Thomas Sankara (1949-1987), ancien président du Burkina Faso, vient d’être exhumé après des années de blocage pour enfin faire la lumière sur son assassinat à Ouagadougou en 1987 lors d’un coup d’État.
Thomas né en 1949 est une icône en Afrique. En effet, ce leader charismatique a représenté l’espoir pour de nombreux Burkinabés et de nombreux Africains. Lors du soulèvement d’octobre 2014 contre Blaise Compaoré, cette icône fut largement évoquée et convoquée.
Il a reçu une formation militaire à l’École Militaire Inter-armée (EMIA) à Yaoundé, au Cameroun, avec son camarade Blaise Compaoré. Avec d’autres, ils vont fonder ensemble le Regroupement des Officiers Communistes (ROC). Thomas Sankara arrive à la présidence du Conseil National Révolutionnaire grâce à un coup d’État le 4 aout 1983. Il met en place par la suite un programme « anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste » selon ses mots. Il prônait l’éthique en politique (la lutte contre la corruption), a favorisé l’alphabétisation et a rebaptisé le pays « Burkina Faso » (pays des hommes intègres ») en lieu et place de l’appellation coloniale Haute-Volta.
Mardi matin, l’exhumation des dépouilles supposées de l’ancien président a débuté dans le cimetière de Dagnoën à Ouagadougou ainsi que celles de ses compagnons d’armes. La foule a entonné l’hymne du Burkina Faso au passage du corbillard. Les enquêteurs y auraient découvert de nombreux ossements et des morceaux de tissus rouges et noirs. Avec ses ossements, ils espèrent reconstitués le squelette de l’ancien président, puis les tests génétiques vont permettre de savoir s’il s’agit réellement de la dépouille de Thomas Sankara.
Cette exhumation était une promesse de l’autorité de la transition démocratique burkinabé comme l’avait annoncé Michel Kafando, président de la transition en novembre 2014 : « Au nom de la réconciliation nationale, j’ai décidé que les investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara seront menées ». Par la suite, des poursuites seront engagées contre les coupables de cet assassinat. Peut-être même que Blaise Compaoré pourrait être extradé du Maroc pour être mis à disposition de la justice. En effet, Blaise Compaoré est soupçonné d’être lié à l’assassinat du président Sankara avec douze autres de ses compagnons le 15 octobre 1987. Ils ont été enterrés dans la plus grande discrétion et le certificat de décès du président stipule qu’il est mort de « causes naturelles ». Blaise Compaoré parlait lui « d’accident » même lorsque le Conseil des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies lui demanda des explications.
L’enquête sur ces assassinats a démarré en mars dernier. Mi-mai, la veuve de l’ancien président, Mariam Sankara, a été entendue par le juge d’instruction militaire chargé de l’enquête. Lors de cet entretien, elle a confirmé la plainte qu’elle avait déposé contre X en 1997. Plainte restée sans suite depuis cette date. D’autres auditions ont également eu lieu.
L’aura de Thomas Sankara est encore très vivace au Burkina Faso. Les partis et associations sankaristes souhaitent d’ailleurs proposer un candidat pour l’élection présidentielle d’octobre prochain : Bénéwendé Sankara (sans lien de parenté avec le président défunt). Avocat de la famille de Thomas Sankara depuis le début, il s’était déjà présenté aux élections de 2005 et de 2010 face à Blaise Compaoré.