Un conte moderne féérique et émouvant entre Emma Stone et Ryan Gosling, parfaits interprètes du 3e film de Damien Chazelle.
Dans la pluie de remake, de suites, d’adaptations de jeux vidéo ou de société, de biopic plus ou moins réaliste, Hollywood nous offre de temps en temps une petite perle originale qui nous rappelle tout le bien que le cinéma peut nous faire. La La Land fait définitivement partie de cette catégorie d’œuvres, un film original et soigné ne ressemblent qu’à lui-même aussi bien dans ses (nombreuses) qualités que dans ses (quelques) défauts. Mais qui se veut en même temps l’héritier de pans entiers de l’histoire du 7e Art.
Mais c’est quoi déjà… La La Land ? Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?
En l’occurrence, le film de Damien Chazelle (son 3e à seulement 31 ans) rend un hommage appuyé aux comédies musicales des années 50 et 60 : West Side Story, Chantons sous la Pluie ou encore Tous en Scène. Tout d’ailleurs dans ce Los Angeles de musique et de cinéma où Mia (Emma Stone) et Sebastian (Ryan Gosling) tentent de vivre leur passion nous laisse dans le flou d’une temporalité, qui pourrait tout autant être contemporaine des Gene Kelly, Fred Astaire et autres Cyd Charisse que se dérouler aujourd’hui. Et comme dans les Musicals les plus réussis, le cœur du film repose sur l’alchimie enthousiasmante de deux acteurs au meilleur de leur forme, aussi drôles que touchants. Emma Stone, tout en gouaille et en charme, est la partenaire parfaite d’un Ryan Gosling humble et irrésistible. Les deux acteurs méritent largement leur Golden Globe, autant pour leur personnages respectifs que pour leur duo. Autour d’eux, Chazelle construit un monde coloré et palpitant, écrin idéal à cet Hollywood de carte postale, au final pas si féérique que cela. Car, comme dans Whiplash, La La Land parle de la difficulté de concilier l’exercice de l’art, que ce soit la musique ou la comédie, et ses idéaux, ses valeurs, ses sentiments. Traité sous les apparats de la musique et de la danse, comédie musicale oblige, le sujet n’en reste pas moins très sérieux, là aussi subtilement joué par deux grands comédiens.
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Certains trouveront des défauts au film. Aussi excellents acteurs qu’ils sont, Stone et Gosling n’en sont pas pour autant des danseurs et chanteurs professionnels. Plus d’une fois on se rend compte que la voix est fragile, le pas de danse légèrement incertain. Mais on finira par se rendre compte que ce côté authentique, investi, travaillé fait entièrement partie du caractère de deux personnages qui s’accrochent l’un à l’autre face aux épreuves de la vie. La musique dynamique et classe du très talentueux John Legend créé une atmosphère idéale pour des scènes musicales enjouées et superbement éclairées.
Damien Chazelle déploie enfin de superbes idées de mise en scène pour faire de La La Land un tourbillon d’émotions, aussi beau que touchant et se faisant l’écrin de deux acteurs qui méritent largement de voir leur travail récompensé.
La La Land de Damien Chazelle – En salles le 25 janvier 2017