Depuis mardi, la proposition de la loi sur la « sécurité globale » est débattue par les députés, mais certains considèrent cette proposition comme une entrave au métier de journaliste
Mardi soir des heurts ont éclaté devant l’Assemblée nationale. En effet, des personnes manifestaient contre la proposition de loi sur la « sécurité globale« . Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent que les forces de l’ordre ont demandé aux journalistes présents de se disperser et de quitter les lieux.
Suite à cela, deux journalistes, un photographe de Taranis News et un journaliste de France3 Ile-de-France, ont été arrêtés et placés en garde à vue. Dans un communiqué la direction de France3 « condamne avec la plus grande fermeté cette arrestation abusive et arbitraire d’un journaliste dans l’exercice de son travail ».
« se rapprocher des autorités pour pouvoir rendre compte, faire (leur) travail »
Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a affirmé que les journalistes doivent « se rapprocher des autorités » en amont pour « pouvoir rendre compte, faire (leur) travail« . Il explique aussi que « un officier référant peut être utilement désigné au sein des forces et un canal d’échange dédié mis en place, tout au long de la manifestation, avec les journalistes, titulaires d’une carte de presse, accrédités auprès des autorités ». Cependant, il ne précise pas que la profession de journaliste peut aussi être exercée sans l’obtention d’une carte de presse.
Face à cela de nombreux journalistes ont fait part de leurs inquiétudes et mécontentements. Nicolas Chapuis, journaliste reporter pour LeMonde, a indiqué « il n’y a pas d’accréditation à avoir pour exercer librement sur la voie publique notre métier ».
Voyant la gronde s’élever Gérald Darmanin s’est expliqué sur Twitter. Il a précisé dans un tweet que « les journalistes peuvent, sans en avoir l’obligation, prendre contact avec les préfectures en amont des manifestations ».
Des manifestations contre l’article 24 de la proposition de loi
Depuis son annonce la proposition de loi sur la sécurité globale fait grincer des dents. Soutenue par la majorité « La République en Marche » et « Agir », la proposition de loi inquiète certains. En effet, ils voient en cette loi la fin de la liberté de la presse. Mais c’est plus précisément l’Article 24 qui fait réagir. En effet, cet article viendrait modifier le droit de la presse de 1881. Ainsi diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un policier ou d’un gendarme en fonction et atteindre « à son intégrité physique ou psychique » serait punissable d’un an de prison et d’une amende de 45.000 euros.
Les syndicats et associations de journalistes ainsi que la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) contestent cette disposition. Ces organisations estiment que cette proposition de loi « a pour objectif réel de restreindre le droit des journalistes et la liberté de la presse de manière disproportionnée par rapport à la réalité de la menace ». Ainsi cela « permettrait d’interpeller tout journaliste qui filme en direct une opération de police, de le placer en garde à vue » en saisissant son matériel et de « l’envoyer devant un tribunal ». Ce dernier serait le seul « à même de déterminer si l’intention malveillante est établie ». Beaucoup dénoncent aussi le fait que le gouvernement souhaite réfuter toute présence de violences policière et de vouloir en effacer les preuves.
Le Syndicat National des Journalistes(SNJ) appelle à un nouveau rassemblement samedi après-midi, place du Trocadéro à Paris. Le SNJ de France Télévisions a indiqué dans un communiqué que « les graves incidents du 17 novembre doivent tous, journalistes, dirigeants de presse et citoyens, nous rappeler que la liberté d’informer est menacée« .