La filière STAPS est la filière universitaire la plus convoitée, avec la psychologie, avec cette année 33 000 demandes d’affectation de la part des nouveaux bacheliers.
Des chiffres affolants
En juin, à la fin de la dernière phase d’affection sur Admission Post-Bac, 87 000 bacheliers se retrouvaient sans fac pour la rentrée 2017. Parmi eux, 33 000 avaient choisi la filière STAPS. Les Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives comme premier vœu. Seulement, il n’y avait que 17 000 places à pourvoir.
Afin de départager tous les étudiants de manière équitable, les 92 licences soumises à ce problème d’effectif ont dû procéder à un tirage au sort. Les 30 licences de la filière STAPS n’y ont pas échappé.
Ces chiffres peuvent être amortis. Le Ministère de l’Enseignement affirme qu’il existe encore 200 000 places pour accueillir ces étudiants sans offre de formation à ce jour. Mais ces 200 000 places ne sont pas forcément dans la filière recherchée initialement par les condamnés du tirage au sort.
Une jeunesse démotivée
Yohan, 18 ans, a postulé en STAPS dans toutes les facs de Paris et de la région parisienne, ce qui revient à un total de 7 universités. Il avait pour projet de devenir coach sportif. Yohan a pris le temps de s’informer sur la filière et était prêt à combiner le sport avec la biologie et l’histoire entre autre.
« J’ai très mal réagi. J’ai essayé de le prendre avec humour mais j’ai eu un sentiment d’injustice. Je pars du principe qu’on nous a toujours appris à travailler au mérite et maintenant notre avenir se joue au tirage au sort » nous confie-t-il.
A contrecœur, il est forcé de se diriger vers son plan de secours. Le commerce international ne l’intéresse pas autant que le sport et il se désole d’être forcé à faire ce qu’il n’aime pas.
Pallier le manque de place dans la filière STAPS
En juillet, le gouvernement annonçait une coupe de 330 millions d’euros dans le budget de l’enseignement supérieur. La ministre de l’enseignement, Frédérique Vidal, y fait une dérogation pour porter main forte à l’importante affluence des demandes pour la filière STAPS.
Elle promet aux universités offrant la formation de débloquer une somme de 1500 euros par étudiant en plus. Uniquement 12 sur les 42 Unités de Formation et de Recherche STAPS ont accepté. Ce refus est dû à une incapacité pour eux, avec ce budget, de mettre en place un accompagnement et des installations optimales pour les étudiants. Les universités ne souhaitent pas brader leurs formations. Les négociations avec la dizaine d’universités ayant accepté donneront lieu à la rentrée 2017 à plus de 1000 places supplémentaires en STAPS.
La ministre de l’enseignement s’engage à instaurer des prérequis à l’entrée à l’université pour ne plus avoir ce type d’urgence. Le dossier des candidats serait alors jugé en fonction des compétences scientifiques, littéraires et sportives. L’investissement associatif et le projet professionnel des bacheliers seront également des critères. Son but est de supprimer le tirage au sort dès la rentrée 2018.
Faire face aux demandes
Les directeurs et doyens de la filière STAPS tentent de trouver une explication à ce fort attrait pour leur filière. D’une part, ils suggèrent que le discours donné aux jeunes concernant l’université ne convient plus. Penser que l’on réussit forcément en fac n’est plus une réalité. Seuls 40% des étudiants obtiennent leur licence en 3 ans d’après les chiffres du gouvernement. D’autre part, beaucoup semblent penser que la filière STAPS ne dispense que des cours de sport. Cette solution de facilité est l’une des raisons pour lesquelles les STAPS font face à ce souci de places.
L’Unef ne s’accorde pas avec les projets de la ministre Frédérique Vidal. Pour l’association, la sélection ne devrait pas se faire. Au contraire, l’Unef suggère des négociations avec le gouvernement afin d’augmenter les capacités d’accueil en fonction des aspirations des étudiants. Il souhaite débloquer des fonds pour permettre de dédoubler les cours et d’embaucher davantage d’enseignants.