Le président semble vouloir faire de cette expression un leitmotiv dans sa course à la réélection. Un site web de soutien à son action – « notreideedelafrance.fr » – a été lancé mardi.
Toujours pas officiellement déclaré, François Hollande dessine les contours de sa probable candidature à l’élection présidentielle de 2017. Et toute bonne campagne passe par une phrase forte, une marque qu’on retient aisément et qui résume le projet porté. C’était « La force tranquille » de Mitterrand ou « La France pour tous » de Chirac. Tout porte à croire que l’actuel occupant de l’Elysée a arrêté son choix sur « Notre idée de la France ».
En témoigne le site Internet « notreideedelafrance.fr », mis en ligne cette semaine. Selon Le Figaro, la plateforme de défense du quinquennat écoulé est gérée par les équipes de Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Avec deux objectif affichés : « donner tous les éléments nécessaires pour expliquer les choix qui ont été faits » et « confronter différents projets de société ». Outre la traditionnelle promotion des réformes prises par la gauche, le dessein ne reste pas moins de soutenir un nouveau mandat du chef de l’Etat.
« La France est bien plus qu’une identité, c’est une idée »
L’axe de la campagne qui s’annonce joue l’opposition frontale avec une primaire de la droite très axée sur le thème de l’identité. Le président en a posé les jalons dans un discours sur « La démocratie face au terrorisme », prononcé salle Wagram le 8 septembre dernier. « La France est bien plus qu’une identité, c’est une idée, c’est un projet, c’est une ambition, qui fait de la France un pays singulier, regardé, espéré dans le monde. C’est cette idée, l’idée de la France, qui doit nous mobiliser et que nous devons porter ».
Le lyrisme de François Hollande emprunte une célèbre formule du général De Gaulle. Dans ses Mémoires de guerre, l’Homme du 18 juin s’exprime en ces termes : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France ». Par-delà la référence à l’une des personnalités les plus populaires de l’Histoire de France, c’est un moyen idéal d’exalter la grandeur d’un pays qui serait voué à un destin exceptionnel.
Le patriotisme reste encore un puissant élément d’adhésion des foules. Aussi ce slogan a l’avantage sinon de préserver le flou sur la définition qu’on veut bien lui accoler, au moins de permettre l’identification du plus grand nombre. Et l’ « idée » sous-entend une projection vers l’avenir, un idéal vers lequel tendre. Les promesses non-tenues demeurent dans l’ordre des possibles avec ce concept. Du point de vue de l’image, l’ex-premier secrétaire du Parti socialiste endosse le rôle du président au-dessus des clivages partisans, imitant ses prédécesseurs sous la Ve République.
Hollande, Sarkozy : même tournant
Comme Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, François Hollande se tourne vers un concept résolument défensif à l’approche de sa course à la réélection. L’ex-chef de l’Etat avait délaissé « Ensemble tout devient possible » pour « La France Forte » dans un contexte de crise économique mondiale. À son tour, François Hollande abandonne le renversement de table promis par « Le changement, c’est maintenant ». « Notre idée de la France » nait dans un climat de menace terroriste permanente.
Pour l’heure, le président n’a toujours pas annoncé clairement sa volonté de rempiler pour un second quinquennat. Sa déclaration de candidature devrait intervenir en décembre, un mois avant la primaire socialiste des 22 et 29 janvier 2017. Mais la publication des derniers chiffres du chômage – en hausse de 1,4% en août, ne fait pas les affaires de celui qui a lié son sort à l’inversion de la courbe de ce mal français.
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