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Joséphine Baker : du château des Milandes au Panthéon ?

Du Missouri au Périgord Noir, en passant par les cabarets parisiens, le Panthéon sera peut-être la dernière destination d’une des plus grandes figures du XXème siècle.

Le château des Milandes, en Dordogne, a rouvert ses portes le 19 mai. Après plus de 6 mois de fermeture, les visiteurs peuvent donc retourner traverser sa bâtisse, ses jardins, et admirer ses spectacles de fauconnerie. On retrouve dans son architecture Renaissance l’élégance des mille et un châteaux périgourdins. Pourtant, son originalité provient d’une figure ayant traversé maintes fois les frontières de la Vallée de l’Homme. En effet, on y retrouve les traces de Joséphine Baker, illustre artiste du monde du jazz, qui y a passé une partie de sa vie.

Joséphine Baker, de son vrai nom Freda Josephine McDonald, est née en 1906 à Saint-Louis, aux Etats-Unis. Son enfance, passée dans une grande pauvreté, ne l’empêche pas de se lancer dans une carrière de danseuse au début de son adolescence. Petite fille métisse, elle est victime de la ségrégation raciale, qui formera l’engagement de sa vie contre les discriminations. En 1925, sa carrière de danseuse et d’artiste s’envole, et lui offre l’opportunité de s’installer, avec sa troupe, à Paris. Elle débute en dansant dans des théâtres parisiens, avant de se produire en tant que chanteuse, et d’ouvrir, quelques années plus tard, son propre cabaret.

Une artiste chevronnée aussi talentueuse qu’engagée

Malgré la difficulté pour une artiste et une femme noire de se faire une place à Paris dans les années 30, elle tombe amoureuse de la France, et de sa capitale, et en prend la nationalité à la fin des années 30, après son mariage avec un Français. Toujours confrontée au racisme et au chauvinisme de la haute-société parisienne de l’époque, Joséphine Baker reste une artiste convaincue, qui utilise sa célébrité montante pour entamer et multiplier des actions caritatives. La montée du fascisme et de l’antisémitisme en Europe ancre l’engagement bienfaiteur et patriotique de Joséphine Baker. De star du jazz et des cabarets, elle devient espionne et s’engage dans la Résistance française en 1939. Elle mène ainsi des missions de renseignement, et se rend également auprès des troupes pour y donner des représentations.

Le château des Milandes, paradis périgourdin de l’artiste et de sa famille

Après la Seconde Guerre mondiale, elle se remarie, et s’installe au Château des Milandes. Elle y adoptera et y logera 12 enfants de toutes nationalités, famille qu’elle surnommera la « Tribu Arc en Ciel ». Joséphine Baker œuvre pour la vie locale autour du château, lieu qu’elle transforme peu à peu pour l’ouvrir au tourisme. Mais en quelques années, elle s’endette, et en perd la propriété. Pour des raisons financières, elle est contrainte de retourner se produire à Paris, où elle meurt quelques années plus tard.

Château des Milandes, illustre demeure de Joséphine Baker. Image : https://www.milandes.com/

Joséphine Baker a pourtant dédié une grande partie de sa vie à la France. De nombreuses personnalités et organismes tentent ainsi, depuis sa mort, en 1975, de lui rendre hommage. Ainsi, le Château des Milandes s’est transformé en musée, où l’on retrouve les plus grandes tenues de l’artiste héritées de ses représentations spectaculaires, ou encore des souvenirs de sa vie avec la « Tribu Arc en Ciel ».

Panthéonisation de Joséphine Baker : une volonté grandissante pour illustrer une figure de l’émancipation des minorités

Au mois de juin 2021, une pétition a été lancée pour engager le processus de panthéonisation de Joséphine Baker. Ayant toute sa vie démontré sa profonde gratitude envers la France, envers Paris, capitale de ses « Deux amours », des milliers de signatures réclament aujourd’hui la reconnaissance éternelle de la patrie envers une artiste, résistante, militante anti-raciste et figure féministe.

Joséphine Baker interprète un de ses plus célèbres morceaux, « J’ai deux amours », en 1968. Archives INA

Elle avait déclaré que pour vouloir être une artiste, elle devait « être digne de Paris ». Des milliers de voix s’élèvent aujourd’hui pour saluer ce vœu largement accompli. On peut donc légitimement espérer que Joséphine Baker, aujourd’hui inhumée à Monaco, puisse bientôt reposer auprès des grandes Femmes et des grands Hommes du Panthéon.

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