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La Premier League fait sauter la banque !

Dans le monde du football, cette semaine a été marquée par l’annonce du nouveau montant des droits de diffusion de la Premier League anglaise. Des sommes un peu plus astronomiques puisque les droits du championnat anglais vont atteindre près de 7 milliards d’euros (5,18 milliards de livres sterling) pour la seule diffusion domestique du championnat anglais auxquels il faudra ajouter les droits de diffusion à l’étranger.

Ces droits qui vont être négociés dans les semaines et les mois qui viennent pourraient atteindre 4 à 4,5 milliards d’euros supplémentaires pour la Premier League. En effet le championnat anglais est largement suivi à l’étranger notamment dans les pays anglophones (États-Unis, Nigeria, Afrique du Sud, Inde…).

Ces négociations pourraient paraître anecdotiques et finalement n’être que le reflet de la bulle financière qui enfle autour du football professionnel en Europe. Mais cette renégociation des droits TV en Angleterre risque de renforcer les déséquilibres qui vont avec l’accroissement des enjeux économiques et financiers dans le football.

La Premier League, rendez-vous des grands joueurs du football mondial

Angel Di Maria, l'une des dernières stars du football mondial à avoir débarqué en Premier League, du côté de Manchester United.

Angel Di Maria, l’une des dernières stars du football mondial à avoir débarqué en Premier League, du côté de Manchester United.

L’Angleterre et la Premier League sont devenues le principal pôle d’attraction pour les joueurs du monde entier. Les revenus et l’exposition médiatique proposés aux joueurs sont sans commune mesure avec ce qu’ils peuvent trouver dans les autres championnats. Aujourd’hui, on compte huit clubs anglais parmi les 20 clubs les plus riches d’Europe, et les 20 clubs de Premier League font partis des 40 clubs les plus riches du continent.

A côté, seules quelques équipes sont capables de faire le poids. Il s’agit principalement des clubs qui trustent les tours finaux de la Ligue des Champions comme le Bayern Munich, Barcelone ou le Real Madrid, ces deux derniers profitant aussi d’une répartition beaucoup plus inégalitaire des droits TV en Espagne.

Cette attractivité de la Premier League se ressent en France où de nombreux joueurs tentent désormais leur chance en Angleterre sans forcément rencontrer la réussite escomptée. Il y a une quinzaine d’années, partir à l’étranger était principalement le fait de joueurs internationaux, qui après avoir réussi un bon début de carrière en France se voyait offrir la possibilité de jouer pour un grand club européen.

Désormais, partir à l’étranger et notamment en Angleterre est devenu relativement banal. Ils sont 34 français à évoluer en Premier League dans 15 clubs différents. Au-delà d’Arsenal, devenu un creuset pour les espoirs du football français depuis l’arrivée d’Arsène Wenger, on compte d’importantes concentrations de joueurs français à Newcastle (6 joueurs), Manchester City (5 joueurs) et Tottenham (4 joueurs).

Une évolution qui ne va pas sans débats en Angleterre. La Premier League ne compte aujourd’hui qu’un tiers de joueurs anglais. Une situation qui se traduit ces dernières années par des résultats moyens de l’équipe nationale anglaise qui  ne parvient pas à briller en Coupe du Monde ou lors des Euros.

Cette tendance risque pourtant de s’accentuer avec les nouveaux droits TV négociés en Angleterre. Un constat qui a amené Bernard Caïazzo, le président de l’AS Saint-Étienne, à déclarer que la Premier League allait devenir « la NBA de l’Europe« . En d’autres termes, un championnat qui concentre argent et visibilité médiatique et qui éclipse tous les autres championnats européens. Un risque qu’il faut nuancer du fait de l’importance des compétitions européennes et notamment de la Ligue des Champions, compétition dans la quelle les clubs anglais sont loin d’être dominateurs.

Parlons chiffres…

Richard Scudamore, le directeur général de la Premier League. C'est lui qui a dirigé les négociations qui ont abouti au montant record des droits TV pour la Premier League

Richard Scudamore, le directeur général de la Premier League. C’est lui qui a mené les négociations qui ont abouti au montant record des droits TV pour les saisons 2016-2019

Malgré tout, ceux qui craignent les effets de cette nouvelle inflation des droits TV ont raison de s’inquiéter. En Angleterre, les nouveaux accords qui s’appliqueront pour les saisons 2016-2019 représentent un accroissement de 70 % par rapport au précédent accord. Ces 5,18 milliards de livres (7 milliards d’euros), correspondent à un pécule d’environ 1,7 milliards de livres (2,3 milliards d’euros) à distribuer chaque saison. A cette somme, il faudra rajouter les sommes récoltées à partir des revenus des droits télévisuels à l’étranger.

Cet argent est redistribué à partir d’un système de répartition qui se divise en quatre parties :

l’equal share (part égale), qui comme son nom l’indique est une part distribuée de manière égalitaire à tous les clubs. Elle représente 50 % de l’argent distribué à partir des droits TV domestiques (sans compter les droits TV à l’international)

les facility fees qui correspondent au nombre de fois où le club est passé à la télévision, avec un minimum de dix passages. Les sommes peuvent varier sur une échelle de 1 à 2,5 (Celui qui gagne le plus d’argent au titre de fees peut gagner jusqu’à 2,5 fois plus que celui qui gagne le moins). Ces « fees » (frais) représentent 25 % de l’argent distribué sur la base des droits TV domestiques.

le merit payment  (revenu au mérite). Cette partie est redistribué en fonction de la place occupée en fin de saison. Du fait du nombre de clubs en Premier League, les sommes versées varient sur une échelle de 1 à 20. Cette partie représente également 25 % de l’argent distribué au titre des droits TV domestiques

– la dernière partie est composée des oversees tv et du central commercial qui correspondent principalement aux revenus liés à la diffusion de la Premier League à l’étranger. Cette partie est distribuée à l’ensemble des clubs à parts égales.

A l’issue de cette répartition, les revenus distribués à l’ensemble des clubs au titres des droits TV doivent varier sur une échelle de 1 à 1,57. A titre d’exemple pour la saison 2013/2014, c’est Liverpool qui a touché la plus grosse part de ces droits TV avec plus de 97,5 millions de Livres (131,6 millions d’euros) contre quelques 62 millions de Livres (83,7 millions d’euros) pour Cardiff City. Des chiffres qui montrent par ailleurs que ce n’est pas forcément le champion qui touche le plus de droits TV puisque Liverpool a terminé deuxième cette saison, coiffé au poteau par Manchester City.

Du fait de l’accroissement des revenus liés aux droits TV pour les saisons prochaines, il faut s’attendre à ce que ces sommes soient encore accrues. On peut déjà imaginer que le dernier de Premier League pourrait toucher entre 100 et 110 millions de Livres (135-150 millions d’euros) par an, une équipe de milieu de tableau entre 130 et 140 millions de Livres (175-190 millions d’euros) et les meilleurs pourraient recevoir entre 170 et 175 millions de Livres (230-236 millions d’euros) chaque année.

Prêts à écraser l’Europe?

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Maintenant, on va avoir tout ce qu’il faut pour gagner la Champions League

Ces chiffres sont d’autant plus impressionnants lorsqu’on les rapportent aux revenus annuels des clubs des autres grands championnats européens (Espagne, Allemagne, France et Italie). Selon le dernier rapport du cabinet Deloitte paru en janvier 2015, seuls une douzaine de clubs européens ont des revenus annuels (droits TV, ventes de billets, merchandising, sponsoring…) supérieurs à 230 millions d’euros et cinq d’entre eux sont anglais (Manchester United, Manchester City, Chelsea, Arsenal et Liverpool). Par ailleurs, dans les quatre championnats cités, seules douze équipes (dont deux en France : le PSG et l’AS Monaco) ont des revenus annuels supérieurs à 135 millions d’euros.

A ce jour, Il est difficile de prévoir toutes les conséquences qui découleront de cette nouvelle donne. Pourtant il semble évident que de nombreux clubs, notamment en France, vont probablement continuer à vendre leurs meilleurs joueurs aux plus offrants peut-être de façon encore plus systématique qu’aujourd’hui. Une manière d’alimenter la « machine à rêves » qui se construit outre-manche. La Premier League qui pourrait rattraper à moyen terme la NFL américaine en terme de volume financier (8,4 milliards d’euros de revenus en 2014 dont 4,34 milliards en droits TV), pour le meilleur et pour le pire…

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