Les Républicains ont tenté de se présenter rassemblés lors d’un Conseil national organisé le 7 novembre. Mais Nicolas Sarkozy n’a pu dissimuler les voix discordantes de son propre parti.
Dans la famille de droite, je voudrais l’unité ? « Pioche !« , répondrait un observateur présent à la Maison de la Mutualité samedi. Le parti de Nicolas Sarkozy a validé les listes d’investiture des candidats aux élections régionales. L’occasion de montrer l’image d’un parti en ayant terminé avec les querelles intestines et les luttes fratricides pour l’hégémonie. D’entrée de jeu, Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée des Républicains, s’est voulue rassurante sur l’état d’esprit de sa formation. « Le fait que le Conseil National donne les investitures, c’est la meilleure réponse à toutes les polémiques. Maintenant, on est dans la dernière ligne droite » du scrutin.
Des absences qui pèsent
En réalité, ceux qui ont fait le plus parler d’eux, ce sont les absents. Ceux du discours de Nicolas Sarkozy notamment. Renvoyant au second plan les déclarations de bonnes intentions des cadres du parti et les enjeux de l’élection. Tout le monde avait son mot d’excuse, plus ou moins bien préparé. Du « j’avais piscine » à « la voiture n’a pas démarré« , tout y est passé.
Bruno Le Maire, député de l’Eure, évacue toute « malice » de sa part. Le deuxième homme de la droite lors de l’élection à la présidence de l’UMP il y a un an, est un poids qui compte désormais. Présent lors de travaux la matinée, il s’estime dispensé de discours car il a déjà soutenu des têtes de liste sur le terrain. « J’avais promis à Yves Jégo de venir au salon du Made in France cette après-midi » ajoute-t-il à la rédaction de Radio VL.
Pour Alain Juppé, c’est le destin qui a eu raison de sa venue. Le maire de Bordeaux n’a pu rallier la capitale suite à une panne d’électricité à l’aéroport d’Orly, empêchant tout atterrissage. L’ex-premier ministre se fend alors d’un tweet exprimant toute sa déception suite à cette annulation.
Au moment de décoller de Bx,Orly est fermé.Impossible de rejoindre le Conseil national LR à temps. Dommage!J’avais préparé un bon discours.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 7 Novembre 2015
Avant de communiquer sur son blog le discours qu’il aurait dû prononcer. Troisième et dernier ténor, l’ex-premier ministre François Fillon n’a même pas pris la peine de glisser une tête à la Mutualité. L’auteur de Faire a pris un vol pour la Réunion le jour même afin d’apporter son soutien au candidat LR de la région.
Nicolas Sarkozy : « c’est pas une auberge espagnole ici«
Ce qui devait s’annoncer comme une grande célébration, a tourné au règlement de comptes pour le parti de la rue de Vaugirard. Nicolas Sarkozy a voulu administrer une leçon de loyauté à Dominique Reynié, tête de liste LR en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. M. Reynié s’est attiré les foudres de l’ex-président de la République après avoir déposé une liste non-conforme à celle validée par la Commission nationale d’investiture (CNI) du parti il y a un mois. Arnaud Julien, secrétaire départemental de l’Hérault et proche de M. Sarkozy, s’est ainsi vu éjecter de la liste vendredi. En préambule de son discours, l’ex-chef de l’Etat a prévenu : « c’est pas une auberge espagnole ici« . Signifiant son attachement au « respect de la parole donné« , il a lancé : « c’est bien de faire tout pour sa famille politique pendant la campagne pour les investitures. Mais une fois qu’on l’a, ne l’oubliez pas« .
Une base militante attachée au culte du chef
Dans cette ambiance à couteaux tirés, Jean-Pierre Raffarin a tiré la sonnette d’alarme contre la dispersion. « Si collectivement nous sommes séparés, nous serons condamnés« . L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, figure historique de l’UMP, sait combien les rassemblements larges peuvent faire basculer une élection. Mais ce devoir d’unité n’implique pas « qu’il ne faut pas avoir de préférence » pour M. Raffarin. Question choix, certains militants interrogés samedi ont déjà tranché, suivant la tendance d’un récent sondage réalisé par BVA auprès de sympathisants de droite et du centre, qui placerait Nicolas Sarkozy en tête de la primaire du parti pour 2016 (38%). Ils font front derrière leur chef. Sylvie, militante de 61 ans, y est favorable. À propos des grands absents du jour, elle est sans détour : « L’important, c’est que le patron soit là pour parler. S’il ne vient pas avec ses secrétaires, ce n’est pas gênant« .