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Les hommes de l’ombre saisons 1 et 2: Bientôt de nouveau en lumière

La troisième saison de Les hommes de l’ombre sera présentée au Festival de la Rochelle. L’occasion de revenir sur les deux premières saisons d’une série qui a dû s’adapter à un changement de tête d’affiche.

On l’a vu avec le grand écart entre Baron Noir et Marseille. Autant il est difficile de réussir une série politique que le gouffre peut être profond si on se rate. Les Hommes de l’Ombre si elle n’est pas simplement la photographie de la vie politique française est la première série récente à s’être approchée au plus près de la vie des hommes de pouvoir par l’intermédiaire de leurs conseillers en communication. La saison 1 des Hommes de l’ombre n’est donc pas uniquement un récit politique, mais c’est aussi un thriller enlevé, intense, porté par une distribution de choix et superbement réalisé par Frédéric Tellier (L’Affaire SK1). Pour nous immerger dans cette histoire, la série nous plonge dans la campagne présidentielle impromptue qui fait suite à l’attentat qui a coûté la vie au président de la République en fonction. Poussée par Simon Kapita, l’ex conseiller en communication que le gotha politique s’arrache, Anne Visage, secrétaire d’Etat aux affaires sociales, se lance dans la course à l’Elysée pour contrer le premier ministre. Ce dernier se sert de l’attentat contre le président pour créer un climat anxiogène et angler sa campagne sur le thème de la sécurité. Hors l’ancien bras droit de Kapita, est prêt à tout pour dépasser le maître et en acceptant de conseiller le Premier Ministre, il n’hésitera pas à user de tous les coups bas pour faire gagner son favori.

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La conquête du pouvoir

Avec Dan Franck au scénario, secondé par un ancien conseiller de l’UMP, Régis Lefèbvre, Les Hommes de l’Ombre s’attache donc à montrer les coulisses et les méthodes de ces pointures en communication, manipulateurs hors pair, qui s’ingénient à ce que les gens de pouvoir suivent leurs recommandations. Mais là où la série se singularise le plus c’est en dépassant le clivage droite-gauche et en faisant s’opposer deux candidats appartenant au même parti et se battant bec et ongles au centre d’un combat entre communicants. Usant de punchlines bien senties et de dialogues savoureux, rendant la lutte politique totalement accessible aux néophytes, la saison 1 est une implacable réussite grâce à la richesse de sa distribution au premier rang desquels, l’excellent Bruno Wolkowitch joue sur toute une palette d’émotions avec doigté. Face à lui , Grégory Fitoussi confirme qu’il peut aussi être excellent en dehors d’Engrenages et tous les seconds rôles de Philippe Magnan à Nicolas Marié en passant par Abdelhafid Metalsi (Cherif), Valérie Karsenti (Scènes de ménage), Clémentine Poidatz ou Yves Pignot (En famille) existent vraiment avec de vrais personnages à défendre. Au centre de la série, même si elle apparait finalement quelque peu en retrait, Nathalie Baye sert plus de catalyseur à Kapita pour combattre son ancien élève à fleurets mouchetés que comme une personnalité envahissante qui va cannibaliser la série. Rétrospectivement c’est plutôt heureux d’ailleurs que la série ne soit pas centrée sur elle car lorsqu’une saison 2 a été annoncée, Nathalie Baye a souhaité se désengager du projet, prêtant le flanc aux critiques qui stigmatisent ces comédiens qui s’engagent sur des séries sans mesurer l’implication dans le temps que cela demande et obligeant les créateurs à trouver des solutions souvent tarabiscotées pour expliquer pourquoi l’un des personnages principaux abandonne en cours de route.

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L’exercice du pouvoir

Résultat. Près de trois après, lorsque la saison 2 arrive sur les écrans, son personnage a tout simplement disparu. Mais ça ne s’arrête pas là, car en plus de Nathalie Baye, Valérie Karsenti qui jouait le rôle d’Appoline la femme de Kapita a elle aussi quitté la série, tout comme Dan Franck, le créateur de la série. Cette saison 2 qui a donc connu une gestation compliquée, est centrée cette fois sur l’exercice du pouvoir par le président élu. Après les coups bas et autres pressions amicales pour accéder au pouvoir, c’est maintenant les bassesses et autres tractations mesquines pour que chacun parvienne à préserver ses intérêts personnels qui prévalent. Au milieu de tout ça le président doit se débattre dans une grave crise personnelle qui voit son couple battre de l’aile. Si la saison 1 fonctionnait magnifiquement sur l’affrontement larvé entre les deux communicants, Kapita et Demeuze et sur le thriller politique haletant qui se déroulait en arrière plan, la saison 2 part sur tout autre chose. Carole Bouquet remplace Nathalie Baye en tête d’affiche dans le rôle de l’épouse bipolaire du Président. Un personnage qui apparaît au centre de l’intrigue dans les premiers instants mais comme Nathalie Baye en saison 1, elle est finalement plus en retrait qu’on ne pouvait le présager. On s’intéresse par contre de près aux affres que le président Marjorie doit affronter, entre crise internationale et personnelle ainsi que de sérieux problèmes de santé. Si Kapita et Demeuze sont toujours là à se rendre coup pour coup, leur opposition a du mal à perpétuer la tension et la saveur initiale et apparaît du coup presque artificielle. En multipliant les intrigues et en utilisant une narration bien moins resserrée, la série se perd en circonvolutions agaçantes qui, si elles n’empêchent pas l’intrigue d’être efficace, nuisent conséquemment au rythme qui subit un coup d’arrêt par rapport à la saison 1. La qualité des dialogues et des punchlines sentencieuses qui rythmaient la saison 1 laissent la place à des tentatives plus ou moins lourdingues de réitérer la chose, mais les mots d’auteur dès lors qu’on les envisage comme tels sonnent souvent faux.

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Fort heureusement la série conserve un casting qui assure et qui masque un peu les faiblesses du scénario. Carole Bouquet est plutôt à son avantage même si on craint le pire en début de saison mais c’est surtout l’excellent Nicolas Marié dont l’interprétation pleine de justesse est à souligner. Emmanuelle Bach qui succède à Valérie Karsenti est très bien mais son personnage semble avoir fait les frais de multiples réécritures. On regrettera la mise en retrait du formidable Grégory Fitoussi ou du savoureux Philippe Magnan au profit d’une Aure Atika qui fait le job mais dont le personnage n’est pas très utile ou passionnant, bien moins en tout cas que ne l’était en saison 1 l’excellente Clémentine Poidatz. Bruno Wolkowitch est lui toujours aussi bon dans le rôle de Kapita et sa lassitude, sa dégaine fatiguée ainsi que son élégance dégingandée confèrent vraiment une belle humanité à son personnage. Cette saison 2 souffre malheureusement de la comparaison avec la saison 1 et est la preuve que lorsqu’une série subit les aléas des décisions de la production ou des changements de cap, de plumes ou de comédiens, elle ne peut pas toujours faire des miracles. Là en l’occurrence ils s’en sortent avec les moyens du bord en livrant une série bien produite et bien réalisée mais qui laisse circonspect.

On attendra de découvrir la saison 3 pour voir si elle finit par se perdre définitivement ou si elle parvient à remonter à la surface.

Crédit: France 2

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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