Broken back, de son vrai nom Jérôme, est un auteur compositeur interprète malouin à l’histoire hors du commun. Alors qu’il se retrouve bloqué par une blessure au dos pendant un an, il met ses études de côté et se découvre une passion et un talent pour la musique. Mélangeant musique folk et électronique, il connaît rapidement un grand succès, au point d’être nommé aux Victoires de la musique 2017. Nous sommes allés à la rencontre de ce jeune musicien plein de talent et à l’avenir très prometteur.
Broken back signifie « dos cassé », cela représente un peu ton histoire. Que s’est-il passé pour que tu décides de te lancer dans la musique ?
Les choses se sont faites assez progressivement. Tout a commencé par un problème de dos, d’où le nom Broken Back. J’ai été immobilisé près d’un an. C’est à ce moment-là que j’ai commencé la guitare et le chant. Ça m’a vraiment permis de m’évader pendant cette période de convalescence. Puis j’ai commencé à composer mes premières chansons, à les produire et la poster sur internet. De fil en aiguille, les vues ont commencé à s’accumuler. Lorsque j’ai été soigné et que j’ai terminé mes études, j’ai décidé de me consacrer pleinement à cette nouvelle passion.
Est-ce que maintenant, avec un peu de recul tu te dis que cette période de convalescence forcée a été une bonne chose finalement ?
Ça a été une très bonne chose ! C’est d’ailleurs le titre de l’EP, sorti il y a quinze mois. C’est une traduction d’une phrase d’Albert Cohen qui dit que « le malheur est le père du bonheur de demain. » Cela signifie qu’il y a une part de bonheur collatéral dans tout malheur qui peut nous arriver. La musique s’est révélée être ma part de bonheur collatéral, qui m’a permis de surmonter cette épreuve et de découvrir ma vocation.
À en voir tes études de commerce, on ne te croyait pas forcément destiné à la carrière que tu as aujourd’hui, quel a été le déclic ?
Non pas du tout ! J’étais en école de commerce, dans l’entreuprenariat. J’avais même lancé deux start-up ! J’étais très loin d’imaginer me lancer dans la musique. J’avais déjà pratiqué le tuba lorsque j’étais plus jeune, au conservatoire de Saint-Malo, mais pour le plaisir uniquement.
Parle-nous de ta formation musicale. Depuis combien de temps pratiques-tu la musique ?
J’ai donc commencé avec le Tuba lorsque j’étais plus jeune. C’était une formation classique, très éloignées de la musique que je fais aujourd’hui. J’ai vraiment découvert la guitare et le chant au moment de ma convalescence.
On a parfois entendu dire que tu étais hyperactif. Est-ce que la guitare est pour toi un moyen d’arriver à te concentrer sur les choses essentielles ?
Ça a été pour moi une manière de me soigner. Je me sentais un peu prisonnier de cette situation, cela m’a permis de m’évader. Je me souviens qu’après avoir travaillé la guitare pendant plusieurs heures, je revenais à la réalité et je me rendais compte à quel point la guitare me faisait oublier mes souffrances.
A quelle époque tu as eu l’idée de « Broken back » ?
Au départ, ce sont mes amis qui ont commencé à m’appeler « dos cassé » pour plaisanter. Puis finalement le nom est resté. Comme je composais en anglais je l’ai traduit, ce qui rendait évidemment bien mieux. C’est ensuite lorsque j’ai terminé mes études de commerce que je me suis totalement consacré à la musique. Fort d’un certain succès sur internet, j’ai décidé de continuer de vivre ma nouvelle passion à fond. Cela m’a amené à un nouveau challenge qui était de convertir ce confinement virtuel en quelque chose de réel et de passer à la scène. J’ai alors décidé de monter un live, d’écrire plus de chansons et de préparer mon premier album.
Tu préfères être sur scène ou en studio ?
J’aime l’alternance entre les deux, le fait qu’aucune journée se ressemble. Les représentations sur scène permettent la rencontre avec le public, d’avoir une certaine reconnaissance. Le studio permet de se reposer des tournées et des voyages, de composer dans un autre état d’esprit, plus posé. Ce n’est pas possible de vivre l’un sans l’autre. Ces deux aspects se complètent, et ce serait difficile de tenir la cadence avec des tournées tous les jours sans jamais repasser au studio.
Au niveau de ta musique, as-tu une influence musicale particulière ?
J’écoutais beaucoup de Folk quand j’étais plus jeune, Cat Steven notamment, qui m’a beaucoup influencé. L’album tournait en boucle dans le salon quand j’étais plus jeune et je pense que ça se ressent dans ma manière de chanter, de composer et de structurer ma musique. Côté production, j’adore insérer des touches de percussion acoustiques, empruntées à des groupes comme Buena Vista Social Club (groupe cubain, ndlr). C’est ce mélange entre les deux qui a forgé mon identité musicale.
Parlons maintenant de ton album. Pourquoi l’avoir également appelé Broken Back ?
Tous les morceaux de l’album synthétisent un état d’esprit dans lequel j’étais au moment de composer. Elles incarnent cette espèce de paradoxe, de nostalgie. Par exemple, des textes froids sur une mélodie plus joyeuse comme dans Halcyon Bird, ou encore ce mélange entre la folk et l’électro. Cela représente bien ma situation lorsque j’étais en convalescence. De la souffrance physique, mais une volonté de rester optimiste malgré la situation. On retrouve ce double sentiment à de nombreuses reprises dans l’album.
Un coup de cœur sur cet album ?
C’est dur de choisir une chanson en particulier. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire Lady Bitterness. Je trouve qu’elle incarne bien cet album, le mélange entre l’électro et le folk est parfaitement équilibré et incarne bien l’esprit de cet album.
Tu as été nominé aux victoires de la musique 2017 dans la catégorie Révélation Scène. Ton ressenti sur cette nomination ?
Je suis très excité par cette nomination ! Je suis actuellement en plein préparatif. On a la chance de pouvoir monter sur scène le soir lorsque l’on est nominé. Je suis donc en train de retravailler mes chansons, mais aussi ma scénographie, le décor ; il y aura plein de nouvelles choses que ce soit au niveau de la musique et de la scénographie.
Lorsque tu es sur scène, tu es maintenant accompagné de Sam, un batteur, et d’Akemi, une guitariste/bassiste qui fait aussi des chœurs et des percussions. Un besoin d’être accompagné ?
C’est vrai que ces deux musiciens m’accompagnent partout. Nous avons monté le live ensemble et je pense qu’ils apportent un côté plus vivant, qui se perd parfois dans la musique électronique aujourd’hui.
Ton meilleur souvenir depuis le début de cette carrière musicale ?
Il y a eu beaucoup de moments forts depuis que j’ai commencé la musique. Je dirais que deux moments m’ont vraiment marqué. Ils sont tous les deux liés au live. Un moment très fort a été la première fois que j’ai mis les pieds sur scène, à La Peniche, à Lilles. Il y avait une centaine de personnes, il faisait très chaud. J’ai pris une vraie claque ce jour-là car je n’avais pas réalisé que derrière l’écran se cachaient des vraies personnes. J’en ai eu des frissons ! Mon premier festival a aussi été un moment très fort. C’était au festival Papillon de nuit. Je n’avais jamais vu autant de monde rassemblé dans une foule. Je n’y avais pas vraiment réfléchi et c’est vrai qu’au moment de mettre le pied sur scène, on se sent tout petit. C’est impressionnant mais c’est extrêmement stimulant. Ça devient vite très addictif !
Quel sont tes perspectives d’avenir ? Un rêve à réaliser ?
Le rêve je suis déjà en train de le vivre. Je touche du bois pour que ça continu ! Ma priorité pour l’instant est de partager mes chansons sur scène et de défendre cet album au maximum dans les festivals cet été. Je continue aussi d’écrire et de composer dans la perspective d’un nouvel album.