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Hokusai & Hiroshige : maîtres de l’estampe japonaise

L’époque Edo est, au Japon, caractérisée par le mouvement artistique Ukiyo-e. Ce courant est déterminée par l’estampe japonaise, d’origine chinoise pour le procédé de création ( la xylographie) mais purement japonaise dans les thèmes abordés et les inspirations. Une estampe est un dessin à tirage réduit, imprimé à l’encre, à partir d’une matrice de bois gravée en relief. 

L’estampe japonaise apparait au XVIIème siècle. Les créateurs s’inspirent du monde qui les entourent, ils délivrent une vision du monde propre à leurs idées, mais qui permettra à chacun de s’identifier à ses oeuvres. Le terme Ukiyo est attribuée à l’écrivain Asai Ryoi, il se traduit par « monde flottant ». L’interprète Hayashi le définit par « la vie telle qu’elle se passe sous nos yeux ».

« Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d’érable…ne pas se laisser abattre par la pauvreté…mais dériver comme une calebasse sur la rivière, c’est ce qui s’appelle Ukiyo »

On vous délivre aujourd’hui deux poids-lourds de ce mouvement qui définiront d’une part les codes de l’estampe, mais qui influenceront aussi la vision d’un peuple tout entier quant à l’art.

Katsushika Hokusai – Les 36 Vues du Mont Fuji

Dans la culture populaire, voilà ce qui définirait le mieux l’estampe. Cette oeuvre connue du monde entier, vous l’avez sans doute sûrement déjà vu quelque part. C’est en fait l’oeuvre du mouvement la plus connue.

Katsushika Hokusai naît en 1760 à Tokyo. La production d’estampes japonaises est déjà à son apogée, il arrive au coeur du mouvement. Hokusai n’est autre que le créateur du mot « manga ». Il a inspiré notamment des créateurs occidentaux tel que Van Gogh, Monet ou encore Gauguin, ce n’est pas rien. Il a mis en lumière l’art japonais, ouvrant une porte international à ce mouvement Ukiyo-e.

« La Grande Vague de Kanagawa »

La Grande Vague de Kanagawa, estampe extraite des 36 Vues du Mont Fuji – Katsushika Hokusai

Surnommée La Vague, cette estampe voit le jour en 1831. Le naturalisme est privilégiée a cette période, et Hokusai délivre les Trente-six vues du mont Fuji. On se perd inévitablement dans la grandeur de cette vague, elle donne le vertige et prend énormément de place dans l’estampe. Cette vague est si imposante que l’artiste préfère reléguer le fameux Mont Fuji au second plan, pourtant sacré au Japon, et le propose comme s’il n’était qu’une dune. C’est la démonstration de la colère de l’océan. On assiste au naufrage de trois barques de pêcheurs, complètement pris au piège dans la tempête. 

Hokusai utilise le bleu de Prusse, il occupe 20% de l’estampe. Ce pigment provient d’Hollande, il est bon marché et laisse à l’artiste une totale liberté. Le succès de cette oeuvre est tel qu’Hokusai développera son tirage à 46 exemplaires. 

On sait que Katsushika Hokusai créa au cours de sa vie plus de 30 000 dessins, un artiste productif, déterminé a montrer le Japon tel qu’il est, fier de son pays. On le surnomma « Le vieux fou de dessin ». Voici quelques autres estampes des 36 Vues du mont Fuji :

Utagawa Hiroshige – Les Cents Vues d’Edo

Hiroshige fait partie des derniers très grands noms de l’ukiyo-e. La comparaison entre lui et Hokusai était inévitable, puisque les deux artistes étaient au sommet de leur art, au sommet d’un mouvement qu’ils partageaient. Trois séries d’estampes caractérisent l’oeuvre du japonais : Les Cent vues d’Edo, Les Soixante-neuf Stations du Kiso Kaido ainsi que Les Cinquante-trois Stations du Tokaido. Ces séries seront pendant longtemps comparées aux Trente-six Vues du mont Fuji d’Hokusai. La comparaison se fait, malgré les styles très différents des deux artistes.

« La Forêt du sanctuaire Suijin et la région de Massaki au bord de la rivière Sumida »

La Forêt du sanctuaire Suijin et la région de Massaki au bord de la rivière Sumida, estampe extraite des Cents Vues célèbres d’Edo – Utagawa Hiroshige

Cette estampe est un exemple concret de ce que peut faire Hiroshige. L’estampe voit le jour en 1857. Il s’agit de la 35ème vue des Cents vues célèbres d’Edo. Originaire lui aussi d’Edo, c’est une ville qu’il ne quittera quasiment jamais, il est attaché à ses racines. Bien sûr, le fait qu’il connaisse parfaitement cette région induit le fait qu’il la représentera au mieux dans ses estampes, et c’est ce qu’il fait.

Quoi de plus caractérisant que la fleur de cerisier pour évoquer le Japon ? Dans cette 35ème vue, l’éclosion de cette fleur au premier plan décore un mont Tsukuba mis en valeur à l’arrière plan de l’estampe. Le mont est mystifié par des nuances de brume rose accompagnant sa silhouette bleutée. On aperçoit des bateaux qui naviguent sur la rivière Sumida, référant à la déesse, qui est honoré par un sanctuaire aux creux des arbres à droite de l’estampe.

On remarque l’originalité de cette série, de part son travail sur la verticalité de la composition. Cette série des Cents vues célèbres d’Edo est particulière, Hiroshige s’intéresse moins à l’humain, il l’oublie pour privilégier le paysage en lui-même. Il travaille sur la profondeur grâce à des paysages composées de nombreux plans. Cette 35ème vue en est le parfait exemple. Voici quelques autres estampes des Cents vues célèbres d’Edo :

Cette série est une grande inspiration de Van Gogh, il fit faire deux copies de deux planches de cette série. Le mouvement impressionniste en occident découle en majeure partie de l’Ukiyo-e. Les artistes ayant contribué au mouvement sont donc précurseurs d’autres courants ayant grandement forgés l’histoire de l’Art. 

À lire aussi : Comprendre le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir en 5 minutes

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