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Houellebecq ou l’heureuse soumission à Dieu !

Que penser du nouveau Houellebecq, Soumission, publié dans le contexte sanglant du massacre de Charlie Hebdo ?

Dans son livre, l’auteur dépeint une France atteinte de sinistrose qui doit choisir entre le Front National et le parti des Frères musulmans. Mohammad Ben Abbès est finalement élu et révolutionne le visage du pays.

Le talent de Houellebecq n’est pas à chercher dans son analyse sans doute trop superficielle d’une France adhérant à un islam modéré, puisque la prise de pouvoir de Mohammed Ben Abbès et ces brusques conséquences philico-religieuses sont trop peu crédibles pour faire de Soumission un réel roman d’anticipation.

Cependant, au-delà des fantasmes d’un auteur qui aime surtout dans l’Islam l’idée d’avoir plusieurs femmes pour combler sa misère sexuelle, le roman aborde avec talent la crise morale que traverse l’Occident.

L’homme peut-il vivre sans Dieu ? Le déclin moral de l’Europe semble irrévocable. À travers le personnage de Rediger, Houellebecq s’exprime : « Comment en effet ne pas adhérer à l’idée de la décadence de l’Europe ? Cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine s’est bel et bien suicidée, en l’espace de quelques décennies. »

Une réflexion sur Dieu

Dans Soumission, la prise de pouvoir du parti des Frères Musulmans semble réussir là où la laïcité était tenu en échec : redonner du sens et du symbolisme face au nihilisme grandissant. Plutôt que de voir dans le retour du religieux une régression, Houellebecq paraît l’accueillir comme une suite logique des choses : l’homme a essayé de vivre sans Dieu mais peut-être a t-il échoué. La perte du sacré est-elle un sacrifice trop difficile à supporter ? Peut-on exiger de nous une morale viable sans morale divine ?

À la fin du récit, le narrateur réfléchit à sa propre conversion à l’Islam. Il n’est pas très difficile à convaincre et accueille cette possibilité comme une éventuel source de joie. En concluant le roman par « Je n’aurais rien à regretter », Houellebecq souligne encore cet heureux dénouement. Depuis l’arrivée des Frères Musulmans, la délinquance diminue, la misère sexuelle également, tandis que l’éducation est devenue une priorité. C’est aussi une nouvelle vision géopolitique qui se dessine pour la France, intégrant ses anciennes colonies dans une alliance méditerranéenne où elle jouerait un rôle central.

Mais on s’interroge : pourquoi avoir choisi le titre Soumission ? Cela peut paraître paradoxale puisqu’au fil des pages l’Islam permet une révolution saine et profitable. Dans Soumission, ne faut-il pas surtout voir la soumission à Dieu ? L’échec d’un humanisme qui s’est détourné de Dieu afin de placer l’homme au rang de divinité ? Le titre semble moins faire allusion à l’Islam qu’à une vision déiste du monde.

La réflexion centrale du livre ne porte donc pas sur une France islamisée, mais sur une civilisation européenne qui lutte contre sa propre fin – et pour qui l’inéductable retour du religieux serait à la fois un symptôme et un remède…

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