Le cinéaste Roman Polanski transpose son propre film au Théâtre Mogador, mais survivra t-il toute une saison sans se casser les dents?
Créé à Vienne en 1997, la comédie musicale, tirée du film de Roman Polanski « Le bal des Vampires » (1967), arrive à Paris. Le réalisateur, qui signe la mise en scène, a conservé la trame de son long-métrage fantastique et parodique, mais, peut-être pour se mettre au goût du jour français, il en a trop occulté le mordant et l’ironie.
Le professeur Abronsius (David Alexis vieilli à souhait) part en Transylvanie avec Alfred, son fidèle et pleutre assistant, à la recherche des vampires (Daniele Carta Mantiglia succède à Roman Polanski). Cet excentrique qui ne jure que par la logique et la science tient à prouver l’existence des suceurs de sang. Alfred s’éprend de Sarah, la fille de l’aubergiste qui les accueille. Elle-même est sur le point de céder aux avances du terrible comte Von Krolock.
Produit par le géant européen de la comédie musicale, le groupe Stage Entertainment (La Belle et la Bête, Le roi Lion ,…), ce spectacle bénéficie de costumes chatoyants. Mais ce sont surtout ses décors spectaculaires qui marquent. La chaumière tourne sur elle-même, le cimetière avec ses nombreux cercueils se renverse: ces décors changent en quelques secondes sous nos yeux. Le château où se donne le fameux bal des vampires est reconstitué en 3D. La chorégraphie de Dennis Callahan est enlevée et pleine d’énergie. Les artistes, entre 30 et 40, réalisent des prouesses discutables sur le plan vocale et scénique. Roman Polanski s’amuse et, parfois, amuse. Le fils du comte Von Krolock traîne, il a du «temps à tuer». L’aubergiste qui se transforme en vampire juif promet de devenir végétarien. Même pas peur!
Le comte Von Krolock prend ici un coup de jeune. Incarné par Stéphane Métro, élancé, longs et raides cheveux grisonnants, façon Francis Lalanne, il a perdu son aspect terrifiant. Vêtu de noir sous une cape doublée en violet, il a une allure gothique et plutôt sexy pour le personnage.
Deux pointures dans le monde du musical, Michael Kunze, auteur du livret, et Jim Steinman, de la bande sonore, promettaient des sommets. Pourtant, est-ce la traduction où l’idée d’un certain sens de l’humour français auquel les auteurs se sont efforcés de s’adapter, les dialogues sont souvent sous la ceinture et tombent dans la mièvrerie. «On dit qu’il y a un bal des vampires dans le coin», demande Alfred au fils du comte. Homosexuel assumé, ce dernier lui répond: «Tu as un joli popotin.»
Les mélodies de chansons connues ne contribuent pas à les améliorer, au contraire: «Tu me laisses à genoux quand tu fais s’éclipser mon cœur», chante Sarah au son de Total Eclipse of the Heart, de Bonnie Tyler. Cette mélodie revient trop souvent et sans que cela soit forcément justifié. Cela finit par déranger. Enfin, on ne saisit pas toujours les paroles écrasées par la musique. De nombreuses fausses notes sont à déplorer.
Théâtre Mogador, 25 rue de Mogador (Paris IXe). Tél.:01 53 33 45 30 ou baldesvampires.fr. Durée: 2h40 entracte compris. De 25 à 105€.