Un scandale qui a permis de revoir les exigences du Centre national de transfusion sanguine (CNTS). Désormais, même si le virus n’est pas détectable dans les premiers jours de l’infection, la sécurité est renforcée. Au moindre doute, la donneur est directement prévenu par courrier et des examens lui sont alors conseillés par un médecin. Pour l’heure, pas trop d’inquiétudes à avoir, car d’après l’EFS, 98% des anomalies détectées sont finalement bénignes.