Pour plus d’un Français sur deux, l’utilisation de la torture par décharge électrique se justifie sur une personne qui voulait poser une bombe. Un chiffre qui a largement augmenté depuis la dernière enquête de ce genre, publiée en 2000.
Etes-vous pour la torture contre une personne soupçonnée d’avoir voulu poser une bombe ? Si oui, vous faites partie de la moitié des Français qui se disent favorables à l’utilisation de la torture.
« Acceptation de plus en plus grande de la torture »
L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) a publié un sondage ce mardi, dans la foulée du rapport 2016 sur l’utilisation de la torture dans le monde. Dans ce sondage, plusieurs chiffres sont interpellants. « On se doutait qu’il y avait une acceptation de plus en plus grande de la torture, dans le contexte de la montée du terrorisme, mais on ne se rendait pas compte que l’évolution était aussi dramatique » commente Jean-Étienne de Linares (délégué général de l’Acat) à nos confrères de l’AFP.
Pour 36% des Français « dans certains cas exceptionnels, on peut accepter le recours à des actes de torture ». Le chiffre était de 25% en 2000. Plus significatif : plus d’une personne sur deux, soit 54% des Français, estiment que la torture par décharge électrique peut se justifier si la personne mise en cause voulait poser une bombe prête à exploser. En 2000, « seulement » 34% des Français pensaient que l’utilisation de la torture par envoi de décharge électrique pouvait se justifier. Toujours dans le même sondage, 45% des personnes interrogées pensent que la torture est un moyen efficace pour collecter des informations sur le terrorisme ou prévenir des actes terroristes.
Un Etat sur deux est un Etat tortionnaire
« Par rapport à l’interdit absolu de torturer, les digues cèdent les unes après les autres : acceptabilité plus grande dans l’opinion, discours guerrier, complaisance à l’égard d’États pratiquant la torture comme le Maroc… De renoncement en renoncement, un terreau se met en place et qui sait ce qu’il se passera s’il y a un, cinq, dix attentats de plus » note Jean-Étienne de Linares. Le délégué général de l’Acat déplore également que « les Français ne se rendent pas compte qu’un Etat sur deux est un Etat tortionnaire qui utilise au quotidien ces méthodes pour opprimer ses opposants et faire avouer des suspects de droit commun ». Inquiétant.