C’est avec tristesse et colère que les habitants de Bucarest ont défilé dans les rues de leur ville mardi 3 novembre, au soir. Tristesse, en repensant au terrible incendie du vendredi 30 octobre qui, dans une boîte de nuit de la capitale, a fait 32 victimes et 180 blessés. Colère, envers les membres de l’administration locale et les propriétaires du club, qui n’avaient pas pris les mesures nécessaires pour éviter cet accident. Retour sur cet évènement dramatique.
Tout commence vendredi 30 octobre, dans une boîte de nuit de Bucarest, le Colectiv, où un concert de Goodbye to Garity, un groupe de métal roumain, doit avoir lieu. La prestation promet d’être spectaculaire ; des effets pyrotechniques et jeux de lumière sont prévus. Mais rapidement après le début du concert, un des piliers sur le devant de la scène s’embrase et les flammes gagnent le plafond, qui ne tarde pas à s’effondrer.
Les spectateurs se précipitent alors vers la sortie dans le chaos le plus total, selon des témoins.
#Roumanie Le départ de L’incendie du #CollectivClub à #Bucarest à l’origine du sinistre (les autres trop hard) pic.twitter.com/QhrcVkpmBr
— Canaille du nord (@Canailledunord) 31 Octobre 2015
Malgré un message de condoléances publié par le Président roumain Klaus Iohannis sur sa page Facebook et la déclaration d’un deuil national de trois jours, les citoyens ne décolèrent pas : près de 20 000 personnes ont manifesté hier soir à Bucarest pour demander la démission du gouvernement, qu’ils qualifient d’ « assassins » et accusent de corruption. Les départs du Premier ministre Victor Ponta, du vice-Premier ministre Gabriel Oprea, ainsi que du maire Cristian Popescu Piedone, responsable du district où se trouvait la discothèque, étaient les plus vivement exigés.
Ils ont d’ailleurs obtenu gain de cause partiel, puisque le Premier ministre Ponta a annoncé son départ mercredi 4 novembre, à l’occasion d’une déclaration télévisée. Il avait déjà fait l’objet de diverses accusations (corruption, faux en écriture, complicité d’évasion fiscale, blanchiment d’argent…).
De leur côté, les propriétaires du club ont été placés en garde à vue lundi 2 novembre pour homicide involontaire. L’établissement enfreignait de nombreuses règles de sécurité – il n’y avait aucune sortie de secours – et l’on avait omis d’utiliser des matériaux non-inflammables en vue du concert. Les propriétaires ne disposaient pas non plus des autorisations nécessaires pour accueillir des spectacles d’une telle ampleur. Ils risquent jusqu’à dix ans de prison.
Crédits couverture: DANIEL MIHAILESCU