Présenté au dernier festival de Toronto, le premier film du réalisateur espagnol Galder Gaztelu-Urrutia est un huis-clos angoissant où la règle du « premier servi » prime sur le principe de solidarité. Âmes sensibles s’abstenir.
Disponible depuis le 20 mars sur Netflix, l’histoire de ce long-métrage horrifique se déroule dans une prison en forme de fosse, disposant verticalement de centaines de cellules. Les détenus y sont nourris à l’aide d’une plate-forme, type de monte-plat géant qui descend progressivement les niveaux de la tour.
Un système à première vue équitable si chaque détenu ne prend que sa juste portion, mais profondément injuste dans la pratique, puisque ceux situés aux niveaux supérieurs ont la capacité de prendre plus de nourriture, et donc de ne laisser que les miettes aux autres.
La perversité de ce système est élaborée par « L’Administration » afin de faire ressortir les pires impulsions de la nature.
Il semble impossible de ne pas voir ces agissements être altérés par le manque, puis l’abondance et enfin la carence totale de nourriture. De plus, les détenus sont chaque mois transférer d’étages pour opérer un système de rotation.
Certains critiques comparent même ce film à « Parasite » (le phénomène de Bong Joon-Ho), puisqu’il s’agit au final d’une satire sociale pointue, jetant un regard profond sur les dommages causés par notre système de classes où les privilégiés « se gavent ».
« La Plateforme » agit d’autant plus actuellement comme un révélateur de notre société qui, mise à mal par le Covid-19, pousse les populations à déferler sur les denrées non-périssables en générant le manque, et où certains continuent encore de sortir sans penser au danger.
Est-ce néanmoins une bonne idée de regarder ce film dans une telle période ? Il est important de rappeler que le gore et la violence sont extrêmement présents, et qu’il est surement préférable d’éviter de cliquer sur le bouton « lecture » dans un moment qui peut être si anxiogène.
Mais pour les individus peu sensibles et amateurs d’œuvres horrifiques ou malsaines, « La Plateforme » vous offrira ce que vous recherchez, en plus d’une réflexion plus que pertinente sur l’égoïsme et l’individualisme actuels de nos sociétés.