Adaptée du roman-enquête journalistique Gomorra -Dans l’empire de la Camorra de Roberto Saviano, la nouvelle série de Canal+, diffusée ce lundi, nous offre une petite virée dans l’univers ultra-violent de la mafia napolitaine. L’occasion de découvrir le vrai visage d’une organisation criminelle largement mythifiée.
Prolonger la saga Gomorra
Stefano Sollima se fait aussi bien metteur en scène que documentariste dans sa nouvelle série. Optant pour un hyper-réalisme saisissant, il plonge le spectateur dans une véritable apnée. Après son immense succès en Italie -des millions de spectateurs captivés- la fiction mafieuse arrive en France sur la chaîne cryptée.
Le livre best-seller de Saviano (qui vit depuis sous protection judiciaire, un contrat planant sur sa tête depuis 2006 en raison des informations qu’il divulgue dans son livre) avait déjà donné lieu à la production d’un film, Gomorra, grand prix du festival de Cannes en 2012, signé Matteo Garone. Mais il y a bien encore de la matière à exploiter d’un livre aussi riche que glaçant.
Histoire de famille, les douze épisodes relatent la vie des membres du clan Savastano dont la domination sur la scène criminelle napolitaine est perturbée par les affrontements avec les autres clans mafieux. Don Pietro, le parrain, son épouse Imma, son fils Gennaro et l’homme de main Ciro évoluent chacun à leur façon dans le bourbier du marché de la drogue.
Ausculter l’univers de la mafia napolitaine
Esprit de documentaire et réalisme radical sont les piliers de la série italienne. Dans le coeur même du quartier délabré de Scampia, le réalisateur dissèque de l’intérieur l’avilissement du système de la mafia napolitaine. Violence insoutenable et gratuite, arrangements nauséabonds et exécutions sommaires sont au programme.
Alternant les points de vue des personnages, le feuilleton formule de nouveaux éclairages au fil des épisodes qui incarnent à chaque fois un nouveau regard sur le monde de la camorra. L’occasion pour le spectateur d’être tenu en haleine et de parcourir l’ensemble des aspects d’un univers complexe.
Le grand mérite de la saga se situe enfin dans sa capacité à s’éloigner des clichés, pourtant souvent fleurissant dans ce genre de fiction. Dans Gomorra, les mafieux ne surjouent pas. Ils n’ont pas de grosses voitures. Ils sont normaux et d’autant plus dangereux. Il se fondent dans la masse des policiers, journalistes et autres politiciens, complices d’une pieuvre truande nourrie de tous les côtés.
A voir le lundi 19 janvier à 20h55 sur Canal+
Antoine Morange