Maison hantée, cave, labyrinthe ou prison : le huis-clos est le principe scénaristique parfait pour tout film qui se veut angoissant. Qu’attendre lorsque ce lieu fermé est un vaisseau spatial ?
Life est sorti sur les écrans mercredi 19 avril. Cet excellent film de série B appartient à un sous-genre de la science-fiction trop peu souvent exploré : le huis-clos spatial, ou film de vaisseaux spatiaux. L’unité du lieu (ledit vaisseau), ajouté à l’impossibilité pour les personnages de le quitter, en font un cadre parfait à des scénarios claustrophobiques et haletants. En général, on y ajoute un prédateur, une race extra-terrestre ou une intelligence artificielle (ou encore des esprits de l’espace, des clones ou un autre groupe d’humains), pour mieux y pousser les personnages à disparaître un par un, dans d’atroces souffrances évidemment. Retour sur 3 films de vaisseaux spatiaux à absolument avoir vu pour briller en société (quand le sujet apparaît dans la conversation, facile !).
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Sunshine, 2007
Onze ans après Trainspotting, et quelques années après La Plage et 28 Jours Plus Tard, Danny Boyle s’attaque au huis clos de vaisseau spatial avec Sunshine, oeuvre écologiste où brillent Cillian Murphy, Chris Evans (oui, Captain America) et Rose Byrne. Alors que la Terre refroidit dangereusement à cause d’un Soleil en train de s’éteindre, 8 spationautes sont envoyés vers l’astre à bord de l’Icarus II, armés d’une bombe colossale dont l’explosion est sensée relancer la fusion de l’étoile mourante. Mais en s’en approchant, ils captent un message de détresse lancé par l’Icarus I, la première mission de sauvetage, disparue mystérieusement 7 ans plus tôt. Ils décident d’aborder le vaisseau..
Jeu du chat et de la souris tout autant que poésie visuelle autour de l’astre solaire, Sunshine est une nouvelle réussite de Boyle, explorateur engagé de nombreux genres cinématographiques. Trépidant, angoissant, beau, le film vous transporte pendant 1h47 de voyage, aux côtés d’un casting international original et harmonieux. On se noie dans les yeux de Cillian Murphy, toujours excellent dans des rôles de personnages habités par des questionnements profonds. On se souvient qu’il avait déjà été le premier choix de Boyle pour une autre de ses réussites, 28 Jours Plus Tard, qui relança le genre du film de zombie il y a 15 ans déjà. Dans Sunshine, la promiscuité des lieux, les couloirs labyrinthiques, la menace du vide (et du froid) infini de l’Espace, et un ennemi dont on n’est jamais sûr qu’il soit bien réel cochent toute les cases du film de vaisseau spatial. Boyle se permet même l’audace d’y inclure un message écologiste, dans un monde où l’humanité est menacée de mort par un changement climatique important. Le même que nous connaissons aujourd’hui avec le réchauffement de la température de la planète, à cause des gaz à effet de serre principalement produits par la pollution de l’Homme. Boyle est un réalisateur de film de genre doublé d’un humaniste réfléchi : si vous aimez son film, vous aimerez son message !
Pandorum, 2009
Vous avez déjà entendu parler de Pandorum ? Non ? Eh bien il semblerait que ce soit normal, tant le film est passé inaperçu lors de sa sortie en 2009. Sorti dans l’indifférence générale fin septembre de cette année-là, le film a récolté un maigre 20 millions $ aux Etats-Unis (la moitié du prix de son budget de production, un échec patent), et un honteux 32 000 entrées en France. Le seul véritable argument promotionnel du film étant, outre un Dennis Quaid vieillissant, « Un film produit par le réalisateur de la saga Resident Evil« , Paul S. Anderson (à ne surtout pas confondre avec le génial Paul Thomas Anderson, PTA pour les intimes, le génie derrière Magnolia, There Will Be Blood ou encore l’incroyable Inherent Vice), on ne peut jeter la pierre au public d’avoir été méfiant. Grand mal leur en a pris.
Il serait criminel de révéler les nombreuses surprises du film, aussi se contentera-t-on de dire que le cahier des charges du huis-clos spatial est largement rempli. Thriller haletant, frôlant parfois l’horreur, Pandorum est porté par le talent toujours trop rare de Ben Foster, acteur précieux et caméléon, capable de tout jouer, d’un ange mutant dans la saga X-Men à Lance Armstrong dans le biopic que Stephen Frears lui a consacré, The Program. Face à lui, Dennis Quaid, que l’on a toujours autant de plaisir à voir jouer dans des films de science-fiction, lui qui a marqué l’histoire du genre dans l’Aventure Intérieure, Le Jour d’Après, ou les 80’s cultes Enemy et Dreamscape. Sans temps mort, plongeant peu à peu son spectateur dans la panique la plus totale, Pandorum est un petit plaisir coupable pour les amateurs du genre. Courez le voir, vous nous direz si on s’est trompé.
2001, L’Odyssée de l’Espace, 1968
Pour ce 3e film, nous avons sélectionné pour vous une matrice du genre du huis-clos spatial, un modèle devenu mètre-étalon du genre, que tous les films suivant copieront, citeront, ou dénonceront. Longuement nous avons hésité avec Alien, le 8e passager, le 2e long métrage d’un jeune réalisateur britannique de 42 ans, Ridley Scott, qui révolutionna la science-fiction au cinéma. Certes, Alien est LE huis-clos spatial, qui a posé les bases solides du genre, en exploitant à merveille les contraintes d’un lieu réduit en y accolant une ambiance paranoïaque, poisseuse, et une créature depuis tombée dans la mythologie, l’Alien. Mais ce serait oublier l’incroyable modernité d’une œuvre qui fêtera son demi-siècle l’an prochain, une révolution là-aussi, mais qui dépasse le simple cadre de la science-fiction.
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Chef-d’œuvre aussi bien sur le plan technique qu’artistique, 2001, L’Odyssée de l’Espace est un poème philosophique traversé d’envolées mystiques, psychédéliques même, et qui créé un miroir entre l’infinité de l’Espace et celle de l’Homme. Pourtant, ces considérations métaphysiques presque étourdissantes sont subtilement mêlées à un scénario haletant, une lutte entre l’homme et une intelligence étrangère dont le théâtre, le vaisseau Discovery One, fascine autant qu’il inquiète. Parce que près de 10 ans avant Star Wars et les débuts d’ILM, Stanley Kubrick s’entoure de techniciens de génie, venus parfois directement de la NASA, pour créer un monde et un vaisseau spatial ultra-réalistes. Même avec les effets spéciaux numériques modernes, jamais on a vu au cinéma un monde futur aussi réaliste. Impossible de décrire la puissance visuelle, l’incroyable harmonie des images avec la bande son, l’intensité presque physique du voyage qu’est cette Odyssée sans l’avoir expérimenté. Il n’est pas toujours aisé de se faire happer à ce point par un film, aussi pour vous y aider, quelques conseils : 2001, L’Odyssée de l’Espace est un film qui se regarde sur le plus grand écran possible, le son haut, le téléphone coupé, et sans interruption. Tentez l’expérience, vous nous remercierez.