Comme chaque samedi, VL vous propose le top 100 des Grands Prix de F1 qui ont marqué le XXIème siècle. Cette semaine, on continue avec les places 90 à 81, avec des courses qui impactent l’histoire du Championnat du Monde, plus que jamais.
PLACES 100 à 91 : https://vl-media.fr/formule-1-top-100-des-grands-prix-du-xxi-siecle-places-100-91/
90- Grand Prix des Etats-Unis 2018 : Iceman rugit toujours
Vainqueur : Kimi Raikkönen (Ferrari), devant Max Verstappen (Red Bull) et Lewis Hamilton (Mercedes)
Il ne reste que quatre épreuves dans ce championnat 2018, et le titre des pilotes n’a toujours pas été décerné alors que Lewis Hamilton a alors 67 points d’avance sur Sebastian Vettel avant que le cirque de la F1 parte dans le Texas, sur le Circuit des Amériques. Pour remporter son cinquième titre, Hamilton doit alors remporter ce Grand Prix et l’Allemand doit faire pire que deuxième : c’est déjà une première mission réussie pour l’Anglais en ce week-end texan, puisqu’il signe la pole position et son dauphin, qualifié second, est alors pénalisé d’un recul de trois places sur la grille pour ne pas avoir suffisamment ralenti sous drapeau rouge durant la première séance d’essai du vendredi. Jusque là, le pilote Mercedes a l’avantage.
Mais à l’extinction des feux, c’est une autre histoire : un certain Kimi Raikkonen, héritant de la deuxième place de son coéquipier, va prendre un excellent départ et va surprendre Hamilton à l’intérieur du premier virage et prendre la tête du Grand Prix, et prendra la meilleure stratégie possible pour garder le leadership et aller remporter sa première victoire en F1 depuis six ans, soit 114 courses, et dépassera son compatriote Mika Hakkinen au rang d’unique recordman finlandais victorieux avec 21 victoires à son compteur. Derrière lui, Max Verstappen, auteur d’une excellente remontée depuis la 18ème place, se hissera au deuxième rang et empêchera Hamilton, ayant fait deux arrêts, de remporter son cinquième titre de champion. Quant à Vettel, malgré un tête-à-queue au premier tour qui lui fera tomber jusqu’à la 15ème place, remontera 4ème et ne s’avouera pas vaincu, donnant rendez-vous à Hamilton au Mexique. L’histoire à retenir, c’est le succès de Raikkonen : à 39 ans, le Finlandais reste debout et renoue avec les joies d’une victoire, qui sera la dernière chez Ferrari, et sera très probablement sa dernière en carrière.
Un moment d’émotion magique que tout le paddock de la F1 a applaudit : le vieux lion Raikkonen a encore de belles griffes.
89 – Grand Prix de Bahreïn 2019 : L’Éclosion d’un prince monégasque
Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Valtteri Bottas (Mercedes) et Charles Leclerc (Ferrari)
En ce début de saison 2019, Charles Leclerc est au centre de toutes les attentions : après une saison remarquable chez Sauber, Ferrari signe le Monégasque fin 2018, et tout le monde n’attend que lui pour le voir briller sous les couleurs de Maranello, se demandant si il est capable de rivaliser face à son coéquipier, le quadruple Champion du Monde, Sebastian Vettel. Après avoir terminé sagement derrière ce dernier lors de l’ouverture de la saison à Melbourne, il fallait donc voir Leclerc davantage et observer ce qu’il est capable de faire. C’est à Bahreïn justement qu’il va définitivement éclore aux yeux du monde de la F1…
Première surprise du week-end : non seulement, il domine toutes les séances libres du week-end, mais il signe la première pole position de sa carrière en devançant Vettel de trois dixièmes de seconde et devient le premier Monégasque à s’élancer en tête d’un Grand Prix, à 21 ans, en démontrant que Ferrari a fait le bon choix de le recruter et que la voiture est toujours aussi compétitive. C’est parfait pour lui, mais jusqu’à l’extinction des feux où il rate son départ, débordé par son coéquipier et Valtteri Bottas, mais ne renonce pas : en l’espace de six tours, il remonte sur les deux pilotes et dépasse même Vettel à l’aide du DRS et va creuser l’écart pendant la course pendant que ce dernier se retrouvera en tête-à-queue au 38ème tour, essayant de défendre sur Lewis Hamilton. On pourrait alors penser qu’on se dirige tout droit vers la première victoire de la carrière de Charles Leclerc et le premier succès des rouges cette année-là.
Mais hélas, il lui arrive un malheureux événement au 46ème tour : il se plaint à la radio d’un problème moteur, alors qu’il avait dix secondes d’avance sur Hamilton. Ces dix secondes vont s’effacer rapidement, le Monégasque est au ralenti et ne peut rien faire pour défendre sa première place, il est rattrapé par les deux Mercedes et doit se battre pour garder sa troisième place. Un miracle va alors le sauver dans les trois derniers tours, grâce à une panne moteur de la Renault de Daniel Ricciardo, et lui permettre de décrocher à la fois son premier podium en F1 mais également le prix du pilote du jour. Conscient qu’il a remporté cette course par chance, Hamilton félicitera Leclerc pour sa performance. S’il est passé tout près de son premier succès, ce dernier devra attendre le mois de septembre pour s’imposer.
Mais ce qu’on a appris à l’issue de ce week-end bahreïni, c’est que nous avons assisté à la naissance d’une étoile en F1. Et son nom n’est d’autre que Charles Leclerc.
88 – Grand Prix d’Inde 2013 : Vettel au sommet
Vainqueur : Sebastian Vettel (Red Bull), devant Nico Rosberg (Mercedes) et Romain Grosjean (Lotus)
2013 est une année d’exception pour Sebastian Vettel : après 14 manches et 9 victoires (dont cinq d’affilée !), le triple Champion du Monde est en train de signer sa meilleure saison à ce moment-là, avec une Red Bull plus que performante et possède plus de 90 points d’avance sur Fernando Alonso et sa Ferrari. A l’aube du Grand Prix d’Inde, une condition très simple peut permettre à Vettel de remporter un quatrième titre : terminer devant l’Espagnol de la Scuderia. Rien de plus.
Lors des qualifications, l’Allemand signe la pole position et s’installe paisiblement devant les deux Mercedes de Nico Rosberg et Lewis Hamilton. Alonso quant à lui, ne se qualifie que huitième. Le pilote de la Scuderia est alors dans une mauvaise posture, mais il partira en pneus durs comparé aux trois premiers pilotes de la grille, ayant des pneus tendres et une fenêtre d’arrêt au stand largement plus courte que les pilotes ayant la gomme la plus dure, avec une usure beaucoup plus importante sur ce circuit. Au départ, Vettel sort mais s’arrête au troisième tour de la course et doit remonter depuis la dix-septième place. Alors qu’il voulait prendre l’avantage de ses gommes et devancer le pilote Red Bull, Alonso s’accroche avec Mark Webber au départ, direction les stands pour changer d’aileron avant et repart trois places derrière Vettel.
Ce dernier est très agressif en course et remonte, se retrouvant à la deuxième place après 21 tours et n’a plus que dix secondes de retard derrière le leader qui n’est d’autre que son coéquipier Webber. Il s’arrête pour des pneus tendres et devra s’arrêter à nouveau pour un run en pneus medium qui ne durera que quelques tours, contraint d’abandonner à la suite d’une panne d’alternateur. Le champ est libre pour Vettel qui prend le leadership de la course, marquée par cette incertitude de stratégie qui sera payante pour certains mais d’autres en payeront le prix fort : Kimi Raïkkönen, alors deuxième en fin d’épreuve, est en grande difficulté avec ses gommes et s’arrête, ce qui fera les affaires de Nico Rosberg et son coéquipier Romain Grosjean, ce dernier marque un nouveau podium dans sa carrière tant dis que Alonso va finir hors des points.
En franchissant la ligne d’arrivée en tant que vainqueur et marquant 25 points contre 0 face à son dauphin, Sebastian Vettel devient quadruple Champion du Monde et rejoint Michael Schumacher, Alain Prost et Juan-Manuel Fangio au palmarès des quadruple Champions et plus. Il signe également sa 6ème victoire d’affilée et montera jusqu’à 9 succès de suite, soit 13 victoires sur l’ensemble de la saison. Le sommet d’une carrière, le sommet d’une vie, pour Vettel le Terminator.
87 – Grand Prix du Canada 2008 : La revanche de Kubica
Vainqueur : Robert Kubica (BMW) devant Nick Heidfeld (BMW) et David Coulthard (Red Bull)
Direction le Circuit Gilles-Villeneuve à Montréal pour la septième manche de la saison 2008, marquée par un duel entre Lewis Hamilton et les pilotes Ferrari, rentrés bredouille après leur dernier Grand Prix deux semaines auparavant à Monaco, avec un Felipe Massa qui passera à côté de la victoire suite à une erreur sur la piste et Kimi Raïkkönen se donnant en spectacle, finissant hors des points. Ce duel est arbitré par l’écurie BMW, la sensation de cette nouvelle saison, avec une pole à Bahreïn signée par Robert Kubica et déjà plusieurs podiums à leur actif, troisième force du plateau juste derrière Mclaren. BMW se souvient très bien de la dernière fois que la F1 s’est rendue au Canada : si Nick Heidfeld a terminé second sur le podium en 2007, le moment le plus marquant reste le terrible accident de Kubica, qui aura la chance de s’en sortir indemne avec une douleur au pied et ne manquera que l’épreuve suivante. Cette année, il veut oublier ce mauvais souvenir et va le faire comprendre, en signant une seconde place lors de la séance de qualification, juste derrière Hamilton et devant Raïkkönen.
Au départ, Hamilton profite d’un bon départ et se promènera sur cette première partie de course jusqu’au tour 14 qui verra l’intervention de la voiture de sécurité suite à l’abandon de Adrian Sutil, et la suite va devenir alors une catastrophe pour le pilote Mclaren. Lorsque lui, Raïkkönen et Kubica s’arrêtent dans les stands pour leur premier ravitaillement au 19ème tour, la voie des stands est alors fermée, et doivent attendre le feu vert. Ces derniers se sont arrêtés avant l’Anglais et sont bien rangés sagement côte-à-côte. Mais Hamilton ne voit pas le feu rouge et fonce tout droit sur l’aileron arrière de Raïkkönen, l’une des images les plus marquantes de la saison : les deux pilotes sont out, championnat et course relancés. C’est l’une des rares erreurs de la carrière de Lewis Hamilton. Mais elle a de lourdes conséquences.
C’est alors qu’un enchaînement de leaders va se faire durant une bonne partie de ce Grand Prix suite aux pit stops qui vont arriver, et c’est Robert Kubica qui va en tirer profit puisqu’il prendra la tête de ce Grand Prix au 42ème tour, pendant que son coéquipier Nick Heidfeld est deuxième. Troisième, Fernando Alonso va perdre le contrôle de sa Renault trois tours plus tard en voulant aller chercher la deuxième place. David Coulthard et sa Red Bull vont profiter de la situation pour aller marquer le premier podium de l’écurie depuis le Grand Prix d’Europe 2007, tant dis que Felipe Massa, parti sixième, va assurer les points de la cinquième place et nous offrira un superbe double-dépassement en fin de course face à Heikki Kovalainen et Rubens Barrichello.
En remportant ce Grand Prix haut la main, un an après son accident, Robert Kubica devient le premier Polonais à s’imposer en F1 et apporte la première victoire de l’histoire de l’écurie BMW-Sauber. Non seulement il prend sa revanche, mais en plus il quitte le Canada en étant leader du Championnat, pour quatre points. Il s’affirme assurément comme un candidat au titre. Ce passionné de poker, est tout simplement sorti avec le jackpot.
86 – Grand Prix de Monaco 2019 : Hamilton jusqu’à l’usure
Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Sebastian Vettel (Ferrari) et Valtteri Bottas (Mercedes)
Comme souvent à Monaco, sur ce tracé ou dépasser est si difficile, ce qui compte avant tout pour voir une bonne course, c’est d’assister à un duel d’étoiles : cette édition 2019 a vu un duel intense et peut donc être considéré comme faisant partie des Grand Prix de Monaco qui ont fait l’histoire. Le tout pour son 90e anniversaire et quelques jours après la mort d’une légende, Niki Lauda double vainqueur à Monaco. Ce qui était aussi le cas de Lewis Hamilton, le pilote qu’il est venu chercher en 2012 pour devenir le fleuron de la marque à l’étoile. Souvent maudit à Monaco, le Britannique se présente pourtant en grand favori en tant que leader du championnat mais surtout avec des Flèches d’Argent qui ont signé 5 doublés sur les 5 premières courses, et qui monopolisent aussi la première ligne. Cependant l’évènement des qualifications, est la bourde de stratégie de la Scuderia Ferrari qui n’estime pas nécessaire pour Charles Leclerc de refaire un tour chrono. Il le payera cher puisqu’il s’élancera 16eme.
Tout logiquement, c’est lui qui va faire le spectacle en début de course le lendemain. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur à la Rascasse avec un dépassement sur Grosjean. Le pire aussi à la Rascasse avec un accrochage avec Hulkenberg, lui coûtant une crevaison puis un abandon. Mais surtout cet accrochage provoque le tournant de la course, puisqu’elle occasionne en ce 11e tour, l’entrée de la voiture de sécurité. C’est alors le défilé au stand dans le quatuor de tête, Hamilton-Bottas-Verstappen-Vettel. Mercedes tente la stratégie du double arrêt. Mais avec aussi peu de marge, Bottas est exposé à la concurrence. Son arrêt rapide semble passer, mais Red Bull garé un peu plus loin se précipite encore plus et fait ressortir Verstappen devant Bottas. En forçant le passage toutefois un ”Unsafe Release” (l’équipe relâche alors son pilote dans les stands alors qu’un autre en rentre ou ressort devant lui, ce qui est dangereux). Ceci coute un crédit d’une pénalité de 5 secondes à Verstappen, qui seront ajoutées à son temps de course. Toutefois sur la piste il le sait, si il double Hamilton il a l’espoir de creuser ses 5 secondes d’écart et remporter la course.
Alors un duel intense s’engage. Durant lequel le Britannique va plus user ses gommes. Et durant lequel Verstappen va agir en chasseur. Le requin cherche à manger celui qui ne ressemble qu’à un vulgaire poisson en ce dimanche de Fête des Mères. Il met la pression, mais sait qu’il n’a qu’une véritable opportunité de dépasser. A la Chicane du Port à la sortie du Tunnel. Le Néerlandais, analyse, étudie, prépare, son éventuel dépassement. Il se rapproche au maximum possible dans le pot d’échappement de la Mercedes, à la sortie du second droite du portier, à moins de 3 dixièmes parfois. Mais ça ne suffit pas. Et on se dit petit à petit, tour après tour, qu’il faudra réaliser l’impossible. Au 76e des 78 tours, Verstappen tente l’impossible en intimidant Hamilton à la Chicane du Port, mais l’Anglais encore une fois résiste. Toujours, comme l’insubmersible personne et pilote qu’il est. Faire 66 tours avec ses pneus tendres n’a pas été un problème pour l’Anglais, qui remporte là sa 3e victoire à Monaco. En fin gestionnaire, en homme blindé mentalement qu’il est. Verstappen subit lui le sort de sa pénalité de 5 secondes et doit reculer à la 4e place. Le duel a été grand, intense, mais Hamilton a lui été immense.
85 – Grand Prix du Mexique 2018 : Un 5e titre dans la discrétion
Vainqueur : Max Verstappen (Red Bull) devant Sebastian Vettel (Ferrari) et Kimi Raïkkönen (Ferrari)
Comme en 2017, Mexico restera un cadre historique de la saison 2018 de F1. Car comme 1 an auparavant, c’est ici que Lewis Hamilton va décrocher un nouveau sacre mondial, au terme d’une course qui ne restera pas dans les annales. L’Anglais avait déjà obtenu une balle de match à Austin, une semaine plus tôt, mais n’a pas su la convertir. Au fond tout le monde sait que le Britannique sera champion du monde. Il ne faut en effet que 5 points à marquer pour être titré. Lui rêve plutôt de le devenir sur une victoire. Comme en 2014 ou en 2015. Pourtant tout le week-end, l’homme de Stevenage va être éclipsé. L’altitude et l’usure de la piste semblent plus facilement convenir aux Red Bull. D’ailleurs le duel Ricciardo-Verstappen va éclipser les qualifications. L’Australien soufflant la pôle au Néerlandais. Mais Hamilton a envie de croire au miracle le dimanche.
Mais miracle il n’y aura pas, au prix d’une course assez soporifique, plus stratégique que spectaculaire et des Mercedes jamais aussi larguées qu’elles ne l’ont été en ce dimanche mexicain. Pourtant le Britannique souffle la place de 2e à Ricciardo dès le départ. Mais le rythme de course ne suit pas, et la Mercedes en difficulté sur toutes les pistes à forte température notamment dans la gestion et l’usure des gommes en est encore une fois la victime. Loin de Verstappen, Hamilton va reculer doubler par Vettel, Raikkonen et bien sûr Ricciardo avec facilité. L’Australien qui subira un problème mécanique, privant Red Bull d’un doublé par ailleurs. Hamilton est lui, loin de toutes ses considérations. A 1 minute et 20 secondes de Verstappen. Mais quintuple champion du monde. Après Vettel et Prost, c’est Fangio qui est égalé, à l’issue d’une saison quasi parfaite. Car si cette course du titre ne ressemble pas à la saison du Britannique auteur de 9 victoires et bientôt 11, elle dit quand même quelque chose d’important. Lorsque l’Anglais, n’avait pas les capacités de gagner, il se classait dans le top 5 au pire (hormis son abandon de l’Autriche). Une régularité exemplaire sur 21 GP, que Vettel peut lui envier, alors qu’il avait les moyens d’être champion du monde, nous en reparlerons. Dans cet affrontement de rois, c’est Hamilton qui est devenu empereur pour un 5e joyau sur sa couronne…
84 – Grand Prix d’Espagne 2012 : Le jour ou Pastor est devenu un super-héros
Vainqueur : Pastor Maldonado (Williams) devant Fernando Alonso (Ferrari) et Kimi Raïkkönen (Lotus)
Quatre courses, quatre vainqueurs différents : c’est le bilan de ce début de saison 2012 qui a vu Jenson Button, Fernando Alonso, Nico Rosberg et Sebastian Vettel s’imposer chacun à leur tour, ce qui est une surprise. On se demande alors, si l’un de ces quatre pilotes va s’imposer à nouveau ou si un cinquième pilote différent va s’ajouter à la liste lorsque les pilotes se rendent à Barcelone pour la cinquième manche de la saison. Le circuit de Catalunya n’est pas réputé pour être un endroit où tout peut arriver, mais ne sait-on jamais. Ce qui va arriver en qualifications, montre pourtant le contraire : Lewis Hamilton, auteur de la pole position, va être disqualifié de la séance de qualification à la suite d’une immobilisation de sa voiture dans le tour de décélération, les commissaires accusant Mclaren d’avoir délibérément demandé à l’Anglais de le faire pour ne pas ramener sa voiture au parc fermé avec trop d’essence à bord. La pole revient donc à un certain… Pastor Maldonado, qui au volant de sa Williams, crée la surprise en se qualifiant derrière Hamilton et va donc profiter de la situation pour partir de la pole position pour la première fois de sa carrière. Williams n’est alors qu’une écurie de milieu de peloton à ce moment-là.
Pourtant au départ, il va se faire doubler par Fernando Alonso au premier virage mais en gardant la deuxième position. C’est alors qu’une grande bataille stratégique va se dessiner entre Maldonado et le double Champion du Monde, qui va très vite se ressentir sur la piste et sera la clé principale qui fera le Grand Prix d’Espagne 2012 une course exceptionnelle. Pendant les 66 tours, les deux pilotes vont s’échanger le leadership à coup d’arrêts au stand, et c’est Maldonado qui prendra l’avantage des arrêts après un undercut intelligent lors du 25ème tour, deux tours plus tôt que Alonso, ce qui va lui permettre de prendre la tête du Grand Prix pour ne plus la perdre, même après son dernier arrêt. Alonso essayera de se battre à plusieurs reprises avec le Vénézuelien roue contre roue, à moins d’une seconde, mais en vain. Le retour de la Lotus de Kimi Raïkkönen dans les dix derniers tours, avec des pneus plus frais que les deux pilotes de devant, ne sera qu’une menace sans conséquence. Pastor Maldonado s’en ira remporter sa première victoire en Grand Prix, la première de l’écurie Williams depuis 2004 (8 ans d’attente !), et rejoint deux Champions du Monde sur le podium, qui le soulèvent pour la photo souvenir. Romain Grosjean signe une très belle quatrième place, devant la Sauber de Kamui Kobayashi.
Maldonado est désormais le cinquième vainqueur différent en cinq Grands Prix en 2012, du jamais vu. Mark Webber et Lewis Hamilton le rejoindront en remportant les deux prochaines courses, mais ce qu’il faut retenir c’est que ce jour-là, Pastor Maldonado est entré dans la cour des grands. Forever.
83 – Grand Prix du Brésil 2005 : Alonso met fin à l’hégémonie rouge
Vainqueur : Juan Pablo Montoya (Mclaren-Mercedes) devant Kimi Raikkonen (Mclaren-Mercedes) et Fernando Alonso (Renault)
Si ce rendez-vous du Brésil est le 17e des 19 rendez-vous de la saison 2005, ce n’est certainement pas pour ce qu’il s’est passé en piste. Car le résumé pourrait tenir en réalité en 3 lignes. Sa présence tient plutôt au fait que ce 25 septembre 2005 restera comme une date d’histoire. Elle met fin à la plus extraordinaire des hégémonies de l’histoire de la Formule 1, qui dure depuis le 8 octobre 2000 grâce à Michael Schumacher. Elle inscrit enfin Fernando Alonso, nouveau roi du Paddock sur un trône à part, celui des jeunes précoces.
Seul Kimi Raikkonen peut encore empêcher Alonso de devenir champion du monde. Le Finlandais est l’homme de cette seconde moitié de saison. 3 victoires et 1 quatrième place. Alonso lui a fait dans la régularité, certains détracteurs iront même jusqu’à dire dans le calcul. Alors comme pour leur rappeler leur talent, il signe la pole sur une piste aussi difficile que Interlagos, au sens anti-horaire, une rareté. Malheureusement le lendemain sur une piste fraîche, il ne peut pas grand chose en début de course face aux 2 Mclaren. Montoya vainqueur en 2004, et jouant en quelque sorte devant son public, en tant que sud-américain, vise un nouveau triomphe pour sauver un peu sa saison, ce qui sera sa dernière victoire en carrière. Alors il va s’y atteler et double un Alonso prudent au 2e tour. Celui-ci sait qu’un podium suffit. Avec un bon rythme, mais malgré tout trop juste pour faire mieux, il va assurer la 3e place. Derrière Raikkonen et Montoya, se livrait un duel acharné durant 71 tours. Mais la star c’est Alonso, plus jeune champion du monde de l’histoire à 24 ans, le 1er Espagnol à le devenir. La 1ere fois pour l’écurie Renault. La F1 tourne la page rouge et rentre dans une nouvelle ère. Ce qui valait bien un cri extatique, un cri mythique dans le parc fermé. Chapeau.
82 – Grand Prix d’Italie 2018 : Hamilton par K.O
Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Kimi Raikkonen (Ferrari) et Valtteri Bottas (Mercedes)
Depuis 1922, Monza a toujours été considérée à juste titre, comme l’arène la plus enflammée des pistes automobiles. Cette enflammade peut même aller jusqu’à la démesure lorsqu’un pilote Ferrari est encore en lice pour le titre de Champion du Monde en fin de saison, demandez à Michael Schumacher. D’ailleurs cette possibilité existe largement en 2018. Vettel après sa bourde d’Hockenheim, s’est relancé en gagnant à Spa-Francorchamps facilement. A Monza sur un circuit de moteur ou la puissance du Cheval Cabré est sans égal, c’est ni plus ni moins que le doublé qui est visé pour espérer voir Vettel revenir à moins de 10 points d’ Hamilton au classement. Et comment mieux s’y prendre que monopoliser la première ligne à l’issue des qualifications, qui ressemblent plus à une stratégie d’aspiration avec laquelle il faut être habile. Mais un problème dans la matrice déjà pour les rouges. L’homme en pole n’est pas le bon : c’est Raikkonen et ses 39 ans, lui dont les dirigeants de Ferrari, lui ont exprimé son intention de ne pas renouveler son contrat en fin de saison. Au lieu de Vettel, la star en lutte pour le championnat. Ce qui a don de le mettre en rogne à la radio avec un cinglant “Nous allons en reparler”.
Hamilton sent qu’il y a une faille et l’opportunité de profiter de ses bisbilles. Il ne réalise pas un départ parfait. Mais il vient mettre la pression sur Vettel lui même caché derrière Raikkonen et le double juste avant la 2e chicane, l’Allemand tente de répliquer en résistant par l’intérieur et c’est la catastrophe. Un tête-à queue qui envoie Vettel en dernière position et face à un immense défi, réaliser une remontée d’envergure. Lui qui voyait déjà la victoire promise vient de perdre tout espoir en butant sur son rival pour le titre. Une Ferrari est toujours en tête mais pas la bonne. Surtout, à partir de ce moment, Mercedes se retrouve à 2 contre 1 pour le reste de la course et des stratégies. Cette force-là va être magistralement bien exploitée. Au 20e tour, Hamilton feinte de rentrer au stand, et Raikkonen tombe lui dans le panneau, et chausse des pneus tendres. L’Anglais continue lui huit tours de plus, ressort certes derrière le Finlandais, mais ce dernier vient trouver lui Bottas sur sa route ensuite, qui est sur une stratégie décalée. Le Finlandais se sait exposé aux attaques de Hamilton qui revient comme une balle. Raikkonen sait aussi qu’empêcher un triomphe de Hamilton pour le championnat est essentiel. Vettel remonte vite et fort et se cale en 4e position, ne perdre que 6 points serait un moindre mal plutôt que d’en perdre 13. Au 37e tour, le Britannique tente une attaque en bout de première chicane, mais c’est insuffisant. Au 45e tour, il recommence avec l’aide de l’aspiration et du DRS, et au freinage, sa manœuvre réussit à plus de 350 km/h. Monza se tait alors, c’est le clou définitif sur le cercueil de Ferrari et des espoirs de titre sur Vettel. Hamilton s’impose, Vettel ne fait que 4e et voilà l’écart qui grimpe à 30 points, là où les rouges en espéraient moins de 10 en début de week-end. Un second tournant en cette saison 2018, réalisé par une magnifique coordination de l’équipe Mercedes dans sa gestion de course. Ce tournant est celui de trop, celui du KO.
81 – Grand Prix du Brésil 2018 : Verstappen-Ocon, le feu aux poudres
Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Max Verstappen (Red-Bull – Renault) et Kimi Raikkonen (Ferrari)
Interlagos est une piste qui a la particularité de révéler les grands caractères, les grands cœurs des autres. Car ce circuit avec énormément de dénivelé reste extrêmement particulier à appréhender. Ce qui nous donne souvent du spectacle même lorsqu’il n’y a plus d’enjeu comme en cette fin de saison 2018. Hamilton champion au Mexique (voir la place 85 de notre classement), seul le titre constructeurs, est encore en jeu, mais sans grand espoir pour Ferrari de le décrocher par rapport à Mercedes. Ce qui est intéressant c’est de constater la densité du classement des qualifications : 3 dixièmes entre les Mercedes, les Ferrari, et les Red Bull, on le pressent, le dimanche peut donner une course animée.
Verstappen en ce début de course brésilien est celui qui s’en sort le mieux, Vettel, Raikkonen, Bottas, Hamilton en 20 tours, il les avale tous. Souvent avec le culot rappelant un certain Montoya en 2001. Au bout du virage N°1, au début du S de Senna en descente. Il faut faire preuve et d’un talent et d’un cran monstrueux pour attaquer à cet endroit. Mais assurément Verstappen en dispose. Au point que vu son rythme effréné, on ne voit pas comment la victoire peut lui échapper. Contrairement par exemple aux Ferrari qui se font distancer tour après tour. Et pour faire durer le plaisir, lorsque Verstappen s’arrête aux stands à mi-course, il s’offre le luxe peu après de redoubler Lewis Hamilton toujours au virage N°1. Le public brésilien exulte car avec le Hollandais volant, il en a pour son argent. Mais c’est un évènement impromptu qui va faire basculer ce dimanche pauliste. Au 45e tour, Ocon qui possède un tour de retard souhaite se dédouble de celui-ci en doublant Verstappen. Jusque-là, rien d’anormal. Le souci, c’est qu’il va réaliser cette manœuvre à l’endroit le plus compliqué du circuit, au S de Senna, a l’extérieur qui plus est. Le Français de Racing Point se rate, percute Verstappen. Et l’envoie en tête-à queue, ce qui profite à Hamilton de le redépasser. Le Néerlandais est furieux en témoigne ce doigt d’honneur en repartant. 45 tours de travail ont été fichus à la poubelle.
Il doit alors recommencer son travail de sape avec une RB14 blessée. Revenir, mettre la pression sur Hamilton. Mais ce dernier en opportuniste magnifique qu’il est a flairé le bon coup. La victoire lui tend les bras, et il ne va pas la laisser passer. Pourtant Verstappen sera encore magnifique dans sa remontée, échouant à une petite seconde. Mais il lui a manqué quelques tours à peine, pour pouvoir faire la différence. Indiscutablement, cet accrochage a changé le destin du GP. Mais c’est un fait de course et cela peut arriver, demandez à Montoya sur cette même piste en 2001. Cependant le Néerlandais échaudé, repousse assez fermement Ocon dans le parc fermé. Un accrochage qui a fait le tour de la planète, peut-être aussi responsable de sa non-signature de Ocon dans une écurie de F1 en 2019, car la F1 est un monde impitoyable. Un monde où les plus dominateurs ne gagnent pas toujours. Verstappen dans le rôle de l’attaquant déchu, et Hamilton dans le rôle de l’opportuniste, l’ont bien compris ce soir-là.
Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la suite du Top 100, avec les places 80 à 71.
Rédigé par Vincent Chardac et Thomas Bogeard.