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On a vu pour vous… Chez Nous, le film sur le FN de Lucas Belvaux

Déjà polémique, Chez Nous, de Lucas Belvaux décrit avec minutie les mécanismes électoraux du FN. Un travail documenté et nécessaire.

Avec une sortie prévue le 22 février, Chez Nous , le nouveau long métrage de Lucas Belvaux a l’ambition, assumée, de peser dans les débats qui vont immanquablement parsemer la campagne à l’élection présidentielle. Engagé mais pas militant, le film vise à analyser les mécanismes populistes des partis d’extrême droite, en l’occurrence du Front National, ici appelé Bloc Nationaliste.

Mais c’est quoi déjà… Chez Nous ? Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.

Pauline (Emilie Dequenne, investie et émouvante), qui n’est pas engagée politiquement mais qui est confrontée tous les jours aux difficultés de la vie de ses patients se laisse peu à peu convaincre par le médecin de la famille (subtil André Dussollier, comme toujours) de se présenter à la mairie de Hénart, son petit village du Nord plombé par le chômage et la crise, sous la bannière du Bloc. En 2e position sur sa liste : Agnès Dorgelle (Catherine Jacob), présidente du parti et fille de son fondateur, qui compte sur cette élection gagnée d’avance pour asseoir son succès dans un territoire où ses thématiques trouvent un grand écho.

A lire aussi : Les mythes du vote du Front National

Tout parallèle avec l’élection de Steeve Briois à la mairie d’Hénin-Beaumont en 2014 sur une liste FN où figurait Marine Le Pen n’est évidemment pas fortuite. D’ailleurs, dès la sortie de la première bande-annonce du film, Florian Philippot et les cadres du Front National se sont insurgés d’un film « clairement anti-FN », pointant notamment du doigt une Catherine Jacob incarnant une Marine Le Pen caricaturale.

Outre le fait qu’il soit toujours idiot de parler du message d’un film en se basant sur sa bande-annonce, Chez Nous est loin d’être un brûlot bête et méchant. Au contraire, de manière très documentée (le film emprunte beaucoup au livre Le Bloc, de Jérôme Leroy, qui co-signe le scénario), Belvaux met à jour les mécanismes très efficace d’un parti populiste qui considère la politique comme du marketing, les citoyens comme des clients et qui est constamment en recherche de sang neuf pour grossir ses rangs.

Des anciens de groupuscules néo-nazis ultra-violent (Guillaume Gouix, animal nerveux très convaincant) aux jeunes loups diplômés de grandes écoles, d’une mère de famille au racisme latent (Anne Marivin, dans un rôle difficile) aux adolescents influencés par tout ce qu’ils voient sur internet, Chez Nous parvient à nous dresser un portrait réaliste (et effrayant) du public d’un parti qui surfe sur une morosité ambiante et sur les frustrations de ceux laissés sur le bord du chemin depuis trop longtemps. Catherine Jacob n’est pas plus caricaturale dans son rôle de présidente à la poigne de fer que Marine Le Pen ne l’est dans son rôle de personnage public. Surtout, on y découvre un Bloc Nationaliste machine à gagner, très malin dans sa capacité à convaincre les foules de se dresser les uns contre les autres, telle Pauline, très emphatique et a priori complètement à l’opposé des valeurs du parti et qui pourtant se laisse convaincre d’adhérer aux valeurs que défend Agnès Dorgelle.

Au final, la force du film réside dans le réalisme des relations entre ses différents personnages, plus que dans le fond de son histoire, accessoire et parfois trop dense. On comprend tout de même que Belvaux cherche à balayer un spectre large de thématiques afin de proposer au spectateur un maximum d’informations sur le sujet. Car avant même de raconter une histoire, Chez Nous est une invitation à la réflexion. Ce qui, en soit, ne peut qu’être bénéfique à l’aune d’une élection à hauts risques.

Chez Nous de Lucas Belvaux – En salles le 22 février 2017

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