À la uneActualitéInternational

Inde / Bangladesh, la frontière la plus étrange du monde

La frontière la plus étrange et complexe du monde se situerait entre l’Inde et le Bangladesh. Effectivement, des centaines d’enclaves (indiennes au Bangladesh et bangladaises en Inde) existent le long de la partie nord de cette frontière, dans la région du Bengale et de l’Assam. Cette situation est complètement insolite : la plus petite enclave mesure à peine 53 mètres carré et il existe 24 double-enclaves et même une triple-enclave …

Les autorités indiennes et bangladaises ont donc dû trouver un accord afin de résoudre cette situation hors du commun. En effet, même si les deux pays n’ont aucun contentieux territorial, ils ont convenu que la frontière était ridiculement complexe. En effet, ce véritable labyrinthe de frontières rendait difficile la libre circulation des populations mais aussi le travail des gouvernements indiens et bangladais. Ainsi, les deux pays sont tombés d’accord sur la nécessité de redessiner les frontières et d’échanger certains territoires.

UNE SITUATION VIEILLE DE 3 SIÈCLES

Exemple de triple-enclave

Exemple de triple-enclave

Cette situation compliquée est surement le résultat d’une guerre entre l’Empire moghol et l’Etat princier de Cooch Behar. En effet, cette guerre s’est terminée en 1713 par un traité de paix consacrant la victoire des moghols. Toutefois, il semblerait que ces derniers aient été incapables d’expulser les « zamindars » (aristocrates contrôlant des territoires) les plus puissants. Et inversement, certains soldats moghols avaient réussi à prendre le contrôle de territoires au sein même de l’Etat princier de Cooch Behar , qui était incapable de les expulser.

L’Etat princier de Cooch Behar payant un lourd tribu à l’Empire moghol, les enclaves ne dérangeaient pas ce dernier. D’autant plus que l’Inde moghole était un empire féodale et pas un Etat-nation. Enfin, quand les britanniques ont pris le contrôle de l’Inde en 1757, Cooch Behar était également sous leur domination, supprimant ce problème des enclaves.

UN PROBLÈME INTERNATIONAL

Premier ministre pakistanais en 1958 Feroze Khan Noon

Premier ministre pakistanais en 1958, Feroze Khan Noon

Avec le départ des britanniques et l’indépendance de l’Inde en 1947, les enclaves sont devenues un problème international. Effectivement, L’Etat princier de Cooch Behar n’a rejoint l’Inde qu’en 1949. Ainsi, pendant deux ans, l’Inde et le Pakistan se sont retrouvés avec des enclaves au sein d’un Etat indépendant. Mais au moment de l’assimilation de Cooch Behar par l’Inde en 1949, la situation s’est détériorée au vue des relations tendues entre l’Inde et le Pakistan : l’Inde s’est retrouvée avec des enclaves au sein du Pakistan oriental (devenu Bangladesh en 1971) et ce dernier en avait en Inde (dans l’ancien Etat princier de Cooch Behar).

Pour résoudre ce problème frontalier, la logique aurait voulu que les deux Etats échangent les territoires concernés. Mais la logique rentre rarement en compte dans les virulentes relations indo-pakistanaise. Ainsi, en 1965, les tensions ont débouché sur une guerre de deux semaines pour le contrôle de Dohogram, une enclave pakistanaise en Inde, malgré un accord entre le président indien Jawaharlal Nehru et le premier ministre pakistanais Feroze Khan Noon en 1958.

En définitive, malgré les réticences du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), et des Etats frontaliers du Assam et du Bengale orientale qui refusaient catégoriquement toute perte de territoire, le président Narendra Modi a réussi à solutionner un problème vieux de 300 ans.

About author

Informer, décrypter, divertir
Related posts
ActualitéCinémaSéries Tv

Qui est Hiroyuki Sanada, une des stars de la série Shogun ?

ActualitéFranceHistoire

5 éléments pour comprendre … le terrible destin des résistants du Vercors

ActualitéSéries Tv

Plus belle la vie : qui est Horyat Benabet qui fait son retour dans le rôle de Betty ?

À la uneFrancePolitique

Européennes : qui est Raphaël Glucksmann, tête de liste PS ?

Retrouvez VL. sur les réseaux sociaux