Comme chaque année, le Festival Chorus ouvrait la saison des festivals avec sa programmation éclectique et ambitieuse. Pour sa trentième édition, les organisateurs avaient misé sur un tout nouveau lieu pour le week-end : La Seine Musicale, située au coeur de l’Ile Seguin à Boulogne-Billancourt. Et c’est peu dire que le lieu s’adapte particulièrement à une configuration “festival” : pas moins d’une scène extérieure, deux studios adaptables en scène et un auditorium avaient ainsi été installés, pour accompagner la grande salle, qui peut accueillir 7000 personnes.
Une programmation résolument hip hop
Après une journée de samedi à la programmation éclectique, à l’image du concert du duo Nasser, dont vous pouvez retrouver l’interview ici , les organisateurs avaient misés sur une programmation essentiellement rap sur cette journée du dimanche. La journée commence avec Lonepsi, dans l’auditorium. Dans cette salle intimiste, dotée d’une acoustique exceptionnelle, mais avec uniquement des places assises, Lonepsi parvient à embarquer le public dans son univers si particulier. S’il nous confiera après le concert avoir été légèrement désarçonné par cette configuration atypique, le rappeur s’affirme néanmoins comme une des étoiles montantes du rap français.
Celui qui nous confie avoir véritablement trouvé son style avec le morceau Le loup des Steppes a en effet pris une nouvelle dimension avec son dernier projet Sans dire adieu. Dans ce projet, il rend notamment hommage à de nombreuses reprises au poète Charles Baudelaire, dont il assume s’inspirer fréquemment.
Comme toujours en festival, et encore plus lorsqu’il y a cinq scènes, apparaît la nécessité de faire des choix complexes. Adieu Siboy et Aaron Cohen, la deuxième rotation sera consacrée à Joël Culpepper, toujours dans l’auditorium. L’artiste anglais, popularisé par Colors, llivre une performance assez exceptionnelle, entre rap et chant, et enchante rapidement l’ensemble de la salle.
Des performances atypiques en enthousiasmantes
Mais que dire par la suite de la performance de Berywam, sur la scène extérieure ? Les quatre beatboxers enchante tout particulièrement le public, en réalisant un show sans aucun instrument, et dans lequel plusieurs passages semblent surréalistes, notamment la reprise a capella de La Bohème en solo… Tout simplement exceptionnel !
Il est ensuite grand temps de prendre la direction de prendre la direction du concert de Gaël Faye, qui a les honneurs de la grande salle. L’occasion d’embarquer dans l’univers bucolique de cet artiste singulier, qui est également un écrivain à succès, lauréat du prix Goncourt des Lycéens pour son premier roman Petit pays.
Après un rapide passage par le show de Josman, qui transforme le studio Club Tutti en turn up géant, retour à l’auditorium, cette fois pour découvrir le projet prose. Emmené par le pianiste Issam Krimi, ce projet est composé également du DJ DTWeezer, d’un quatuor à cordes, et de deux rappeurs, S-Pri Noir et Sadek. A cause de la grève des trains, Sadek est malheureusement retenu en Province ce dimanche. Mais ce projet n’en reste pas moins singulier et à découvrir de toute urgence. C’est en effet l’occasion unique de voir les rappeurs alternés reprises de poèmes qui les a marqués et versions inédites de leurs plus grands succès. La reprise du morceau Paramètres de S-Pri Noir est particulièrement réussi.
Avant le concert, Issam Krimi, à l’initiative du projet et également d’un autre projet similaire, Hip Hop Symphonie, nous confiait sa volonté de mettre les textes des rappeurs en avant, mais également de proposer quelque chose de nouveau. L’expérience est réussie, et l’on ne peut qu’espérer que des projets similaires voient le jour à l’avenir.
Pour finir cette journée bien chargée, rendez-vous dans la grande salle. Les organisateurs ont choisi le mythique groupe NTM pour conclure cette trentième édition. Durant leur live de une heure trente, un format rare en festival, Kool Shen et Joey Starr ont enflammé la salle, en jouant tous les titres qui ont faire leur succès. Mention spéciale pour le morceau clôturant le show, IV My People, pour lequel Busta Flex, Zoxea et Lord Kossity rejoignent les deux rappeurs pour une fin endiablée.