Le 22 mai 2015, un jeune diplômé indien de confession musulmane de 22 ans se voyait refuser un poste au sein d’une entreprise de Bombay à cause de sa religion. Le samedi 30 mai 2015, les membres de l’équipage d’un avion de la compagnie américaine, United Airlines, ont refusé de servir une canette de soda fermée à une jeune femme de confession musulmane car ils considéraient que cette dernière pourrait s’en servir comme une arme. Ces deux événements nous montrent que l’islamophobie est sans frontière.
En à peine deux semaines, deux actes clairement islamophobes ont été recensé et publiquement dénoncés à travers le monde. Le premier en Inde et le second lors d’un vol entre la ville de Chicago et Washington DC aux Etats-Unis. Ainsi, dans certaines parties du monde, l’Islam est considérée comme une religion dangereuse et ses fidèles comme des terroristes potentiels. Toutefois, la situation indienne et américaine sont bien différentes.
« NOUS ENGAGEONS UNIQUEMENT DES CANDIDATS NON-MUSULMANS »
Zeshan Ali Khan, un jeune diplômé indien de 22 ans, s’est donc vu refusé un poste au sein de la société spécialisée dans l’exportation de diamants, Hari Krishna Exports Private Limited. Khan a ensuite posté l’email de refus sur les réseaux sociaux afin de trouver des supports. La capture d’écran est rapidement devenue virale et la justification de l’entreprise ne s’est pas faite attendre : un stagiaire des ressources humaines aurait fait une faute de frappe …
Or, la Constitution indienne mais aussi le code pénal indien interdisent toute discrimination racial ou religieuse à l’embauche. En effet, l’article 14 et l’article 25 interdisent clairement ce genre de discrimination. Toutefois, dans les faits, les actes d’intolérance envers les musulmans en Inde sont nombreux. D’autant plus que l’actuel premier ministre indien, Narendra Modi, est connu pour ses prises de positions parfois islamophobes. En effet, c’est durant son mandat de gouverneur de l’Etat du Gujarat que plus de 1 000 musulmans furent tués au cours d’émeutes confessionnelles en 2002. Et selon Human Rights Watch, les autorités locales ainsi que la police furent complices de ce massacre. Et Modi ne s’est jamais excusé pour avoir été incapable de protéger la minorité musulmane de son Etat. Pire encore, son seul regret est de n’avoir pas réussi a gérer les retombées médiatiques de cette affaire.
En définitive, le nationalisme hindou est toujours d’actualité avec Narendra Modi au pouvoir. En effet, le parti politique de ce dernier, le BJP, en est l’émanation politique. Selon la doctrine de la suprématie hindoue, l’Inde est une nation hindoue, cette religion doit imprégner les institutions, et les minorités religieuses, principalement les musulmans, doivent s’y plier. Tout le contraire donc de la nature non confessionnelle de l’Etat indien inscrite dans la Constitution et des politiques laïques menées depuis l’indépendance de 1947.
LES ETATS-UNIS FACE A SES VIEUX DÉMONS
La compagnie aérienne américaine, United Airlines, a été accusé d’islamophobie après qu’une étudiante musulmane se soit vue refuser une canette de soda fermée (comme tout les autres passagers) pour des « raisons de sécurité ». En d’autres termes, sous prétexte qu’elle aurait pu s’en servie comme une arme, les membres de l’équipage n’ont pas voulu lui donner une canette fermée.
L’étudiante, qui travaille aussi comme chapelain dans une université américaine, a publié un long texte sur Facebook dénonçant le comportement des membres de l’équipage et évoquant sa tristesse car « elle pensait que les autres passagers l’auraient défendu » (« I thought people would defend me ») mais ce ne fut pas le cas. United Airlines a publié un communiqué dans lequel elle s’excuse et déplore ce « malentendu concernant une canette de soda allégé » (« misunderstanding regarding a can of diet soda »).
Cet incident, qui peut sembler isolé, illustre bien le renouveau de l’islamophobie aux Etats-Unis. Nous pouvons penser au travail de Pamela Geller et Robert Spencer, fondateurs de l’American Freedom Defense Initiative. Le dernier concept de cette association est d’associer l’Islam au nazisme en prétendant que « le Coran appelle à la haine des Juifs ». On se souvient aussi des menaces d’un obscur pasteur de Floride, Terry Jones, qui avait finalement renoncé à brûler des corans. Aujourd’hui, l’islamophobie est de plus en plus courante au sein de la droite américaine. Et il n’est que trop évident que de nos jours, au sein du Parti républicain, s’opposer publiquement au fanatisme islamophobe est bien moins payant que de l’attiser.