« Faut-il brûler les homos ? » titre la Une de Maroc Hebdo. En photo de couverture, deux hommes se font les yeux doux au bord d’une piscine. Les réactions ne se sont pas fait attendre, déclenchant une vaste polémique dans un contexte où la dépénalisation de l’homosexualité au Maroc fait débat.
Les internautes fustigent la Une de l’hebdomadaire conservateur
À ces propos acerbes, emprunts d’une homophobie criante, les critiques des internautes se sont déferlées. « Faut-il brûler le torchon qu’est ce journal ? » a répliqué l’un d’entre eux. « Scandaleux » fulmine l’association Stop homophobie, pointant le paradoxe d’une telle publication : « L’homosexualité est passible de prison, mais ce genre de couverture peut faire la UNE au Maroc sans craindre aucune condamnation ». L’homosexualité est en effet passible de trois ans de prison au Maroc. Trois Marocains ont été victimes de ce sort le 22 mai dernier, encourant la lourde peine de trois ans de prison ferme. Début mars, ce sont deux autres hommes qui avaient été aussi condamnés à purger cette peine. La loi marocaine considère les actes entre deux personnes du même sexe comme « impudiques ou contre nature » selon l’article 489 du code pénal. Human Rights et Aswat opposent à cette disposition, l’article 24 de la Constitution stipulant que « toute personne a droit à la protection de sa vie privée ».
Faut-il brûler le torchon qu’est ce journal? #shame https://t.co/6JLZIUJ3R7
— Oum Leblog (@unblogunemaman) 12 Juin 2015
Un contexte particulièrement tendu pour les homosexuels du pays
La Une de l’hebdomadaire conservateur fait référence à la récente prise de position du ministère de la Santé. Le débat a été relancé après les fuites dans les médias, du rapport recommandant la dépénalisation de l’homosexualité. Ce rapport, rédigé conjointement par l’Association lutte contre le sida (ALCS), l’Onusida (agence des Nations unies de lutte contre le sida) et le ministère de la Santé, faisait émerger « l’urgence de décriminaliser l’homosexualité » afin d’inciter les personnes atteintes du virus VIH à se faire soigner. Aucune confirmation officielle n’a été faite de la part du ministère depuis ces révélations. Mais le débat bat toujours son plein et l’homosexualité reste difficilement conciliable avec les mœurs du pays. Hormis l’interrogation de Maroc Hebdo, « Mais, quid de la morale et des valeurs religieuses ? », un sondage de « TelQuel » montre que seulement 11 % de la population serait réellement favorable à la dépénalisation de l’homosexualité. Des résultats qui en disent long sur la stigmatisation que subissent les homosexuels dans le pays.
Clarisse Duppré