La société Noorassur a ouvert en septembre dernier la première agence de finance islamique de France, à Chelles en Seine-et-Marne. Déjà 3 000 clients sont à compter.
C’est une première en France. La société Noorassur, spécialisée dans la finance islamique, a ouvert sa première agence à Chelles. Déjà forte de 3 000 clients et de 8 millions d’euros d’épargne collectés, elle vise la création d’une vingtaine d’agences d’ici fin 2016 et d’une centaine d’ici 2017.
Il ne s’agit pas pour autant d’une banque mais juste d’une agence de finance. On ne peut pas y ouvrir de compte courant. En revanche, on peut souscrire à des solutions d’épargne et d’assurance, comme une complémentaire santé ou une assurance vie. Certains produits visent particulièrement la communauté musulmane comme l’assurance annulation rapatriement en cas de pèlerinage à La Mecque, ou encore le contrat de responsabilité civile professionnelle « spécial mosquée ».
Des placements charia-compatibles
La particularité des placements « charia-compatibles » que l’agence propose réside dans le fait qu’ils n’entrent pas en contradiction avec les préceptes de l’Islam. Pour résumer, la finance islamique interdit par exemple toute spéculation, mais aussi tout prêt avec intérêt (l’emprunteur verse cependant une prime au prêteur). Il est également interdit d’investir dans des secteurs illicites comme l’alcool, le tabac ou les paris. Enfin, les profits, tout comme les pertes, doivent être respectivement partagés et supportés par les personnes parties prenantes d’un projet.
« La finance islamique n’est qu’un compartiment de la finance éthique, assure Mourad Chabchoub, directeur de l’agence et par ailleurs chargé du développement chez Noorassur. Ce que nous proposons, c’est une alternative à la finance traditionnelle et une possibilité pour les musulmans de France de placer leur argent en accord avec leurs convictions religieuses. Mais nous ne nous adressons pas qu’à eux, d’ailleurs 15% de nos clients ne sont pas de confession musulmane. »
Dans la salle d’attente, des vidéos pédagogiques sur la finance islamique sont diffusées. Dans des bureaux, des conseillers financiers reçoivent leurs clients. Une petite salle de prière avec de la moquette verte et des tapis tournés vers La Mecque est également disponible. « Je ne suis pas prédicateur mais conseiller financier, nuance Mourad Chabchoub. Aucun imam ne vient prêcher ici, c’est juste une pièce où nos clients peuvent se recueillir. »
« 20 000 emplos d’ici à fin 2016 »
Le succès est au rendez-vous. « Sur notre site Internet, nous recevons habituellement 1 000 à 1 200 demandes de rendez-vous par mois. Après l’annonce de notre ouverture la semaine dernière, nous avons reçu 350 appels en deux jours », se félicite Mourad Chabchoub, qui voit dans la finance islamique un levier vers l’emploi : son essor en France pourrait permettre de créer « 20 000 emplois d’ici à fin 2016 », estime-t-il. Mais ce développement ne plaît pas à tout le monde. Mourad Chabchoub indique avoir ainsi reçu la visite de « membres du Bloc identitaire », mais aussi diverses menaces depuis l’ouverture de son agence.