Homeland Irak Année Zéro, du réalisateur franco-irakien Abbas Fahdel, est une expérience cinématographique. A l’heure où tout va très vite, ce film nous invite à nous poser près de six heures pour plonger dans le quotidien d’une famille irakienne avant et pendant l’invasion étasunienne de 2003. Un voyage bouleversant…
Une immersion dans une famille irakienne avant et après l’invasion étasunienne de 2003
Homeland Irak Année Zéro est le dernier film du réalisateur franco-irakien Abbas Fahdel, un film rare qui dure presque six heures. Il est composé de deux parties (Avant la Chute ; Après la Bataille), vous pouvez n’en voir qu’une mais il serait dommage de ne pas voir cette œuvre dans son intégralité. Le film a donc été tourné entre février 2002 et mars 2003. Mais le réalisateur a commencé à travailler sur ces images seulement en 2013. Pour une raison que vous comprendrez dans les toutes dernières minutes du film, il lui a fallu de nombreuses années avant de pouvoir revoir ces images. Bien sûr, le réalisateur a demandé l’autorisation à sa famille de pouvoir diffuser ces images, ils ont dit oui en précisant qu’ils ne verront pas le film…
Une fresque irakienne loin des images classiques diffusées par les médias
Dans Homeland Irak Année Zéro, c’est l’Irak de tous les jours que l’on découvre loin des images de territoires bombardés, de Saddam Hussein (même si on l’aperçoit à plusieurs reprises à la télévision), de tanks… On voit l’intérieur de plusieurs familles de toutes les couches sociales de ce pays. Toutes ces familles, pauvres et riches, nous touchent particulièrement puisque la famille est un peu la même partout, c’est un thème universel, on s’y reconnait tellement. Cependant le réalisateur nous dit vouloir d’abord toucher les irakiens et les étasuniens. Avec ce film, Abbas Fahdel souhaite montrer le vrai visage de l’Irak, l’Irak et ses 25 millions d’habitants. Il espère surtout que les étasuniens prennent conscience de ce qu’ils ont fait, il dit aussi ne pas avoir de haine ni de colère sauf peut-être contre l’administration Bush. Abbas Fahdel reste d’ailleurs pessimiste en ce qui concerne l’avenir de son pays. Son souhait s’est pourtant réalisé car lorsqu’il a montré son film aux États-Unis d’Amérique, beaucoup d’étasuniens lui ont fait savoir qu’on ne leur avait jamais montré cette réalité, cette humanité irakienne…
Une expérience cinématographique inoubliable au cœur de l’Irak
C’est un film atypique car il dure presque six heures, loin d’être formaté en une heure et demie. Aujourd’hui, rares sont les réalisateurs qui font des films si longs. Abbas Fahdel nous a fait part de sa difficulté pour arriver au bout de ce projet. En effet contrairement à ses autres films, il a dû avoir toutes les casquettes : réalisateur, monteur, producteur. Son premier montage durait douze heures, le deuxième neuf heures pour enfin arriver à six heures. Il a mis un an et demi pour le réaliser. Ce montage est dynamique, il y a de beaux portraits et on découvre la belle Irak. Bagdad (ses ministères, les bouquinistes, son musée national…), les fleuves qui traversent ce territoire si fertile, son histoire avec la première guerre du Golfe, sa culture. Tout y passe même les violations de droit du régime et celles des étasuniens…
Après la projection, vous sortirez bouleversé par les images, les histoires et la justesse de l’immense travail réalisé par Abbas Fahdel pour nous faire découvrir la vraie Irak. Un chef-d’œuvre.