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Wayward Pines : mystère sur la ville.

Wayward Pines: where paradise is home

La Fox a lancé mi-mai une série créée par Chad Hodge et le fameux réalisateur M. Night Shyamalan (Sixième sens, Le Village). Intitulée Wayward Pines, cette adaptation d’une trilogie de Blake Crouch est la caution mystère de cette année 2015 puisqu’elle propose une trame à la croisée des chemins, entre les secrets de Lost et l’ambiance de Twin Peaks. En France, c’est Canal + qui a acheté les droits de diffusion.

WHERE PARADISE IS HOME.

Ethan Burke est un agent des services secrets chargé d’enquêter sur la disparition de deux collègues dans la campagne américaine. Victime d’un violent accident de voiture, il se réveille à l’hôpital de Wayward Pines, Idaho et s’aperçoit très vite qu’il ne s’agit pas d’une ville comme les autres. Une infirmière digne d’un épisode de American Horror Story, qui travaille seule dans un hôpital désert, une serveuse paranoïaque qui lui révèle qu’ « il n’y a pas de criquet à Wayward Pines« , des ordinateurs qui ne fonctionnent pas, des voitures extrêmement rares et des routes qui ramènent toujours à la ville : Ethan suspecte très vite le danger et comprend qu’il pourrait ne jamais quitter Wayward Pines.

Aux manettes du premier épisode, on retrouve M. Night Shyamalan renouant avec les éléments qui ont fait son succès – un héros brisé qui se débat contre un mystère tenace à la manière de Sixième sens, une ville isolée dans les bois à la manière du Village – tout en s’offrant un très bon casting. Matt Dillon (Collision) incarne à merveille l’agent Ethan Burke aux prises avec cet environnement angoissant, Carla Cugino (Sin City) qui campe le rôle de la serveuse, son unique alliée, ou encore Melissa Leo (aperçue dans Le Majordome) en inquiétante infirmière. En prime, Terrence Howard, qui crève déjà l’écran dans la série Empire, nous régale dans le rôle du shérif Arnold Pope, peu coopératif et accro aux cônes glacés. Entre l’enquête sur la disparition des deux agents, qui ne tarde pas à prendre une macabre tournure, et l’éclaircissement du mystère qui entoure la ville, la série parvient habilement à attiser la curiosité.

Matt Dillon dans le rôle d'Ethan Burke

Matt Dillon dans le rôle d’Ethan Burke

 

RÈGLE N°I : N’ESSAYEZ PAS DE QUITTER LA VILLE.

La recette est un classique : un héros pragmatique d’abord, de préférence enquêteur cartésien quoique psychologiquement fragile, se retrouve confronté à un univers inquiétant, voire franchement hostile où plus rien ne lui paraît normal. Un environnement clos ensuite, dont tous les habitants semblent connaître le secret et dont tous respectent les règles (au nombre de 7), ce qui n’est pas sans rappeler la cultissime série britannique des années 60 « The Prisoner« , et où l’intrus, « le prisonnier », est le héros – c’est-à-dire l’homme normal que ce nouveau monde rend étranger. La dimension du mystère enfin et c’est sûrement l’ingrédient le plus important puisqu’il ne s’agit évidemment pas seulement de découvrir ce que cachent les habitants, mais bien ce qu’est cette ville, une énigme bien plus complexe qui se voudrait impossible à résoudre. Dès le premier épisode, la trame narrative de Wayward Pines joue avec le flou – sur les identités, on n’est jamais certain de savoir si les personnages sont ce qu’ils prétendent être, et sur la ligne de temps, on ne sait jamais vraiment si l’on se trouve en 2014, plus tard ou plus tôt, on en vient même à douter que les scènes s’enchaînent chronologiquement tant certains passages laissent penser que le montage lui-même cherche à nous éloigner de la vérité. Les connaisseurs de M. Night Shyamalan ne seront pas surpris : les fins de Sixième Sens et du Village, véritables acrobaties cinématographiques, poussaient déjà le spectateur à reconsidérer tout le film sous un nouvel angle.

Difficile de ne pas penser à Lost, le classique du genre, d’autant que la série commence par une référence bien connue des fans, un œil qui s’ouvre sur une pupille contractée. Difficile également d’ignorer que depuis lors, aucun show n’a réussi à mettre la barre aussi haut. Et pourtant, surfant sur le blues qui s’était emparé d’une partie des sérievores d’alors, beaucoup auront tenté leur chance : de Flash Forward, annulé au bout d’une seule et unique saison, à Under the Dome inspiré par le livre de Stephen King en passant par Person of Interest et autres the Leftovers, aucune de ces séries n’a connu le succès des naufragés de l’Île. Que penser du destin de Wayward Pines alors ? Lorsqu’on lui parle de toutes ces références auxquelles ramène immanquablement sa série, Shyamalan répond simplement que, bien qu’il soit flatté par ces comparaisons, sa seule inspiration a été les romans de Crouch dont il a su dès les premières pages qu’il voudrait l’adapter pour la télévision.

Melissa Leo dans le rôle de la Nurse Pam

Melissa Leo dans le rôle de la Nurse Pam

 

ROMAN TELEVISUEL

Les romans de Blake Crouch seraient donc la pierre angulaire de la série et lui permettraient d’offrir, en plus d’un solide scénario, une résolution à la mesure du mystère proposé. Et pourquoi pas ? Le format de la série lui-même, une saison unique de 10 épisodes (un format qu’on appelle la « limited serie »), laisse entendre qu’on ne s’égarera pas en fausses pistes et effets de manche en cascade. L’intrigue dont les créateurs disent qu’elle « devient de plus en plus noir à mesure des épisodes » est donc très resserrée, il se murmure même, parmi les quelques bienheureux qui ont déjà pu voir toute la saison 1 (encore en diffusion aux Etats-Unis) que l’épisode 5 constitue un véritable tournant dans la série et qu’une partie de la vérité – supposée spectaculaire – y sera révélée.

Dans une interview à Variety, Shyamalan n’a de cesse de répéter que « tout sera expliqué », qu’il ne se sortira pas de cette série avec une pirouette de type « en fait, tous les personnages sont morts depuis le début ». On a envie d’y croire car on connait la force des séries adaptées de romans: la rigueur de leur scénario doit beaucoup à l’oeuvre littéraire, celle-ci les éloigne des écueils télévisuels dans lesquelles beaucoup de bons shows finissent par s’engouffrer. Il ne reste donc plus qu’à espérer que l’engouement tiendra par-delà l’épisode 5 et que les brumes de Wayward Pines cachent un mystère digne de ce nom.

https://www.youtube.com/watch?v=_-PiGcU486Q

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