Le secteur de la communication sociale est de plus en plus fragilisé, non seulement par le boom des réseaux sociaux, qui privilégient une information instantanée, mais aussi par la récente crise économique, qui affaiblit les ventes des versions papier et l’acquisition de publicités. Le groupe Lagardère Active, premier éditeur de magazines de France, en paye les frais puisqu’il vient d’annoncer, ce jeudi 17 octobre, la mise en vente de dix titres de presse magazine.
Be, Première, Psychologies Magazine, Auto Moto, Campagne et Décoration, Le Journal de la Maison, Maison & Travaux, Mon Jardin Ma maison, Union et Pariscope seront mis en vente afin de réorganiser l’activité presse du groupe média autour de ses marques phare. Selon un communiqué de la direction de l’entreprise, « ces titres cédés sont de grande qualité, ils ont des équipes hautement professionnelles. Mais Lagardère Active doit impérativement resserrer son portefeuille pour concentrer ses efforts d’investissement », en se recentrant « sur ses marques les plus puissantes pour mobiliser au service de leur développement tous les moyens humains, marketing, technologiques et financiers du groupe ».
Le projet de restructuration prévoit que la vingtaine de magazines restants pourrait être regroupés en cinq « Univers », en version papier et numérique : « Féminin haut de gamme » (Elle, ses déclinaisons et ses licences à l’international ainsi que Art et Décoration), « Actualité » (Le Journal du Dimanche, Paris Match et Version Fémina), « Grand public » (France Dimanche, Ici Paris, Télé 7 Jours, Telé 7 Jeux), « Divertissement » (Public et les sites T7J, Plurimedia, TV Replay, BilletReduc, ainsi que les développements numériques de Première et de Pariscope, dont seules les versions papier sont à vendre) et un dernier pôle « Familial » (Doctissimo, Info Bébés, Parents).
Selon le président de Lagardère Active, Denis Olivennes, le groupe devrait aussi faire évoluer certains magazines pour les déployer sur les supports numériques. Le titre people Public pourrait ainsi abandonner sa version papier pour se concentrer seulement sur internet.
Pour le groupe média, l’important est d’assurer la préservation des emplois des salariés. Cette réorganisation pourrait, cependant, conduire à la suppression de 350 postes sur les 1200 que compte la branche presse, en dehors des effectifs liés aux activités de Lagardère Active dans la radio (Europe 1), à la télévision (Gulli) ou dans la production audiovisuelle, si la vente des magazines ne trouvait pas d’intéressés.
« Dans le cas théorique où aucun titre ne serait cédé, le maximum de postes permanents concernés (rédactions, fonctions support dédiées au titre et fonctions support transverses) serait de 240 pour le recentrage, d’une part, de 110 pour la réorganisation, d’autre part », a fait connaître la direction de l’entreprise.
Inquiets à sujet du futur de l’entreprise et de leur poste, les salariés de la société ont manifesté au nom de l’emploi leur opposition à toute cession, durant ces dernières semaines, afin d’obtenir plus d’informations de la part de la direction. «Cela fait maintenant 4 mois que des menaces pèsent sur les salariés, et nous n’avons toujours pas de réponses, ni l’ombre d’une réelle explication, ni la moindre communication interne», a déploré une intersyndicale rassemblant CGT, CFDT, FO, SUD et le SNJ.
Au total, à la fin 2012, Lagardère Active employait 3740 salariés dont 1102 journalistes.