Depuis le 4 avril 2014, l’Institut du Monde Arabe, en partenariat avec la SNCF, nous offre la possibilité de remonter dans le train de légende qu’était l’Orient-Express, le temps d’une visite dans ce qui fut une inspiration pour le cinéma et la littérature.
Qui n’a jamais entendu parler de l’Orient-Express ? Train mythique qui traversa les continents et les mers, dans une flamboyance passée, il est et demeure le train des rêves, le train des passions amoureuses qui au fil des kilomètres se créent ou se délitent.
Il est aujourd’hui possible d’effleurer ces rêves sur le parvis de l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 31 août 2014. Composée de trois voitures et d’un wagon-restaurant, dont la locomotive en tête de train, et de deux salles d’exposition, la découverte du mythique train se fait d’abord en petits groupes au sein des différentes voitures, où il est possible de déambuler autour des fauteuils en cuir et des tables de salon. Ce sont des endroits où de grandes personnalités telles que Joséphine Baker, Lawrence d’Arabie ou encore Mata Hari ont pu s’asseoir sous le luxe d’autrefois. La voiture-salon créée par René Lalique dans les années 20 et le wagon-restaurant « Le train bleu » dévoilent en outre leurs décors de prestige.
Une invention teintée par des rêves d’Orient
L’Orient-Express ne serait rien sans son inventeur, peut-être trop injustement connu, Georges Nagelmackers. Fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons Lits (CIWL), il s’est inspiré du train Pullman découvert aux Etats-Unis qui proposait des voitures-lits. En reprenant ce concept, il veut relier l’Occident et l’Orient à travers un train de luxe qui pourrait assurer au Vieux Continent européen d’alors une ouverture sur le monde. Marqué par ses désirs d’Orient, il invente alors l’Orient-Express et participe dans ses débuts à son développement. Bien qu’il soit mort ruiné en 1905, il est et il restera l’homme d’un idéal et d’une invention qui va rayonner partout dans le monde.
Sur les rails de l’histoire
Mais l’histoire de l’Orient-Express démarre véritablement en 1883 lorsque ce dernier quitte pour la première fois la Gare l’Est en direction d’Istanbul, à l’époque Constantinople. Soutenu par l’émir Abdelkader, ce train est le couronnement de percées technologiques qui transforment le Moyen-Orient. Véritable révolution dans le transport, il était composé de voitures-lits et d’une voiture restaurant qui surpassent le confort de l’époque. Et c’est donc en cette après-midi du 4 octobre que celui-ci, entouré par une foule élégante et curieuse, part pour un périple de plus de 3000 kilomètres.
A travers les paysages et villes traversées, la légende se bâtit. Son premier voyage est un exemple de prouesse technique pour le XIXe siècle : il réussira son premier aller-retour en moins de deux semaines.
Surnommé « Le roi des trains, le train des rois », il est synonyme de luxe et de romantisme. Les cabines sont équipées avec ce qu’il y a de plus moderne à l’époque : chauffage central, eau chaude, éclairage au gaz, etc.
L’immobilisation du train pendant la Première Guerre Mondiale marque un premier coup d’arrêt dans l’histoire de l’Orient-Express. Théâtre d’événements historiques majeurs, il voit notamment la signature, en sa voiture n°2419, de l’armistice du 11 novembre 1918.
La période de l’entre-deux-guerres signe son âge d’or. En plus de ses nombreuses restaurations et améliorations, le réseau ferroviaire s’étend. Le nombre de villes visitées se multiplie : Venise, Milan, Belgrade, Sofia…
Cependant, les tumultes de la Seconde Guerre Mondiale et l’entrée en Guerre froide qui scelle la séparation entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est mettent en grand danger l’expansion de ce train de légende. Le matériel souffre de destructions continues. Avec la construction du rideau de fer, les contrôles entre les deux parties d’une Europe déchirée s’intensifient, compliquant tout voyage.
Tout au long des années, malgré les efforts de la SNCF pour refaire revivre le prestige des lignes d’autrefois, le dernier périple de l’Orient-Express, tel qu’il a été connu, a lieu en 1977 lors d’un aller-retour Paris-Istanbul.
En 1982, un nouveau Orient-Express est rétabli par un entrepreneur britannique, sous le nom de Venise-Simplon-Orient-Express, qui s’arrête dans certaines villes comme Londres, ou encore Venise.
La construction d’un mythe qui ne nous a plus quittés
Grande source d’inspiration pour de nombreux auteurs comme Agatha Christie et Ernest Hemingway, l’Orient-Express est lieu de fantasmes et d’histoires exotiques. En effet, la romancière britannique, qui y rencontra son mari, y fut inspirée pour la rédaction de l’un de ses plus célèbres romans : Le Crime de l’Orient Express. Ce dernier fut rédigé à la suite d’un événement qui eut lieu en 1929 lorsque le train fut bloqué pendant plusieurs jours sous les neiges turques. Les passagers durent alors chasser et manger des loups afin de survivre. Son adaptation cinématographique en 1974 fera défiler les plus grandes stars comme Lauren Bacall ou Sean Connery, ce dernier avait d’ailleurs joué dans le célèbre James Bond de 1963, Bons Baisers de Russie, qui présentait une longue scène dans le wagon-lits Istamboul-Paris.
Ainsi, l’Orient-Express est le lieu où il faut être vu. Parmi les illustres figures, le train luxueux, au fil de son glissement sur les rails de l’Europe et de l’Orient, crée une légende, celui d’un lieu d’Histoire, où une partie des grandes lettres de notre temps s’y sont écrites.
Signe d’une mondialisation naissante, vous pourrez découvrir de nombreuses affiches présentes tout au long de l’exposition qui témoignent des splendeurs du temps de l’Orient-Express. Révélatrices des relations entre Orient et Occident, elles se mêlent à des peintures orientalistes et autres documents d’époque. Explications, objets, tableaux vous ferons toucher du doigt ce qu’a pu représenter le fameux train à son époque.
Pour assister à cette belle exposition, il faudra malgré tout vous préparer à attendre un peu, l’entrée dans les wagons se faisant en petits comités. Mais, le voyage en vaut la peine, car même si le train reste en gare, il traverse les temps et les lieux et nous laisse rêveurs.
Exposition Il était une fois l’Orient-Express (du 4 avril au 31 août 2014)
Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard 75005 PARIS
Du mardi au jeudi : 9h30-19h, nocturne le vendredi jusqu’à 21h30, week-ends et jours fériés : 9h30-20h. Fermé le lundi.
Tarifs : 10,50€ pour le tarif normal, et 8,50€ pour le tarif réduit.
Crédits photos :
– Affiche de l’exposition : © IMA
– Photo d’intérieur : ©SNCF/Droits réservés
– Carte du réseau Simplon-Orient-Express et Taurus Express, 1931. SNCF, Archives historiques © Sidoli/Rambaud – Archives de la CIWLT et du PLM : Wagons-Lits Diffusion, tous droits réservés
– Publicité d’époque