La recomposition partisane de la France n’épargne décidément pas les grands mouvements traditionnels. Les socialistes et Les Républicains, grands perdants de l’élection présidentielle, ne sont pas arrivés au bout de leurs peines, alors que vient de commencer la campagne des élections législatives. Focus sur Les Républicains : quel bilan font les jeunes militants de la présidentielle, un mois après ? Et comment envisagent-ils les législatives ? Florilège.
Nader, 20 ans, militant dans les Yvelines (78) : « Il y a eu un coup de blues, mais on tient toujours debout »
L’ambiance après la présidentielle était marquée par un sentiment de défaite, mais plutôt de celle d’un homme que des idées de la droite.
Le problème du second tour est qu’il a faussé le débat. Emmanuel Macron a gagné, mais il faut analyser sa victoire : elle est due à une large partie qui s’est rassemblée contre le Front National plutôt que pour Macron.
Il y a eu un coup de blues, ça devait être une élection imperdable pour Les Républicains ! Mais on refuse de se laisser emporter dans cette dynamique, on tient toujours debout. On essaie d’en enclencher une nouvelle avec François Baroin.
D’où les élections législatives dans trois semaines, qui seront le reflet des sensibilités et des attentes des français.
Pour l’instant, on part confiants, on sait que nos candidats sont intégrés localement, ils connaissent bien leurs circonscriptions. Alors que les candidats de la République en Marche, ils sont recrutés sur Internet in extremis. Après, on ne va pas se le cacher, on espère la majorité absolue, mais l’objectif réaliste est d’avoir un groupe politique qui pèse à l’Assemblée.
Notre espoir aujourd’hui se fonde essentiellement sur les candidats aux législatives, et François Baroin va devoir concilier les sensibilités au sein des Républicains. L’enjeu sera de maintenir l’unité du parti.
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Agathe, 20 ans, militante dans l’Allier (03) : « Les candidats qui gagneront seront ceux que les électeurs connaissent »
Je suis confiante pour la suite. Je viens de l’Allier, ce qui justement me permet de saisir l’enjeu des législatives. Les gens éloignés de toute l’effervescence des grandes villes vont voir leur intérêt local. Ils ne voteront pas pour telle ou telle mesure nationale mais en fonction de ce qu’on va faire pour eux au niveau local : les aménagements, ouvertures possibles…
En définitive, les candidats qui gagneront aux législatives seront ceux que les électeurs connaissent, qui ont un bilan derrière eux. Ce que je reproche à Emmanuel Macron, c’est de vouloir avoir le monopole du renouvellement, de la nouveauté. 60% des candidats Les Républicains aux législatives sont des candidats qui n’étaient pas forcément engagés en politique avant. Les gens ne sont pas dupes, je trouve d’ailleurs dommage que certains journalistes manquent d’impartialité dans le traitement de l’actualité.
Alors je ne sais pas si on aura une majorité absolue, mais il faudra un vrai débat de fond et de valeurs. Une majorité relative serait déjà très bien.
Hugo, 24 ans, militant dans l’Indre-et-Loire (37) : « C’est sûr, le poids de la droite sera important dans la prochaine Assemblée »
Après la résidentielle il a fallu tout de suite se mobiliser. Les deux élections se sont superposées, on a commencé les législatives depuis décembre. Finalement, il n’y a pas eu de relâche entre les deux, on a tout de suite embrayé avec bon espoir de l’emporter. La défaite de la droite vient selon moi de deux facteurs : Fillon a perdu à cause des affaires, et à cause d’une partie de son programme qui était très dure, bien que réaliste, et nécessaire. Mais ça a été mal vendu, il y a eu une mauvaise pédagogie.
C’est sûr, le poids de la droite sera important dans la prochaine Assemblée Nationale. Je crois peu à la cohabitation mais dans le contexte actuel, ce n’est pas une éventualité que je puisse mettre de côté, ce n’est pas négligeable.
Cela dit, je vois mal les Français désigner un président pour finalement élire une assemblée d’un autre bord que celui-ci. Je crois que les Français n’attendaient pas une nouvelle couleur politique, mais de nouvelles personnes, d’où un taux fort de 60% de renouvellement parmi nos candidats. J’espère au moins une majorité relative, c’est ce qui semble se dessiner dans les sondages.
On a quelques candidats de LREM qui sont issus de certains arrangements, qui ne seront pas aptes selon moi à l’emporter. Ils ne sont pas du tout renouvelés…Tant que Macron tiendra, le vernis brillera, et puis une fois qu’on grattera, ce sera plus compliqué…
Crédit photo à la Une : L’Express