Vivre dans le Bronx dans les années 70 n’avait rien de facile. Guerre de street gangs pour la domination locale, entre portoricains et afro-américains, dans le quartier plus connu pour ces mafias immobilières, la misère des habitants et le trafic de l’héroïne de masse que pour son essence culturelle. Mais le 8 décembre 1971, le quartier new-yorkais va renaître un petit laps de temps pour un cessez-le-feu illusoire mais déterminant pour la joute street dance. C’est de ce rendez-vous que va naître notamment la Zulu Nation et l’émergence des Black Spades de Kevin Donovan.
Les Ghetto Brothers, des show-mans fédérateurs
Un accord de paix pour faire le tri dans le « borought« , sous l’influence majeure des meneurs : les Ghetto Brothers, une bande de portoricains sans limite, mais avec une créativité qui donnera naissance à des concerts de rue qui rassemblera enfin les habitants du Bronx. Benjy Melendez, un meneur charismatique d’une vingtaine de piges emmènent sa troupe pour lutter face aux dealers, et calmer les rivalités entre gangs, avec une méthode simple : le hip-hop.
Un block party rien de plus compliqué pour un acte révolutionnaire. Une musique sans les prémisses du rap actuel, omniprésent dans la danse de rue, ni de salsa, symbole portoricain fort à cette époque. Les frères Melendez, noyau des Ghetto Brothers, bâtissent leur empire musical autour des Beattles sous le mouvement beatlemania, phare des sixties. De la pop, soupoudrée de doowop, mixée par un funk gravé à la perdu latino. Une influence de Liverpool devinée sans peine. Tout ça pour un discours spanglish donnant un album « Power-Fuerza« , sorti un 1972 et que le label Truth & Soul a décidé de réhabiliter près de 40 ans après.
Power-Fuerza
Los Junior Beatles, rebaptisé Ghetto Brothers, tentent de s’en sortir par leur musique pionnière avec un message clair qu’on peut lire au dos de la pochette « This album contains a message, a message to the world, from The Ghetto Brothers« . La légende du rock’n’roll, le mythe du hip-hop.