Courant 2005, Jean-Pierre Marongiu, un français mosellien de 53 ans, décide comme beaucoup d’autres de venir profiter de l’économie en pleine expansion du Qatar. S’ensuit alors une histoire dramatique, dont les conséquences ne sont toujours pas réglées aujourd’hui.
Tout commence en 2005 lorsque Jean-Pierre Marongiu décide de monter une entreprise au Qatar, accompagné de sa famille. Il se conforme donc aux lois du pays qui l’accueille et se soumet au système « Kafala » qui fait en sorte que tout étranger travaillant sur le sol qatari doit être «sponsorisé » par un habitant du pays. C’est par ce biais qu’il rencontre le cheikh Abdallah Al Thani, un parent de la famille de l’émir du Qatar.
« Sponsorisé » mais surtout dépendant, puisque l’autorisation du tuteur est nécessaire pour un grand nombre d’actions effectuées au sein du Qatar. Ainsi, le tuteur a l’accès au compte bancaire du subordonné et ce dernier doit, en outre, lui demander une autorisation afin de quitter le pays. Deux cas précis mais qui se révéleront cruciaux dans cette affaire.
L’entreprise se développe puis se met à prospérer durant 4 ans. Jean-Pierre Marongiu est alors l’homme de tous les cocktails, se montre dans les dîners mondains et serre la main des ministres du pays du Golfe. Avec plus de 2 millions d’euros investi de sa poche dans la société, l’homme d’affaire espérait revendre à bon prix auprès de ses sponsors l’entreprise qu’il a sût faire grimper au sommet.
Un retournement sans précédent
Mais il était loin du compte et tout dérape en 2009, lorsqu’il reçoit la visite du frère de son « Kafile » : Abdallah bin Nasser bin Jassim Al thani. Ce dernier lui fait comprendre que ses services ont été appréciés mais qu’il est temps pour la société d’être remise entre les mains du sponsor. Jean-Pierre Marongiu comprend alors qu’il n’est pas question pour lui de revendre la société, mais bel et bien de la céder gratuitement avant de rentrer en France.
Il refuse s’estimant, à raison, lésé et trompé. S’ensuit alors une cascade de problèmes. La société se met à chuter et le français comprend que l’orage arrive à grands pas. Il renvoie alors sa famille, à savoir sa femme et ses deux enfants, en France. Quelques temps après, son kafile vide ses comptes en banque et il se retrouve alors accusé de faux et d’usages de faux, un crime considéré comme excessivement grave au Qatar et passible de 10 ans de prison.
Dans ces conditions, il était évidemment impensable de demander une autorisation de sortie du territoire à son tuteur et Jean-Pierre Marongiu décide alors de quitter le pays clandestinement. Après un nombre de péripéties incalculables, il débarque au Bahreïn où il espère recevoir le soutien de l’ambassade française. Mais elle ne lui procurera jamais les documents nécessaires pour rentrer dans son pays natal. Il se retrouve alors aux mains des autorités du Bahreïn qui le remettent aux Qataris.
Des appels à l’aide peu entendus
Depuis, Jean-Pierre Marongiu a tout essayé. Grève de la faim, lettre manuscrite et déclarations audio adressé au président de la république française, mais rien n’y fait. Il a également sorti un livre, grâce à l’intermédiaire de ses proches : « Qaptif ». En novembre 2013, il s’adressait à François Hollande sous ces mots : « Je ne crois plus en rien. Mon temps est compté. On m’a tout pris : ma famille, ma société, mon patrimoine, ma liberté « … » Au nom des miens, au nom de mon innocence, je vous implore d’intervenir. »
Aujourd’hui, cela fait plus d’un an qu’il est détenu en prison dans des conditions inhumaine. Il risque jusqu’à 15 ans de prison. La conseillère de justice de François Hollande a reçu, le lundi 24 novembre 2014 à Metz sa femme, qui lutte depuis le début pour la libération de son mari.
Un pas en avant donc, mais loin d’être la consécration d’une justice que beaucoup attendent, à commencer par sa famille et ses amis.
Il est également nécessaire de rappeler que son cas n’est pas isolé et qu’actuellement, plusieurs personnes sont encore retenues contre leur gré au Qatar notamment le footballeur franco-algérien Zahir Belounis ainsi que l’entraîneur de football Stéphane Morello, pour ne citer que les cas les plus connus.