Je pensais vivre une simple aventure en pleine nature. Un road trip à travers les terres sauvages d’Islande, quelques nuits sous la tente, des aurores boréales et du silence. Mais ce que j’ai vécu fin février dans la région de Vik restera gravé dans ma mémoire comme l’un des moments les plus intenses — et les plus dangereux — de ma vie.
Quand la tempête est arrivée, elle ne ressemblait à rien de ce que j’avais connu auparavant. Des rafales à plus de 130 km/h, une température ressentie de -18°C, et aucune âme humaine à des kilomètres à la ronde. Mon van a tremblé toute la nuit, pris en étau entre le vent, la glace et mes propres peurs.
Récit – L’Islande, version survie
Tout avait pourtant bien commencé. J’étais parti avec un van aménagé, autonome et bien équipé, décidé à découvrir les paysages lunaires du sud de l’île. Jokulsarlon, Skogafoss, les plages de sable noir… Chaque jour était un émerveillement.
Mais le troisième soir, alors que je m’apprêtais à dormir près du parc national de Skaftafell, la météo a basculé brutalement. Alerte orange, routes fermées, plus aucun véhicule sur les axes. Mon erreur ? Sous-estimer la vitesse du changement climatique islandais.
Coincé sur un parking isolé, sans réseau mobile et avec une visibilité quasi nulle, j’ai dû m’en remettre à mon instinct, à mon équipement… et à une bonne dose de sang-froid.
5 leçons pour les futurs aventuriers en Islande
Si je devais refaire ce voyage (et je le referai), voici ce que je ne referais pas de la même façon :
1. Toujours vérifier la météo locale, heure par heure
En Islande, la météo peut passer du calme plat au chaos glacial en moins d’une heure. Les applications classiques comme Météo-France ou AccuWeather sont largement insuffisantes ici. La référence, c’est le site islandais officiel vedur.is, mis à jour plusieurs fois par jour, avec des cartes précises de vent, neige, routes fermées.
Ce que j’ignorais à l’époque, c’est que les alertes “orange” ne sont pas de simples conseils : ce sont des avertissements critiques. Lors de ma mésaventure, je me suis retrouvé à rouler alors que la route était déjà interdite aux véhicules non 4×4 — je ne l’ai su qu’après coup. Avant chaque déplacement, il faut consulter non seulement la météo, mais aussi l’état des routes via road.is. Cette double vérification est vitale.
2. Avoir un vrai plan B chaque soir
Mon erreur la plus évidente ? Ne pas avoir anticipé les nuits “ratées”. J’avais prévu un circuit parfait, avec des étapes photogéniques, mais aucun plan de secours en cas de tempête. Résultat : une nuit passée seul sur un parking glacé, sans réseau ni visibilité.
Avoir un plan B ne veut pas dire être pessimiste, mais simplement lucide. Par exemple : identifier un hébergement indoor accessible en cas d’urgence, repérer des zones de repli naturelles (vallées, zones boisées, refuges). En Islande, tout est éloigné — mieux vaut avoir pensé à tout avant de se retrouver dans le noir.
3. Éviter les zones exposées au vent pour passer la nuit
J’avais garé mon van au sommet d’une butte surplombant la mer, pensant profiter d’une belle vue au réveil. Ce que j’ai eu, c’est un van secoué comme un jouet par des rafales à plus de 120 km/h. Les portes ne se fermaient plus, la tente de toit s’est envolée (heureusement repliée), et j’ai passé la nuit en position fœtale, la main sur l’extincteur “au cas où”.
L’Islande est plate, ouverte, et balayée par des vents puissants. Dormir sur des zones exposées est une grave erreur de débutant. Privilégiez toujours des zones en contrebas, protégées par des formations naturelles ou adossées à des falaises.
Sur les forums et groupes de voyageurs, cette règle revient constamment. C’est l’un des conseils que j’aurais aimé entendre avant de partir.
4. Opter pour un van bien isolé et adapté au climat nordique
Tous les vans ne se valent pas. Le mien était “moderne” mais pas du tout conçu pour les températures négatives : isolation fine, aucune ventilation passive, et chauffage auxiliaire capricieux. Résultat : condensation sur tous les murs, humidité constante, et un réveil glacial malgré le duvet -10°C.
Pour une aventure hivernale ou même d’entre-saison, il faut absolument choisir un van adapté au climat islandais. Cela signifie : double isolation, chauffage stationnaire fiable, batterie secondaire, bon éclairage intérieur, et même une trappe d’évacuation si possible.
Pour ceux qui cherchent à louer ce type de véhicule auprès de professionnels installés localement, je recommande ce site, qui regroupe à la fois des conseils de préparation, des modèles adaptés, et un accompagnement par des gens qui connaissent le terrain. On y trouve aussi des guides pratiques qui m’auraient évité bien des galères.
5. Se préparer sérieusement avant le départ
L’Islande est une destination “instagrammée”, vendue comme accessible et magique. C’est vrai. Mais c’est aussi un territoire rude, sauvage, où la moindre imprudence peut se payer très cher. Se préparer, ce n’est pas seulement faire sa valise — c’est comprendre le pays : sa météo, ses distances, ses risques.
Avant de partir, il faut lire des récits, des retours d’expérience, des guides écrits par des gens qui vivent l’Islande au quotidien. Il faut penser comme un randonneur, pas comme un touriste.
Et surtout, il faut accepter qu’on ne contrôle pas tout. En Islande, c’est la nature qui décide. Et c’est ce qui en fait un lieu aussi beau… qu’imprévisible.
Une expérience qui transforme
Ce voyage m’a appris l’humilité. On ne contrôle rien face aux éléments, surtout pas en Islande. Mais il m’a aussi appris la beauté brute du monde, loin des filtres et des itinéraires touristiques balisés.
Si vous cherchez une aventure authentique, une vraie, celle qui vous pousse dans vos retranchements, alors l’Islande est faite pour vous. Mais partez préparés. Pas pour “cocher une case” sur Instagram, mais pour vivre quelque chose de réel. De fort. De vivant.