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La victoire de Syriza vue par les médias allemands

Mettre fin à la politique d’austérité en Grèce, tel est le point-phare du programme d’Alexis Tsipras, dont le parti de gauche radicale, Syriza, est sorti en tête avec près de 36 % des voix recueillies. Grande déception pour l’Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel incarne cette politique d’austérité ? Les médias allemands sont plus nuancés.

La victoire du parti de gauche grec Syriza qui est sorti en tête hier lors des élections parlementaires avec près de 36% est commentée de toutes parts au sein de l’Union européenne : sur les réseaux sociaux, dans les journaux, sur les chaînes d’informations, auprès de la classe politique de Bruxelles. Le succès du parti de gauche radicale d’Alexis Tsipras se situe dans un contexte économique particulièrement désastreux en Grèce, où la politique d’austérité, prônée par la Troïka (la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds Monétaire International (FMI)) n’a pas redressé l’économie.

Les Grecs se sont exprimés hier dans les urnes en faveur d’un parti dont le programme constitue une rupture avec les politiques libérales menées jusqu’à présent : négocier avec les pays créanciers, la Troïka et le FMI pour effacer la dette grecque. Autrement dit, mettre fin à la politique d’austérité, donc remettre en question la politique de la zone euro – une première dans l’histoire de l’Union monétaire, et qui laisse augurer différents scénarios et soulève des questionnements : Cela parviendra-t-il à faire remonter l’économie grecque ? Quels compromis devra faire la Troïka ? La Grèce pourra-t-elle rester dans la zone euro ? Cela aura-t-il un effet domino sur les autres pays endettés tels que le Portugal et l’Espagne ? Alexis Tsipras se montre rassurant : « Il n’y aura pas de désaccord catastrophique » avec la Troïka, d’après lui.

Alexis Tsipras/ Photo: Imago/ Invision

Alexis Tsipras/ Photo: Imago/ Invision

 En Allemagne, les médias partagent des avis parfois plus nuancés, mais aussi d’autres qui vont dans son sens. Le quotidien supra- régional, la Frankfurter Allgmeine Zeitung, critique Tsipras dans un article intitulé « Le populiste évite les accents antieuropéens ». Certes, assène l’auteur de l’article, Tsipras évite d’attaquer les eurocrates de Bruxelles, mais surtout parce qu’en contrepartie, Berlin, la chancelière Angela Merkel et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble lui « suffisent comme ennemis ». Tsipras est décrit presque comme un manipulateur, qui cherche à se démarquer de la classe politique par sa tenue, et qui « a étonnamment bien réussi à faire croire à beaucoup de Grecs qu’il n’appartient pas à la classe politique. » Il ne porte jamais de cravate pour la raison suivante : « Je suis certes un homme politique, mais différent des autres. », a-t-il déclaré. Par ailleurs, le quotidien assure qu’ « il y aura beaucoup de choses, parmi ses promesses, qu’il ne tiendra pas. » En outre, il s’agit d’une critique acerbe du chef du parti Syriza, qui rendrait l’Allemagne en partie responsable des maux de la Grèce.

Le journal en ligne Der Spiegel-Online et le quotidien Süddeutsche Zeitung partagent des avis moins catégoriques et plus positifs. Le Spiegel voit dans la victoire de Syriza et de son jeune leader de 40 ans un « règlement de comptes avec la vieille élite politique sous un retard », cette élite « non productive » et privilégiée. De plus, il affirme que « personne ne peut tenir rigueur » à ses électeurs de ne plus vouloir mettre leur avenir entre les mains des conservateurs Nea Dimokratia et les socialistes Pasok qui les ont, trois décennies durant, poussés dans un abîme. Cela représente peut-être le « temps pour un scénario positif « .

Le quotidien Süddeutsche est lui aussi nuancé et n’annonce pas les prochaines négociations entre la Troïka et Alexis Tsipras sous de mauvais augures. « Si les fronts semblent être irréconciliables, il n’y a pas de raison de laisser place aux scénarios catastrophes », signale l’auteure de l’article. D’une part, selon elle, l’Europe s’est préparée depuis quelques temps à négocier autour de ce sujet. D’autre part, un intérêt commun relie les négociateurs : la stabilité de l’Union monétaire. Enfin, il ne s’agira pas d’un bras de fer, mais les compromis émaneront des deux côtés des négociateurs. L’auteure dénonce par ailleurs « une économie et une élite politique corrompue » qui ont ruiné le pays.

Aussi, la lecture de la presse allemande laisse entrevoir des avis nuancés sur la victoire de la gauche radicale en Grèce. Les médias sont dans l’ensemble d’accord sur un point: les Grecs ont exprimé, par leur vote, leur souhait de mettre fin à une politique corrompue d’oligarques. Les conséquences que cela implique se feront sentir ces prochains mois.

Photo: REUTERS et Imago/Invision

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