Du jour où lendemain, un vent de catastrophisme s’est abattu sur le navire France à tel point que les marins songent à se mutiner et à changer de capitaine.
M’enfin quel navire ? Sinon un navire dévoré par les mites et dont les passagers sont tous atteints par le scorbut du désespoir et de la résignation.
Car enfin peut-être qu’il faut attendre de célébrer le naufrage du Titanic pour que la France s’échoue, échoue.
M’enfin laissons la couler pour ce qu’elle est devenue… un tissu moisi par l’ânerie de ses tisserands alors même que chaque maillon est d’une qualité remarquable.
J’aime l’image d’un bateau qui coule, je l’utilise souvent. Au delà de la perte du triple AAA et de sa raison d’être il y a bien des choix politiques qui nous ont mené au désastre.
Le premier et le plus terrible est l’abandon de l’action publique, le technicien remplaçant les chefs, ces derniers pourris par l’aveuglement ont sabordé le navire. Il aurait fallu faire des choix ambitieux, provoquer des marées, faire souffler un nouveau vent d’espoir vers le futur. Il n’en a rien été. Jamais.
Aujourd’hui partout dans le monde la légitimité démocratique s’effondre devant celle de l’argent. Ce n’est pas que le pouvoir de l’argent est en soi condamnable, c’est plutôt qu’il l’est lorsqu’il triomphe seul ; Quid de la solidarité, de la démocratie, du droit des peuples à exercer leur souveraineté ? oubliés, vendus, sacrifiés sur l’autel de l’austérité.
Qu’est-ce qu’une agence de notation, qui s’amuse à délivrer des brevets de bonne conduite (au-delà de l’idée évidente qu’on ne peut pas toujours dépenser l’argent que l’on ne possède pas ) et qui ce faisant brûle les espoirs d’une population entière ?
Est-ce une agence de conseil, un bureau de coaching pour Etats dans le besoin ? Non.
Le monde économique est gouverné par des schizophrènes en puissance, et les premiers qui réclament de l’austérité sont les premiers à s’inquiéter de son impact dévastateur sur les rentrées fiscales et donc la difficulté à rembourser.
Au mieux ce sont des imbéciles, au pire de dangereux pervers…
Et notre pauvre président à l’air aujourd’hui si petit face à Angela, super AAA. Elle même regarde son navire à la coque solide ralentir et se diriger dangereusement vers de bien dangereux récifs : Deutschland ist swach . Oui l’Allemagne est faible car son modèle de réussite repose sur le fait exceptionnel de sa situation, et sa puissance s’est appuyée sur la consommation de ses produits de qualité. Las , hélas ses partenaires ruinés, la lâchent. Adieu exportations… Adieu exception, adieu puissance.
Le marché mondial se contracte la première puissance commerciale, l’UE vacille, et ce n’est pas les marchés chinois ou indiens qui vont la remplacer.
Le plus drôle, peut être, est la docilité des politiques européens, et la vanité des solutions qu’ils ont osé proposées… Pour économiser, coupons la consommation, récupérons plus d’argent sans pour autant peser sur ceux qui en ont. A la chasse au moindre centime, c’est à qui sera le plus dévastateur.
Sans compter les espèces de Messie qui d’un coup se révèlent comme porteurs d’une solution miracle : mélange abject de protectionnisme imbécile, de xénophobie, et d’un tas de sottises qui si nous n’étions pas en période de crise seraient plutôt amusantes….
Loin de moi l’idée de prétendre posséder des solutions miracles, je vois pourtant quelques pistes… Tout d’abord remettre le politique à sa place, rappeler que la politique n’est pas affaire de gestion, mais de vision : La mienne serait une réduction budgétaire raisonnable et raisonnée. Adaptée aux besoins de la population elle entamerait le moins possible le pouvoir d’achat des ménages.
Pour commencer la réduction drastique des dépenses militaires, la fin des opérations extérieures et la mutualisation des moyens militaires afin de compenser l’affaiblissement au moins temporaire des forces armées de chaque pays.
Par souci d’équité, la réduction drastique des frais de fonctionnement et de représentation de la République.
Une réforme foncière et fiscale simplifiée au niveau européen qui tente de déterminer au plus simple et le plus justement le total des sommes à ponctionner et induit le rabattement des niches fiscales.
La mise en place d’une taxe sur les produits financiers dérivés, la mise en place de la taxe carbone, mais aussi l’instauration d’une taxe, « justice sociale ». Celle-ci toucherait les produits exportés par des pays qui ont des normes sociales bien inférieures et où le dumping social comme fiscal fait loi.(même d’un montant infime ce sont des moyens de financement insoupçonnés ! ).
Cet effort budgétaire devra s’accompagner dans un second temps d’un effort d’investissement, dans l’écologie, la haute technologie et l’éducation : Les piliers d’une véritable puissance …. Ce naufrage est l’opportunité d’à nouveau tout reconstruire !
Non je ne suis pas communiste, non je ne suis pas souverainiste, je suis simplement persuadé que nous avons une certaine Europe à défendre, à protéger, un modèle que nous devons continuer d’aimer :
Je ne suis donc pas libéral, je suis continental, je ne suis pas pour une mondialisation sauvage, mais fervent admirateur d’une mondialisation à double échelle, celle qui profite aux entreprises et une qui profite enfin aux salariés .
Une mondialisation qui permette de redresser le navire, et d’en virer les parasites.
En attendant puisque nous sommes entourés d’imbéciles prenez votre gilet de sauvetage orange…