Quel peuple du monde peut accepter non pas une cure d’austérité mais un blanc seing, un coup de poignard ? Quel père peut tolérer voir son enfant sans avenir, à peine né, que des vautours se massent autour de lui pour sucer jusqu’à la moelle la dernière goutte de son sang tout frais. Quelle personne âgée peut voir tout ce qu’elle a aimé, s’assécher, devenir une terre aride. Comment nous peuples d’Europe pouvons-nous laisser agoniser une nation aussi glorieuse que la Grèce ? Quels professeurs de philo osent enseigner Platon, Aristote, et assister impuissant à l’agonie du berceau de la démocratie ?
Un jour un vieux monsieur a écrit un petit livre : le pouvoir des mots associé au pouvoir du coeur l’a transformé en symbole et l’homme qui, un jour, s’était élevé contre les plus grandes forces néfastes que le monde ait connu, a inspiré un immense mouvement d’espoir. L’indignation.
Aujourd’hui Athènes est en feu, aujourd’hui Athéna pleure sur les ruines de son temple. Les pierres de l’acropole ne sont plus un refuge, un havre de culture, mais une ruine néfaste. A ses pieds, le peuple, des retraités aux plus jeunes se battent contre des forces de l’ordre débordées, le feu gagne une des cultures les plus brillantes, celui qui s’échappe des bouteilles et qui est estompé par les fumées des gaz lacrymogènes. L’espoir d’une lointaine cosmopolis s’est estompé pour des générations qui ont vu l’Europe amie, se transformer en bête inhumaine, machine métallique, force comptable aux doigts acérés.
Peut-on admettre au XXIème siècle qu’un gouvernement démocratiquement élu signe l’arrêt de mort d’une population entière, le couteau de l’ensemble des dirigeants européens sous la gorge ? Peut-on admettre au sein de l’Europe des peuples, d’un espace pacifié, des scènes de guerre civile ? Ou doit-on attendre que débordé le gouvernement Grec en appelle à la solidarité européenne et que l’armée française soit envoyée pour réprimer sous bénédiction allemande une population légitiment en colère. Est-ce la vision de l’Europe ?
Ou alors est-ce la preuve de son échec ? L’échec même d’une ancienne vision, et l’échec d’une action, celle des politiques. Sans être communistes peut-on rester impassible devant les souffrances de millions de nos concitoyens européens ?
La Chute de la Grèce, est un scandale, celui des politiques corrompus, celui des banquiers véreux, celui des dirigeants incompétents, mais c’est aussi un signe avant coureur de la fin de la construction Européenne. Qui ne vaut rien . Car elle n’est pas la représentation de la volonté populaire , car elle n’est pas l’Europe des Peuples, mais malheureusement une immense bureaucratie au service de quelques intérêts.
Une espèce de marionnette aux beaux habits, mais à la consistance évidée, habillée d’or, mais percée, des flots de sang s’échappant de sa bouche. Le sang de Jean Monnet, de Schuman, et aujourd’hui de millions de grecs tachent de honte les étoiles du drapeau qui se teint de rouge.