D’après une étude menée par les sociologues Louis Chauvel et Martin Schröder, les inégalités entre générations dans notre pays seraient les plus fortes d’Europe. D’après ces deux sociologues, la France sacrifierait ses jeunes, et cela se voit grâce au niveau de vie mesuré par le rapport entre le revenu net et la taille du ménage.
Le niveau de vie relatif des jeunes de trente ans a perdu environ 17%. La génération née en 1975 n’a pas eu la chance de suivre la tendance de croissance des Trente Glorieuses et des générations nées entre 1920 et 1950. Si elle avait pu en bénéficier, elle aurait eu un niveau de vie 30% plus élevé. D’après cette étude, la société française continue de s’enrichir alors que les nouvelles générations de quadragénaires ne progressent plus.
Les pays Méditerranéens se rapprochent de la France sur ces écarts de richesse entre les générations mais de tels niveaux d’écarts ne sont pas atteints. C’est tout le contraire dans les pays anglo-saxons et nordiques qui ne connaissent pas de telles inégalités. Chaque génération a bénéficié d’un même rythme de progression par rapport à la génération précédente. Même en Allemagne où les emplois précaires sont très nombreux, la situation est meilleure pour les jeunes.
En France, chaque nouvelle génération se retrouve devant une situation dégradée par rapport à la génération précédente. Mise à part la montée des emplois précaires, ce qui est surtout criant, c’est la baisse des salaires nets. Et cette situation ne date pas de 2008 et de la récession qui a suivi. La massification scolaire a entrainé une généralisation des niveaux de diplômes et a créé une classe moyenne supérieure dont les salaires sont cependant équivalents à ceux des classes moyennes inférieures.
Les causes de ce déclassement ne sont cependant pas à imputer à tel ou tel gouvernement. Cette crise n’est pas la première et a été de nombreuses fois démontrée. C’est une crise structurelle qui secoue la société française. Le Président Hollande a fait de la jeunesse une de ses priorités mais il paraît impuissant à enrayer le phénomène.