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L’après Charlie: ils ont encore des choses à dire

Un an, un mois, et quelques jours après la marche républicaine en l’honneur de la série d’attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, où en sont les survivants de Charlie Hebdo et comment le journal ainsi que le monde de la littérature rendent-ils hommage aux victimes du massacre ? Retour sur ces ouvrages, albums, lettres ouvertes et autres coups de gueule qui expriment à leur manière peurs, deuil, respect et amour aux victimes et à la liberté d’expression qui ont été blessées.

Les attentats n’ont pas brisé Charlie, ni sa plume. En effet, dès le 29 octobre 2015, l’Hebdo publiait la compilation « Tout est pardonné », en référence à la une du n°1178 du journal, paru le mercredi 14 Janvier 2015 et surnommé « numéro des survivants ». L’ouvrage, « à la mémoire de Bernard, Cabu, Charb, Elsa, Franck, Honoré, Michel, Mustapha, Tignous, Wolinski, et à toutes les victimes des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 » s’organise en différents chapitres thématiques et centrés sur les figures emblématiques de l’Hebdo telles que Wolinski, Honoré, Tignous, Charb, et Cabu. Les caricatures les plus virulentes, mais aussi les plus intemporelles, de ces derniers soulignent ici la diversité des thèmes soulevés par l’Hebdo, tout en nuances et en cynisme lucide.

illustrations tirées de la compilation "Tout est pardonné", Charlie Hebdo

illustrations tirées de la compilation « Tout est pardonné », Charlie Hebdo

Peu après, le 10 novembre 2015, paraissait également aux éditions du Cherche Midi un album regroupant 300 dessins de Cabu, autre caricaturiste de Charlie Hebdo mort le 7 janvier lors de la tuerie dans les bureaux du journal.  L’album, « Toujours aussi con », s’intitule ainsi, selon l’éditeur, pour cette simple raison : « Pour chaque dessin, Cabu faisait son marché sur l’inépuisable planète des cons. Politiciens, militaires, religieux de toutes confessions, affairistes, etc. : personne n’échappait à son attention. Bien des cons attendaient avec impatience d’être distingués par Cabu. » L’œuvre regroupe des dessins « toujours d’actualité » et s’applique ainsi à mettre en lumière le caractère intemporel des caricatures mordantes de Cabu.

à lire aussi: On a lu pour vous: les murmures de Christiane Taubira et Ces écrivains qui racontent le terrorisme (1/2)  

Il y a aussi eu Catharsis, l’album de Luz paru aux Editons Futuropolis le 21 mai 2015 explore de manière très personnelle les conséquences directes des attentats, racontées par Luz par le biais de petites histoires du quotidien qui mettent en mots aussi bien qu’en image le traumatisme, la culpabilité mais aussi la vie qui continue et la volonté de reprendre le dessus. Catharsis, c’est l’ouvrage thérapeutique de Luz, sa méthode pour renouer avec le dessin après avoir quitté le journal comme il l’explique dans une interview au webzine Slate le 20 Mai 2015: « Putain, il y a quelque chose de baisé dans ma tête et c’est le dessin qui m’aide à le comprendre».

D’autres ont également pris la plume pour décrire les horreurs vécues. Philippe Lançon notamment, chroniqueur pour Charlie et rescapé des attentats, fût l’un des premiers à s’exprimer dans le journal Libération le 13 Janvier 2015 dans une longue lettre écrite de son lit d’hôpital dans laquelle il laisse apparaître les lourdes séquelles physiques et psychologiques qu’ont laissé derrière elles les balles du 7 janvier : « Il me faudra un peu de temps et de rééducation pour arriver à rire, la mâchoire est plus fragile que le cœur, mais j’y parviendrai, et ce sera parmi vous, mes collègues, mes compagnons, mes lecteurs et relecteurs, mes amis. » Laurent Léger, grand reporter, mais également grand rescapé de Charlie avait quant à lui accordé une interview à Europe 1 pour livrer son ressenti.

à gauche, Laurent Léger et à droite philippe Lançon, survivants des attentats à Charlie Hebdo.

à gauche, Laurent Léger et à droite Philippe Lançon, survivants des attentats à Charlie Hebdo.

Enfin, comment oublier la lettre d’Elsa Wolinski, fille de Georges Wolinski, caricaturiste de Charlie Hebdo, diffusée quelques jours après les attentats dans le magazine Elle et intitulée « Papa, t’es là ? » Cette lettre très personnelle, ce sont les derniers mots de la fille à son père disparu subitement : « Tout le monde t’imagine dans le ciel, avec des filles à poil, en train de te marrer. Mais, moi, je sais ce que tu fais. T’as dû demander un stylo pour te dessiner une table, des feuilles et une lampe. »

Toutes ces œuvres, tous ces hommes et femmes ont tenté de rendre hommage et de se relever tant bien que mal après ces instants, ces jours, ces semaines de violence sans pareil pour eux. Les mots et les dessins, les lettres ou les livres, tous les moyens sont bons pour exorciser les peurs, la colère et la tristesse. L’incompréhension elle, ne s’en ira pas.

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