Quelques jours après la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et Washington, Josh Earnest le porte-parole du gouvernement américain a confirmé le plan de fermeture de la prison cubaine de Guantanamo. Depuis son ouverture en 2001 par Georges Bush, la prison fait l’objet de nombreuses manifestations des défenseurs des droits de l’homme.
Une prison sans loi
Le 13 novembre 2001, deux mois après l’attentat des Twins Towers, G.W. Bush encore président des Etats-Unis, autorise la détention de suspects étrangers pendant une durée illimitée sans procès. Le lieu: la base navale de Guantanamo. C’est sa guerre contre le terrorisme. Les Etats-Unis vont même jusqu’à déclarer que l’article de la convention de Genève sur la torture et l’équité judiciaire ne s’applique pas à Guantanamo Bay. Une prison qui devient une zone de non-droit. Seule une commission militaire sera désormais habilitée à juger les prisonniers retenus sur l’île cubaine.
Certains détenus sont restés des années enfermés sans avoir la raison de leur emprisonnement, sans savoir quelle en serait la durée, sans pouvoir communiquer avec le monde extérieur que ce soit leur famille ou des avocats.
Guantanamo et ses détenus en chiffres
Guantanamo aura accueilli sept cent soixante-dix-neuf prisonniers en quinze ans. Aujourd’hui il en reste cent seize, ils seront « transférés » dans d’autres pays. Dans l’histoire de Guantanamo, douze détenus étaient mineurs lors de leur arrestation. Sept détenus ont été déclarés coupables par la commission militaire qui les a jugés. Neuf autres sont morts sur la base, sept se sont suicidés, les autres sont morts de « mort naturelle ». Plus de cent détenus refusaient de se nourrir en 2013 et 2014, ils ont été nourris de force. De nombreux suicides ont aussi été évités. Il est difficile d’obtenir des informations officielles sur les pratiques qui faisaient légion à Guantanamo mais il y a fort à parier que tous les détenus ont fait l’objet de tortures plus ou moins violentes.
Aujourd’hui: que reste-t-il de la prison de Georges Bush ?
Obama a promis pendant ses campagnes de fermer cette prison. « Ma première priorité est de protéger le peuple américain » avait-il déclaré. Fermer Guantanamo est, pour lui, une étape indispensable. Des spécialistes affirment que le djihad recrute dans les prisons et particulièrement dans celle de la baie cubaine. Ainsi, des enfermements de suspects potentiels peuvent menacer les Etats-Unis et augmentent la menace qui plane sur le territoire américain. L’annonce de Josh Earnest est une bonne nouvelle pour les droits de l’homme, pour les détenus dont certains ne connaissent toujours pas la cause de leur enfermement ou y sont depuis l’ouverture soit une quinzaine d’années et enfin pour Cuba. En effet, Raul Castro désire récupérer la base navale américaine qui se trouve sur le territoire de l’île, mais même si la prison devrait fermer ses portes dans les dix-huit mois qu’il reste à Obama, rien n’indique que la Maison Blanche sera prête à sacrifier Guantanamo Bay.