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Il est impératif de poursuivre le mouvement de modernisation de l’université

Direction Outre-Atlantique où Mikå Mered, Président et co-fondateur du think tank Génération Expat nous projette au coeur de l’enjeu fondamental que représente la formation des élites dans un monde en mouvement. Actuellement étudiant-chercheur en prospective économique à l’Université Columbia, il nous dévoile son pari sur l’avenir pour encourager l’entrepreneuriat au sein de l’enseignement supérieur hexagonal.

1 / Quelles sont les qualités requises pour piloter une Pépinière Junior-Entreprise ?

Mikå Mered: Cette question est plutôt traître car elle tend à réduire le bon Junior-Entrepreneur à un certain profil-type. Or, qu’il s’agisse d’entreprendre soi-même ou de piloter une pépinière de jeunes entrepreneurs, le champ des « bonnes » qualités — pardonnez-moi ce pléonasme — est aussi vaste que la diversité des objectifs et des possibilités d’un projet entrepreneurial. Dès lors, comment ne pas enfoncer des portes ouvertes en disant qu’écoute, audace, ouverture et adaptabilité sont les qualités incompressibles pour mener à bien ce type de projet?

2/ Comment et par quels nouveaux projets, les universités pourraient permettre aux étudiants d’être plus à l’aise avec le mot « Entreprendre » ?

MM: Dans une France idéale où l’entreprise et l’université parvenaient à s’imbriquer au maximum dans un objectif de synergies, l’université serait suffisamment flexible et audacieuse pour devenir le cœur de projets entrepreneuriaux et de recherche appliquée de grande envergure. Le tort principal de l’université, notamment face aux instituts professionnalisants, aux écoles de commerce intégrées et aux programmes en alternance, est qu’elle n’est pas structurée pour conduire l’étudiant à initier puis à mener un projet entrepreneurial. Ceux qui suivent cette voie se retrouvent souvent en marge de leur administration et parlent d’un parcours du combattant.

Pour remédier à cela, l’université doit passer par une profonde réforme structurelle et culturelle. Il n’y a qu’en s’attelant à répondre à ces enjeux que l’université pourra redevenir le socle de notre développement économique. Seulement, il ne faut plus avoir peur de parler de privatisation des financements, de sélection, de refonte de filières ou encore de pôles universitaires intégrés. Il est impératif de lever ces tabous culturels et de poursuivre le mouvement de modernisation de l’université engagé par la réforme sur l’autonomie des universités (loi LRU) et le Plan Campus.

3/ Quelles dynamiques collaboratives entre la recherche, l’enseignement supérieur et l’entrepreneuriat souhaiteriez-vous encourager ?

MM: Extension de ma remarque précédente, les dynamiques collaboratives entre ces trois maillons d’une même chaîne doivent englober un volet administratif, financier, mais surtout géographique. Et dès lors, naturellement, quoi de plus efficace que la création de « maisons de l’entrepreneuriat » au sein de chaque pôle universitaire ?

En effet, en collaboration avec les partenaires privés de l’université, des missions locales, des pépinières junior-entreprises, et les pouvoirs publics, l’université pourrait ainsi guider l’étudiant ou étudiant-chercheur dans son projet après l’avoir évalué et adapté aux réalités du marché ciblé.

D’un point de vue financement, c’est à travers l’université et donc ces « maisons de l’entrepreneuriat » que doivent se développer les Youth Banks — sortes d’Oséo pour entrepreneurs juniors — lesquelles doivent permettre aux primo-entrepreneurs d’avoir accès aussi bien à du capital public qu’à des venture-capital ou des business angels. En somme, dans une logique de gains de temps, de personnel, et de simplification des démarches, quoi de plus efficace qu’une « maison de l’entrepreneuriat » — ou au moins un « guichet junior entrepreneur »?

4/ Quel regard portez-vous l’expérience d’universités suisses comme l’EPFL qui permettent à des jeunes de démarrer une activité protégée et aidée par la Confédération helvétique au milieu d’une ambiance véritablement stimulante ?

L’initiative de l’Ecole Polytechnique de Lausanne est le genre de modèle à appliquer en France. Toutefois, il ne faut pas se priver d’aller plus loin en provoquant toujours plus d’intégration entre les différents maillons de la chaîne sans limiter les bénéficiaires d’un tel environnement aux seuls étudiants de l’université en question. Un des pires freins à l’entrepreneuriat massif est le sentiment de devoir être coopté pour trouver de l’aide et des financements, et en cela, la logique des « maisons de l’entrepreneuriat » telle que je l’ai décrite précédemment est de servir de base aux étudiants et étudiants-chercheur d’un pôle universitaire, mais aussi aux entrepreneurs et PME extérieurs pour s’attacher les services d’une équipe de recherche ou de consultants juniors.

Plus d’infos sur Mikå Mered :

Président et co-fondateur, Génération Expat

CEO chez Polariis Advisory Services, une société de conseil en risques politiques internationaux et stratégies d’investissement dans les régions polaires (cercle Arctique & Antarctique), Mikå est également étudiant en théorie politique et relations internationales à Columbia University (New York). Il est membre du Council for European Studies. Spécialisé en scenario-planning militaire, économique et politique appliqué à la géopolitique des pôles et de l’énergie, Mikå rédige actuellement une thèse intitulée « The Arctic Century: Power, Commerce & Cooperation in a New Geostrategic Environment » (« Le Siècle Arctique »). Par ailleurs, il est président et co-fondateur de « Génération Expat » le premier think-tank généraliste indépendant des français de l’étranger.

facebook.com/genexpat

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