Dans un entretien accordé au Parisien le procureur de Paris, Rémy Heitz, a assuré que les policiers mis en cause dans des violences à l’encontre des « gilets jaunes » seraient jugés. Une déclaration que dénoncent les syndicats de police.
“Je veux être très clair : il n’y a aucune volonté de ma part d’éluder ces violences [policières] ou de les minimiser” a affirmé le procureur de Paris, Rémy Heitz, dans un entretien avec Le Parisien publié jeudi. Ce dernier assure que des policiers mis en cause pour des violences lors de manifestations de « gilets jaunes » seront renvoyés devant la justice.
Lors de cet entretien, le procureur est revenu sur ces six mois de mobilisation des “gilets jaunes”. D’une part, sur les critiques dans sa gestion des gardes à vue des manifestants, et d’autre part, sur son laxisme présumé dans les cas de violences policières.
Depuis le début du mouvement le 17 novembre, 2.448 personnes ont été blessées côté manifestants selon les chiffres du ministère de l’intérieur. D’après Rémy Heitz, l’inspection générale de la police nationale (IGPN) a la charge de 171 enquêtes et trois pour l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).
57 enquêtes déjà terminées
Les investigations sont désormais terminées pour 57 d’entre elles et le parquet doit décider d’éventuelles suites judiciaires. “Il y aura des classements sans suite. Il y aura aussi des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d’ici la fin de l’année.” a assuré le procureur de Paris.
Huit des 57 enquêtes terminées ont déjà “justifié l’ouverture d’une information judiciaire, c’est-à-dire que la poursuite des investigations est désormais confiée à des juges d’instruction.”
Parmi elles, des cas dont on a déjà entendu parler comme la mutilation de Jérôme Rodriguez éborgné probablement par un tir de flash-ball. Ou encore l’incident du Burger King où plusieurs CRS avaient été filmés en train de passer à tabac un manifestant.
Dénoncé par les manifestants et plusieurs ONG, l’utilisation du flash-ball aussi appelé lanceurs de balle de défense (LBD), est mis en cause dans plusieurs dossiers a précisé le procureur. Aucun policier ou gendarme n’a cependant été mis en examen à ce jour, a-t-il ajouté.
Côté policier, ces déclarations ne sont pas passées inaperçu et ont même suscité de vives réactions. Le syndicat de police Alliance dénonce un message qui revient à jeter « en pâture sur la place publique » les forces de l’ordre « après des mois de manifestations très violentes pour lesquelles on a eu besoin des policiers et de leur professionnalisme« . Grégory Joron, secrétaire national CRS pour le syndicat Unité SGP Police-FO, a quant à lui indiqué avoir “l’impression que la justice prend une tournure politique« .
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