Les conclusions de la conférence citoyenne, énoncées devant la presse hier, relancent le débat sur la fin de vie. La veille une élue écologiste avait quant à elle, évoqué le suicide de sa mère.
Bordés par une épaisse couverture, allongés sur le lit confortable de la chambre d’hôtel, Georgette et Bernard, tout deux âgés de 86 ans ont été retrouvé immobiles main dans la main, le 25 Novembre dernier. C’est le garçon d’étage qui avait découvert vers 9h30 le matin, que le couple d’octogénaire était décédé dans la nuit. Ils avaient réservés une chambre dans le palace du VIème arrondissement de Paris « le Lutetia », pour y passer leur dernière nuit et s’endormir à jamais. Mais cette scène triste est peu banale. Les deux amants avaient, en effet, choisi de partir dignement en se donnant la mort par étouffement. Retrouver avec des sacs plastiques sur le visage, le couple avait pris soins, avant de partir, de laisser plusieurs courriers en évidence expliquant leur geste. Parmi ces courriers, l’un s’adressait directement au procureur de la république, réclamant le droit à mourir dans la dignité. Aujourd’hui, ce genre d’histoire n’est pas rare, la France est le pays qui compte le plus de suicide chez les personnes âgées. La mort de ce couple avait, il y a quelques semaines, relancé le débat sur le l’euthanasie et le suicide assisté.
Consultation d’un conseil citoyen. A la demande, du Conseil national d’éthique, et du président de la république, un conseil citoyens – panel représentatif de la population française, composé de 18 personnes et sélectionné par l’institut Ipsos – s’est réuni ces dernières semaines. Ils ont rendus leur avis hier, et préconisent de légaliser le suicide assisté et de permettre une mesure d’exception pour l’euthanasie. « La possibilité de se suicider par assistance médicale comme l’aide au suicide constitue, à nos yeux, un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d’une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience ». Pour l’euthanasie, dans la mesure, où elle désigne un acte de mort sans consentement du patient, elle doit rester interdite par la loi, selon le panel. Pour autant, il juge qu’elle peut être permis lorsque « la personnes ne peut rentrée dans le cadre du suicide assisté », et « lorsqu’il n’existe aucune autre solution, faute de consentement ». Mais, le panel propose également de créer un fichier national, où les directives et les dernières volontés de chacun sur le traitement à suivre en prévision de fin de vie.
Marisol Touraine, ministre de la santé, souligne : « le président de la république l’a dit un projet de loi sera présenté d’ici l’été » (promesse n°21 de son programme électoral, NDRL), « je salue la méthode de cette conférence citoyenne. C’est la société qui s’est saisie de cette question, avec des prises de position variées, mais je crois que la société, à travers cette conférence s’engage, montrant une réelle volonté de débat ». Mais cette conférence ne fait pas l’unanimité. Philippe Juvin, chargé de la santé à l’UMP dénonce : « Cette conférence est une tromperie. Qui peut croire que 18 personnes représentent la société française ».
Mobilisation politique. Sandrine Rousseau, vice présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, à révélée, hier, avoir accompagné dans ces derniers instants de vie, sa mère atteinte d’un cancer en phase terminale. Bien qu’ayant prise connaissance des risques qu’elle encoure, l’élue a décidé de témoigner : « Il faut que les gens parlent, c’est indispensable. Cela a été nécessaire pour faire avancer la loi sur l’avortement, par exemple », avant d’ajouter, « si mon témoignage peut être la goutte d’eau qui fera passer cette loi, j’en serai très fière ». Pour Sandrine Rousseau, c’est même une « urgence sociale », les personnes malades doivent partir dans la dignité, laissant à leur proche le temps de leur dire au revoir.
Loi Leonetti. En France, depuis 2005, la loi Leonetti institue un droit au « laisser mourir ». Le texte empêche l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique (obstination déraisonnable), mais permet au patient de demander l’arrêt d’un traitement médical trop lourds, ou par le biais de directives anticipées ou d’une personne de confiance proche du patient. Mais à l’évidence, cette loi ne permet pas de répondre à l’ensemble des préoccupations légitimes exprimées par les personnes atteintes de maladie grave et incurable, d’où la nécessité d’une législation.