Après ses performances réussies aux côtés de Ludivine Sagnier, Jean Reno et Gérard Depardieu, le comédien français Jérôme Charvet est entré dans le cercle fermé des acteurs dont le talent est affirmé, et qui sont promis à un bel avenir.
Son parcours professionnel riche, entre la France et les États-Unis, étant intéressant, Radio VL est allé à sa rencontre sous le soleil parisien pour qu’il nous en dise un peu plus …
Tout d’abord, quelle formation as-tu suivi pour en arriver là ?
Enfant, j’étais passionné par le théâtre et le cinéma. Adolescent, j’ai commencé à participer aux pièces de théâtre organisées dans mon lycée et je suis devenu membre de la troupe de théâtre, ce qui m’a directement donné goût à la scène. Une fois mon bac en poche, je me suis essayé au droit pendant un mois, pour finalement débuter le Cours Florent où je suis resté quelques mois. J’ai ensuite trouvé un professeur formé à New York qui enseignait une méthode américaine, d’avantage basée sur le ressenti et qui offrait des techniques permettant de fouiller en soi. Ca m’a donné envie de partir aux États-Unis : depuis mon plus jeune âge, je suis attiré par le cinéma américain et par ses acteurs. J’ai été accepté au Lee Strasberg Theatre and Film Institute, école créée par Lee Strasberg, qui a enseigné à James Dean, Marilyn Monroe, Al Pacino … C’était passionnant : le travail était basé sur la mémoire sensorielle, qui permet de développer une croyance en l’imaginaire à tel point que ça devient réel.
Comment est-ce que ça fonctionne ?
La mémoire sensorielle est le fait de se rappeler par le biais des cinq sens, les impressions sensorielles expérimentées dans la vie. L’acteur peut apprendre, en se concentrant sur le stimulus associé à une expérience sensorielle à obtenir une réaction, et cette réaction est réelle. Le but des exercices était de recréer des sensations simples comme le froid, la chaleur, des odeurs, mais aussi des lieux que tu as connus dans ton passé ou encore des personnes importantes de ta vie… Jusqu’à ce que tu trompes ton esprit, et que ton cerveau croie vraiment que tu es en train de vivre cette expérience. Ça aide énormément quand tu es sur scène car à partir du moment où tu es aussi à l’aise avec l’imaginaire tu ne joues plus : tu es vrai.
Qu’as-tu fais ensuite ?
Suite à cette formation au Lee Strasberg Theatre and Film Institute où j’avais des professeurs extraordinaires, dont Paul Calderon (co-scénariste de Bad Lieutenant d’Abel Ferrara, acteur dans Pulp Fiction, The King of New York), j’ai auditionné et été accepté au Stella Adler Studio. Stella Adler, la fondatrice de l’école, avait formé entre autres Marlon Brando et Rober De Niro. Cette formation, inspirée par Constantin Stanislavski, était plus basée sur le travail autour du personnage : on devait, par exemple, observer des animaux et essayer d’assimiler leurs mouvements pour les adapter au rôle, créer la biographie du personnage, étudier sa classe sociale et l’environnement dans lequel il évolue, modifier notre voix, etc.
C’était passionnant car quand on développe profondément un personnage, on sort de soi-même, de son propre conditionnement et on arrive vraiment à devenir, et à être, cette personne.
Comment l’envie de te lancer dans le cinéma t’est-elle venue ?
J’ai toujours été passionné par l’étude du comportement humain, par tout ce qu’impliquent les regards, les gestes, les postures, ou même le ton de la voix. J’ai toujours été très sensible à ce qu’il se passait dans la tête des gens, on dit qu’on ne voit qu’un dixième de l’iceberg, la partie qui sort de l’eau, mais c’est celle qui est cachée qui est la plus intéressante ! Être acteur c’est arriver à voir plus loin, derrière les apparences. J’ai également toujours eu une imagination débordante et l’envie de vivre « plusieurs vies », d’être dans le passé, dans le futur …
Une fois formé, où et quand as-tu débuté ?
Aux Etats-Unis, j’ai joué dans des pièces de théâtre indépendantes, off-Broadway, ce qui m’a donné une bonne expérience de la scène. J’ai aussi interprété quelques rôles principaux dans des courts-métrages qui ont été diffusés dans des festivals. Ces rôles m’ont permis « d’apprivoiser les caméras ». De retour en France, j’ai fais beaucoup de courts-métrages, grâce à cela, j’ai appris comment ça se déroule sur un tournage ! J’ai ensuite été appelé pour une audition pour le film Amour et turbulences avec Ludivine Sagnier et Nicolas Bedos, réalisé par Alexandre Castagnetti … et j’ai été pris pour le rôle, mon premier pour le cinéma français. La même année, j’ai participé à une campagne de publicité pour la marque Maje. Après cela, j’ai été sélectionné pour jouer aux côtés de Jean Reno dans la série Jo, tournée en anglais et diffusée dans plusieurs pays.
Et ces derniers temps, qu’as-tu fais ?
J’ai tourné dans un film réalisé par Frédéric Auburtin avec Gérard Depardieu, Tim Roth et Sam Neill, qui s’appelle United Passions et qui était dans la sélection officielle du festival de Cannes 2014. C’est un film qui relate l’histoire de la création de la FIFA, tourné aux quatre coins du monde. Depardieu est l’un des acteurs les plus charismatiques avec lesquels j’ai eu l’occasion de jouer. Il est impressionnant mais très gentil, il faisait beaucoup de blagues : c’était une expérience magnifique !
J’ai aussi été contacté pour jouer un rôle très intéressant dans un long métrage, pour le moment intitulé Un Fil, dans lequel va probablement jouer Jean-Claude Dreyfus. Il devrait être tourné l’an prochain.
Vers où veux-tu aller maintenant ? Quels sont tes rêves les plus fous ?
Je rêve de travailler avec des réalisateurs qui ont des projets touchants, et des histoires qui me passionnent. Je serais très heureux de jouer dans des films américains ou anglais parce que je suis passionné par la langue anglaise et que je suis bilingue mais j’adorerais aussi travailler en France avec des réalisateurs fascinants comme Jacques Audiard ou Jean-Paul Rappeneau ! Par ailleurs, un des rêves qui me tient à cœur serait de pouvoir donner la réplique à des acteurs comme Robert De Niro, Anthony Hopkins, Daniel Day-Lewis, Joaquin Pheonix…
Quels conseils aurais-tu à donner à des jeunes qui souhaiteraient devenir acteur ou comédien ?
J’ai connu beaucoup d’acteurs qui perdaient énormément de temps en formation et qui se réfugiaient dans des classes pendant trop longtemps. C’est très bien de se former, mais il ne faut pas avoir peur de se retrouver sur un plateau et d’aller au-devant du monde du travail. Être acteur, c’est faire face à ses peurs constamment ! Il faut les affronter et ne pas oublier que là on l’on apprend le plus, c’est en se forgeant une expérience, en travaillant. Comme ce n’est pas évident de trouver du travail, il peut être intéressant de participer à des courts-métrages de jeunes réalisateurs encore en école, pour essayer de se retrouver dans des festivals, et commencer à se créer un réseau. Il faut aussi essayer d’aller à des avant-premières, à des rencontres, à des projections, ne pas hésiter non plus à intégrer des compagnies de théâtre … Pour moi, c’est vraiment ça le plus important !
Quel regard portes-tu sur l’évolution du monde des médias, et en particulier sur celle du cinéma ?
On est dans l’époque de l’instantané, on fait partie d’une génération qui a grandi avec internet et qui est habituée à ne pas attendre. On consomme rapidement et moins qualitativement. Du coup, les films sortent brièvement en salles et les gens vont avoir tendance à préférer rester chez eux pour les regarder. Ce qui est dommage car rien ne remplace le plaisir de voir un film sur grand écran.
On assiste également à « l’avènement » des séries TV, qui sont un format intéressant pour raconter une histoire. Elles s’approchent plus de l’expérience qu’on pourrait avoir en lisant un livre et permettent de décrire beaucoup d’éléments scénaristiques. De ce fait, je comprends l’engouement du public. Je pense que c’est un très bon moyen de réussir en tant qu’acteur mais il faut faire attention aux rôles qu’on accepte, car un rôle dans une série peut parfois trop identifier l’acteur à son personnage et peut le desservir quand il veut changer d’image et interpréter d’autres rôles au cinéma.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter à Jérôme Charvet une bonne continuation, et beaucoup de succès des deux côtés de l’Atlantique … Un acteur à suivre de près !
Pour en savoir plus >> http://www.imdb.com/name/nm1953944/