Toulouse a été sacrée « Ville la plus sportive de France » en 2007 par le quotidien sportif L’Equipe. Bien connue pour le géant du rugby, le Stade Toulousain et pour le Toulouse Football Club, la ville rose fait également la part belle au handisport, destiné aux personnes porteuses d’un handicap.
Mardi 2 juin, il est 9h quand nous pénétrons dans le Capitole, la mairie de Toulouse. A l’accueil, nous obtenons facilement les coordonnées du service de presse et du secrétariat de Laurence Arribagé, adjointe au Maire, chargée de la coordination de la politique sportive, des manifestations et des grands évènements sportifs. Sans plus attendre, nous contactons, le service presse afin de recevoir une autorisation préalable que nous n’avons jamais reçue. Néanmoins, nous choisissons de contacter le secrétariat afin d‘obtenir un entretien avec Mme Arribagé. Sans succès, cette-dernière est actuellement en Corse. Nous lui envoyons donc nos questions par un mail qui est resté lettre morte.
Tandis que nous quittons la place principale, Taricq, Toulousain mais Tarnais de naissance, avoue que s’il sait « qu’il existe des disciplines handisports en France (site de la Fédération Française de Handisport), mais pas ici ». Selon lui, la ville doit renforcer le marketing et inciter les individus porteurs de handicap à pratiquer et le public à se rendre aux évènements sportifs. Des propos partagés par Valentina, une étudiante en droit de 22 ans à l’Université Toulouse Capitole. Assise à la terrasse du Papagayo, place Anatole France, cette franco-argentine estime que « c’est du ressort de la ville de développer les infrastructures, et de multiplier les annonces publicitaires pour le handisport ». C’est à cette même terrasse que Benjamin, employé à la mairie toulousaine en fauteuil roulant nous confie qu’il est conscient que « la mairie agit pour le handisport mais que la priorité n’est pas la pratique du sport pour tous », c’est que chacun puisse avoir l’accès à l’ensemble des lieux de la ville rose.
Handi oui mais pas trop !
Arrive l’heure de l’entrevue avec Manon Lombard, chargée du service presse du Stade Toulousain Rugby Handisport, qui nous accorde une longue interview. Elle nous présente ce club créé en 2003 sous le nom de THOM (Toulouse Handisport Ovalie Mixte), et devenu Stade Toulousain lors de son rapprochement avec le club le plus titré de France en 2008. Si elle souligne la participation active de la ville dans le développement de l’handisport, elle pointe du doigt la « baisse significative des subventions de la mairie qui nous ont obligé à diversifier nos moyens de financement ». Le club déjà cinq fois champion de France et auteur du doublé Coupe-Championnat en en 2014 et en 2015 en quad rugby (en fauteuil) et champion de France d’Elite 2 (deuxième division) cette saison en rugby à XIII fauteuil (pour les personnes souffrant de paraplégie) doit « multiplier les partenariats avec des entreprises comme Safran ou Airbus Groupe ou les offres de sensibilisation contre rémunérations ».
Lorsque nous lui demandons si les matchs attiraient du public, elle concède qu’ « il faut cravacher pour que des spectateurs viennent, et nous passons surtout par la quotidien La Dépêche, les journaux gratuits et les réseaux sociaux ». Pour Manon Lombard, la difficulté pour rassembler des joueurs comme des spectateurs dans le premier club de rugby handisport de France, parrainé par le rugbyman Vincent Clerc, « c’est que la mairie nous a réservé les plus mauvais créneaux horaires, le mardi entre 12h et 14h et le samedi à 17h ». Un bilan mitigé pour le rugby handisport qui n’est pas partagé par le football ou le tennis handisport.
Curieux de l’avis les jeunes toulousains, nous nous rendons à l’Université Toulouse Capitole, à quelques pas de la place Anatole France. En dépit du peu d’étudiants, nous parvenons à recueillir les propos de Pierre, 21 ans, étudiant en Master 2 de Gestion Patrimoniale, Manu, Felipe, tous deux en Licence de Droit ainsi que de Ludivine et Clémentine. Si les cinq étudiants nous affirment ne pas connaître l’handisport à Toulouse, seuls les trois jeunes hommes estiment que c’est le rôle de la mairie d’en faire la promotion et d’affûter (ou attirer) la curiosité des habitants.
Handi tennis et Cécifoot, Toulouse dit oui !
Alors que nous nous déplaçons de la faculté vers l’arrêt de métro Jean Jaurès, nous recevons l’appel de Michèle Robert, directrice du Tournoi Internationale de Tennis Handisport Toulouse Balma. Nous lui avions laissé un message vocal pour l’informer de notre intérêt concernant cet événement pour le tennis handisport. Une compétition purement française lors de ses trois premières éditions puis internationale depuis trois ans, « sous l’impulsion de la Ligue de tennis de Midi-Pyrénées et des villes de Toulouse et Balma » d’après Mme Robert.
Quelques minutes avant 16h, nous retrouvons un footballeur en plein cœur de Toulouse. Polo bleu ciel et jean foncé, il nous propose de nous installer à 400 mètres du Capitole sur la terrasse d’un café bordant le Jardin Goudouli. A 27 ans, David Labarre est le capitaine du Toulouse Football Cécifoot et de l’équipe de France. Il est le seul et unique joueur professionnel français dans cette discipline. Natif de Saint-Gaudens, il estime que la ville de Toulouse a beaucoup fait pour développer le handisport. Créé en septembre 2014 et déjà vainqueur de la Coupe de France cette saison, « le TFC a largement bénéficié des efforts produits par la mairie, puisque c’est Mme Arribagé qui a soutenu la création de notre club ». Outre les efforts du Capitole, c’est grâce au club professionnel du TFC que le Cécifoot se fait connaître.
L’handisport se développe à plein régime dans la capitale de Midi-Pyrénées et bénéficie de la volonté affirmée de la mairie de soutenir le sport pour tous. Mais aussi et surtout la passion de ces sportifs de haut niveau porteurs d’un handicap, habités par l’envie de créer, de rassembler et de partager les valeurs du sport.