Sensibiliser à l’écologie et l’environnement grâce à l’art de la rue: tel est l’objectif du street-artiste niçois Toolate. Après avoir mené plusieurs actions sur les murs de Nice, il rejoint Paris pour y dénoncer une nouvelle forme de pollution, celle des masques. Encadrés dans plusieurs endroits de la capitale, ces masques chirurgicaux jetés par terre lui ont permis de constituer « les masques des 50 connards », une « exposition à ne pas manquer ». Entretien avec l’artiste.
Quel a été le déclic pour vous lancer dans cette exposition ?
« Comme tout le monde, j’ai constaté de nombreux masques chirurgicaux polluaient l’environnement Ça m’a beaucoup interpellé et en me renseignant, j’ai appris que la France avait commandé 2 milliards de masques, et qu’un masque met 450 ans à se désagréger. Non seulement, dangereux pour les gens qui nettoient les rues, ils ont aussi beaucoup de chances de finir dans les océans. J’ai beaucoup réfléchi au moyen de traiter ce sujet et c’est alors que j’ai eu l’idée de d’immortaliser ce geste, qui manque de civisme, en l’encadrant comme une œuvre d’art.
Évidemment, je suis conscient que ce n’est malheureusement pas le seul objet polluant. Il y aurait beaucoup de choses à encadrer :les mégots, les chewing-gum, les bouteilles en plastiques. Mais j’ai jeté mon dévolu sur les masques, puisque ces objets ont récemment intégré notre quotidien et qu’ils demandent une attention toute particulière. Tout le monde est concerné car tout le monde doit porter des masques. »
Combien de temps cela vous a pris pour obtenir ces 50 masques ?
« Très rapidement. Il suffit de se baisser pour en trouver. Quatre heures tout au plus. »
Les masques exposés ont été ramassés dans quels endroits ?
« J’en ai trouvé partout: dans les caniveaux, les parcs pour enfants, dans des fontaines, sur les quais… Aussi bien dans les quartiers huppés que dans les quartiers populaires. »
Le choix des lieux exposition est pensé ?
« J’ai visé des lieux fréquentés afin de sensibiliser un maximum de personnes. »
Quel message voulez-vous faire passer à travers ces 50 œuvres ?
« C’est le propre de l’homme: se poser les questions quand il est déjà trop tard. Le fil conducteur de tous mes travaux interroge cela, mon nom d’artiste n’a donc rien d’anodin. Il est normal que les gens veuillent se protéger du virus, mais cette pandémie, je l’espère, prendra fin un jour. En revanche, les masques seront toujours là. Je pense qu’on est dans une société individualiste, où un connard peut se permettre de jeter son masque par terre sans se soucier de ce qu’il va devenir. J’ai lu des commentaires disant: «oui, mais il est peut-être tombé sans faire exprès ?» Bizarrement, je n’ai jamais trouvé de billets de 50 euros au sol. Ça prouve qu’on perd bien ce qu’on a envie de perdre. »
L’écologie est un domaine qui m’inspire car l’humanité a encore beaucoup de travail à faire à ce sujet. Mais mon but premier est avant tout de pointer du doigt la connerie humaine. «L’Homme est un loup pour l’Homme»: finalement nous sommes les seuls coupables de notre propre malheur.
Avez-vous d’autres idées d’expositions dans le futur ?
« J’ai effectivement d’autres idées d’actions futures. Le sujet est vaste en ce qui concerne la connerie humaine. Je pense notamment à faire un bilan de l’année 2020, qui n’a pas été très positif… »