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La Jean-Pol : de la nécessité de se taire.

Si ce 6 Mai prochain, François Hollande remporte l’élection présidentielle, plus que la victoire d’un homme ou celui d’un parti, ce sera la victoire d’une vision de la politique. F. Hollande notre « mollasson » national a compris la nécessité de se taire, et la force du silence. C’est sans aucun doute sa plus belle qualité et paradoxalement un des axes d’attaque les plus utilisés par ses adversaires politiques.
Raillé, traité de pleutre, de lâche, François Hollande fait preuve d’une intelligence rare, il renverse les nouveaux codes et s’impose dans ce qui est pourtant sa plus grande faiblesse  : la communication.


Il est bien difficile de battre un animal politique tel que l’actuel président de la République dans le domaine de la communication, en refusant le combat à mort que lui propose Nicolas Sarkozy, François Hollande s’approche chaque fois plus de la présidence. Nicolas Sarkozy a fondé sa victoire de 2007 sur sa personne, sur un certain enthousiasme que lui et son adversaire d’alors, Ségolène Royal, seuls, arrivaient à soulever. La campagne de 2007 fut à cet égard beaucoup plus enthousiasmante et le slogan de M Sarkozy : « Ensemble tout devient possible » témoigne bien de cet élan d’alors, de cette espérance, résolument tournée vers l’avenir, la France cherchait un chef charismatique pour l’emmener dans le XXIème siècle, celui de la modernité.

Nicolas Sarkozy s’est alors fait remarquer pour son admirable maîtrise des moyens de communication, et le candidat, friand amateur de séries télévisées a mis en scène le feuilleton de sa conquête de l’Elysée. Dès lors, pendant presque plus d’un an, la France a été gagnée par une véritable Sarkomania. Un président jeune, atlantiste, sportif et branché, loin de l’archétype de l’homme politique ennuyeux et ennuyant issu de l’ENA ou de quelconque  moule. L’homme brut de décoffrage a séduit par un certain naturel même si celui-ci était peut-être feint.
Nicolas Sarkozy le président réformateur, adulé par la droite qu’il a menée à une victoire éclatante, est alors au sommet de sa carrière.

À l’inverse la personnalité beaucoup plus lisse de François Hollande si elle ne soulève pas les masses populaires, elle ne peut pas non plus s’attirer les foudres des Français. En distillant avec parcimonie sa parole, en s’exposant le moins, le candidat socialiste laisse le champion de la droite s’époumoner dans le vide, il le laisse dans un vide angoissant.
Hollande s’il venait à remporter cette élection, ne l’aurait pas gagnée, c’est Sarkozy qui l’aurait perdue.

L’escalade verbale observée ces derniers jours est en ce sens symptomatique, puisque dans sa quête de l’électorat frontiste, le pugnace candidat se montre de plus en plus agressif. Il livre de fait à François Hollande, sans que le candidat socialiste se fatigue, un centre désorienté.

Nicolas Sarkozy peu importe le résultat de dimanche prochain aura marqué la politique, et la manière de l’exercer : en la révolutionnant, il l’a personnifiée. Il a transformé l’institution selon sa personne : on ne parle plus du président de la République mais de Sarkozy, non pas par manque de respect mais parce qu’il l’a voulu ainsi. Avec ses défauts, ses manies, sa générosité aussi et son énergie il l’a profondément humanisée,  à tel point qu’aujourd’hui le petit génie de la politique est devenu peut être inadapté :
En niant que la France était beaucoup trop complexe et grande pour être seulement à son image, il a renoncé à se transcender pour elle et surtout il a échoué à la rassembler.
Il s’est vu acteur, il devra du moins acter  l’échec de sa communication. En cristallisant l’espoir, l’admiration, mais aussi déjà les premiers relents de haine, il a ouvert la porte à toutes les passions. Surexposé, surmédiatisé, sa parole est rapidement devenue inaudible, au point même de devoir rajouter dans la surenchère. À force de gesticulations, l’admiration s’est muée en haine féroce.

Comme lorsqu’il a incarné la victoire, aujourd’hui il cristallise chez beaucoup la haine. Haine que certains lui reprochent d’attiser chaque jour à force de gesticulations, gesticulations que ses propres troupes reprennent dans ce qui est le simulacre d’une campagne. Peu de débats, beaucoup de polémiques, énormément de petites phrases, et de violence verbale, de la diffamation,même, et des injures :
En fin de compte « la France Forte » dans un dernier baroud d’honneur risque bel et bien de s’essouffler et de laisser gagner par K.O la « force tranquille » d’un Hollande silencieux.

La politique m’effraie et la France m’inquiète.

Jean-Noël Galve de Rochemonteix

 

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