Dans une ambiance tendue, et après que l’association des syndicats étudiants la FAGE ait lâché le gouvernement, la réforme de l’université a été entérinée par le Sénat le 15 février. Quelles sont les réactions des principaux concernés par cette réforme ?
La restriction des effectifs
Cette réforme a enfin été entérinée par le Sénat par 250 voix contre 93. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait décrit cette nouvelle réforme comme permettant « d’accompagner plus de lycéens et d’étudiants vers l’enseignement supérieur et la réussite ». Il s’agit pour elle de passer d’une politique prônant le « supérieur pour tous » à une politique plus exigeante prônant « le succès dans le supérieur pour tous ».
Les changements concrets dans l’université française seront visibles dans plusieurs domaines. D’une part, les formations universitaires auront des effectifs plus restreints en fonction notamment des statistiques de réussites à la fin des trois années, et des statistiques d’insertion professionnelle. Désormais, les profils des futurs étudiants seront examinés et non tirés au sort. Les examinateurs pourront s’appuyer sur les dossiers déposés sur la plateforme ParcoursSup, et juger de leurs « adéquations » avec la formation et ses « attendus ». Suite à cet examen, trois solutions s’offrent à l’examinateur : accepter directement l’élève, lui proposer une remise à niveau, ou le refuser, uniquement si les capacités d’accueils sont atteintes.
D’autres part, les systèmes de compensations seront supprimés, et les possibilités de redoublement en filière médecine également. Un système de prise en compte de l’assiduité des étudiants pour le versement de la bourse sera également mis en place: « La remise d’une copie blanche aux examens ne peut suffire à justifier de l’assiduité de l’étudiant », déclare Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains des Hauts-de-Seine.
Auprès des étudiants, la réforme passe mal
Cette réforme est relativement mal vue parmi les étudiants. La FAGE a d’ailleurs arrêté de soutenir le texte, tant le texte leur semblait « vidé de son sens », après avoir été entériné par le Sénat.
Tom, 23 ans, doctorant en science politique, n’apprécie pas cette réforme. D’après lui, elle n’aborde pas le problème sous le bon angle : « Cette réforme ne touche pas que cette question de la sélection mais également : l’autonomie des laboratoires, les possibilités de financement notamment en plus de la non prise en compte de la précarité étudiante et des doctorants […] Le problème n’est jamais posé dans le bon sens. Pourquoi questionner la sélection. C’est bien qu’il y a un problème de place et de moyens. Alors pourquoi ne pas questionner le manque de moyens ? On doit débattre des conséquences du problème. »
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Daphné, elle, est davantage mécontente de la conception qu’a le gouvernement de l’objectif de l’université pour ces jeunes bacheliers : « Je pense que le gros travail est à faire avant la licence (orientation), et pendant la licence. Et en même temps, on a parfois besoin d’essayer pour savoir ce qui nous correspond ou pas. Ne pas laisser la chance à des lycéens qui n’ont pas des bonnes notes au bac (qui souvent est général donc parfois pas attrayant) est une mauvaise idée selon moi, car ils peuvent très bien trouver leur compte à la fac, dans une branche plus spécialisée qui leur plaisent. »
Kévin lui, soutient au contraire complètement cette réforme: » La sélection à l’Université est indispensable pour lutter contre l’échec scolaire, et pour responsabiliser les élèves et les parents dès l’entrée au lycée. Et surtout c’est indispensable avec le boom démographique, il n’y a plus de places malheureusement pour tout le monde, parce qu’il n’y a plus d’emplois pour tout le monde. L’enjeu par contre ça va être de réussir à faire rentrer ça dans la tête d’élèves de seconde et de première, et justement la réforme du bac, à la carte, semble être la solution. Et l’année de remise à niveau, si on n’est pas sélectionné pour notre formation sur la nouvelle plateforme, c’est super parce que ça te fait gamberger, tout en te laissant les portes ouvertes. »